Article en vietnamien:
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Le 12 Avril 2014.
Contenu
I. Introduction
II. Terminologie
1. Le nom “agapê” (amour), 7 fois
2. Le verbe “agapaô” (aimer), 37
fois
3. Le nom “philos” (ami), 6 fois
4. Le verbe “phileô” (aimer d’amitié), 13
fois
III. Le sens des
verbes “agapaô” et “phileô”
IV. L’amour
produit la vie
1. Dieu aime le monde-humanité (1 fois:
3,16)
2. Le Père aime Jésus (8 fois)
3. Jésus aime son Père (2 fois: 14,31;
15,10b)
4. Jésus aime ses disciples (10 fois)
5. Le Père aime les disciples (4
fois)
6. Les disciples aiment Jésus (8 fois)
7. Simon-Pierre aime Jésus (7 fois)
8. Jésus aime Marthe, Marie et Lazare (4
fois)
9. Le disciple que Jésus aimait (5 fois)
10. Les disciples s’aiment les uns les
autres (5 fois)
V. L’amour
conduit à la perte
1. Aimer les ténèbres (1 fois: 3,19)
2. Aimer la gloire des hommes (1 fois:
12,43)
3. Aimer sa vie (1 fois: 12,25)
4. Aimer son bien (1 fois: 15,19)
VI. Ne pas aimer,
ne pas avoir de l’amour
1. Ne pas aimer Jésus (2 fois: 8,42; 13,24)
2. Ne pas avoir de l’amour de Dieu (1 fois:
5,42)
VII. Les amis
1. Les amis de Jésus (4 fois)
2. Jean le Baptiste, l’ami de l’époux (1 fois: 3,29)
3. L’ami de César (1 fois: 19,12)
VIII. Conclusion
(Voir le classement des 63 occurrences du
thème de l’amour)
I. Introduction
L’Évangile de
Jean utilise des noms et des verbes pour présenter le thème de l’amour (le nom:
agapê, le verbe: agapaô) et de l’amitié (le nom: philos, le verbe: phileô). Cet
article observe dans le détail l’usage de ces termes. D’abord, nous indiquons les
endroits où ces mots apparaissent, ensuite nous étudions le sens des deux
verbes “agapaô” (aimer) et “phileô” (aimer d’amitié), enfin nous présentons toutes
les relations d’amour et d’amitié dans l’Évangile.
Ces relations peuvent
être classées en quatre catégories: (I) L’amour produit la vie, (II) L’amour
conduit à la perte, (III) Ne pas aimer, ne pas avoir de l’amour, et (IV) Les
amis. Ainsi, dans l’Évangile de Jean, l’amour a un sens positif et un sens
négatif.
II. Terminologie
L’Évangile de
Jean utilise quatre termes pour présenter le thème de l’amour et de l’amitié: (1)
Le nom “agapê” (amour); (2) Le verbe “agapaô” (aimer); (3) Le nom “philos” (ami);
(4) Le verbe “phileô” (aimer d’amitié). L’observation de ces termes nous aide à
comprendre la théologie de l’Évangile sur ce sujet.
1. Le
nom “agapê” (amour), 7 fois
Le nom “agapê”
(amour) apparaît 7 fois dans l’Évangile de Jean en 5,42; 13,35;
15,9.10a.10b.13; 17,26. Dans la première partie de l’Évangile (Jn 1–12), il
existe une seule occurrence en 5,42. Les 6 autres occurrences se trouvent en Jn
13–17. Le nom “agapê” figure une deuxième fois en 13,35. En 15,9-13, il y a 4 fois ce terme (15,
9.10a.10b.13) dont 3 fois l’expression “demeurer dans l’amour” (15,9.10a.10b). La parole importante de Jésus
adressée à ses disciples en 15,13: “Nul n’a plus grand amour (agapên) que
celui-ci: déposer sa vie pour ses amis” est une définition de son amour. La
dernière utilisation du terme
“agapê” se trouve en 17,26. (Les citations sont prises dans la Bible de Jérusalem, 2000).
2. Le verbe “agapaô” (aimer), 37 fois
Le verbe “agapaô”
apparaît en 37 occurrences dont:
+ Jn 1–12: 7
fois, dont 5 un sens positif (3,16.35; 8,42; 10,17; 11,5) et 2 avec un sens négatif (3,19; 12,43).
+ Jn 13–17: 25
fois:
- Ch. 13: 6 fois: 13,1a.1b; 13,23; 13,34a.34b.34c.
- Ch. 14: 10 fois
en 14,15-31:
14,15.21a.21b.21c.21d.23a.23b.24.28.31.
- Ch 15:
5 fois en 15,9-17: 15,9a.9b.12a.12b.17.
- Ch. 16: ce verbe n’existe pas.
- Ch. 17: 4 fois en 17,23-26: 17,23a.23b.24.26.
+ Jn 18–21: 5 fois, dans lesquelles, 3 fois désignent le
disciple que Jésus aimait (19,26; 21,7.20), et 2 fois dans la question de Jésus à Simon-Pierre:
“Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (agapais)?” (21,15-16).
En résumé, le nom “agapê” et le verbe “agapaô” apparaissent un grand nombre de fois dans
Jn 13–17, concentrés dans quatre passages:
- 13,34-35: 3 fois “agapaô”, 1 fois “agapê”.
- 14,15-31: 10 fois “agapaô”.
- 15,9-17: 5 fois “agapaô”, 4 fois “agapê”.
- 17,23-26: 4 fois “agapaô”, 1 fois “agapê”.
3. Le nom “philos” (ami), 6 fois
Le nom “philos” est employé 6 fois:
- 3,29: Jean
Baptiste est l’ami de l’époux.
- 11,11: Lazare
est l’ami de Jésus et de ses disciples.
- 15,13.14.15: Les
disciples sont les amis de Jésus.
- 19,12: L’ami
de César.
4. Le
verbe “phileô” (aimer d’amitié), 13 fois
Le verbe “phileô”
apparaît en 13 occurrences:
- 11 fois ont un
sens positif: 5,20; 11,3.36; 16,27a.27b; 20,2; 21,15.16.17a.17b.17c (5 fois en
21,15-17).
- 2 fois ont un
sens négatif: 12,25 (aimer sa vie) et 15,19 (aimer son bien).
Le verbe “phileô”
qui a la même racine que le nom “philos” (ami) a le sens d’“aimer” en tant
qu’ami. La Bible de Jérusalem traduit les verbes “phileô” et “agapaô” par le
même verbe en français: “aimer”.
En conclusion, les noms: “agapê” (7 fois),
“philos” (6 fois) et les verbes: “agapaô” (37 fois), “phileô” (13 fois) sont
des mots clés pour construire le thème de l’amour et de l’amitié.
III. Le sens des verbes “agapaô” et “phileô”
Dans l’Évangile
de Jean, il existe une ressemblance dans l’usage des verbes “agapaô” et
“phileô”. Voici trois remarques:
(1) L’amour du
Père pour Jésus est exprimé par le verbe “phileô” en 5,20, Jésus dit aux Juifs:
“Le Père aime (philei) le Fils et lui montre tout ce qu’il fait” (5,20a). En
10,17, Jésus utilise le verbe “agapaô” quand il dit aux Pharisiens: “C’est
pour cela que le Père m’aime (agapâi), parce que je dépose ma vie,
pour la reprendre.” Une seule fois dans l’Évangile, le verbe “phileô” est
utilisé pour exprimer l’amour du Père pour Jésus, tandis que les autres passages
utilisent le verbe “agapaô”. En 16,27b, l’amour des disciples pour Jésus est
exprimé par le verbe “phileô”,
tandis qu’en 14,15.21.23.28, le verbe “agapaô” est utilisé. L’amour du Père
pour les disciples de Jésus est exprimé par le verbe “phileô” en 16,27a et le
verbe “agapaô” en 14,21.
(2) Dans le dialogue entre Jésus et Simon-Pierre en
21,15-17, il semble qu’il n’y ait pas de différence entre les verbes “phileô” et
“agapaô”. Le narrateur relate en 21,17b: “Pierre fut
peiné de ce qu’il [Jésus] lui eût dit pour la troisième fois: “M’aimes-tu?
(phileis).” C’est le verbe “phileô” en 21,17b, mais les deux premières
fois, Jésus utilise le verbe “agapaô”. Seulement la troisième fois, Jésus
emploie le verbe “phileô”, il dit à Simon-Pierre: “Simon, fils de
Jean, m’aimes-tu (phileis)?” (12,17a) Apparemment, les verbes “phileô” et “agapaô” dans les trois questions de Jésus à Pierre en 21,15.16.17 ont le même
sens.
(3) Dans
l’appellation “le disciple que Jésus aimait”, l’auteur utilise les deux verbes:
“agapaô” en 13,23;
19,26; 21,7.20 (4 fois) et “phileô” en
20,2 (1 fois).
Ces trois
remarques montrent que le verbe “phileô” est aussi important que le verbe
“agapaô”, bien que “phileô” (13 fois) soit moins utilisé qu’“agapaô” (37 fois).
Cela pose quelques questions: Peut-on considérer que les verbes “agapaô” et
“phileô” sont synonymes et sont-ils interchangeables? Y a-t-il une nuance de
sens entre ces deux verbes?
Certains auteurs considèrent
qu’il y a une distinction entre les verbes “agapaô” et “phileô”. (Voir les différentes
positions des auteurs dans N. LAZURE,
Les valeurs morales de la théologie
johannique, (Évangile et Épîtres),
(EtB), Paris, Librairie Lecoffre - Gabalda, 1965, n. 11-12, p. 215). Par exemple, C. Spicq écrit: “Alors que
agapan s’emploie surtout d’un amour descendant de Dieu au Christ et aux hommes,
ou ascendant de ceux-ci à Dieu, philein met l’aimant et l’aimé sur un pied
d’égalité, nivelle des disproportions.” (C. SPICQ, Agapè dans le Nouveau Testament, analyse des textes III, Paris,
Gabalda, 1959, p. 220). Ce propos semble ne pas correspondre à l’usage du verbe
“phileô” dans l’Évangile de Jean. Car, l’amour d’amitié du Père pour Jésus (5,20)
et pour les disciples (16,27) exprimé par le verbe “phileô” ne met pas “l’aimant
et l’aimé sur un pied d’égalité”, ne “nivelle” pas “des disproportions” comme
le propos de C. Spicq.
Certains autres considèrent que dans l’Évangile de Jean les
verbes “agapaô” et “phileô” sont synonymes ou
interchangeables. C’est la
position de J. H. Bernard, R. Bultmann, và C. K. Barrett (cf. R. E. BROWN, The Gospel according to John, vol. I, 1966, p. 498). Selon C. S. Kenner:
“Sémantiquement, ils [“agapaô”
et “phileô”] sont plus ou moins
interchangeables.” (C. S.
KEENER, The Gospel of John, (2
volumes), Peabody (MA), Hendrickson Publishers, 2003, n. 159, p. 1004). Pour
N. Lazure, “Il s’agit d’un procédé littéraire visant à éviter la répétition
d’un même terme et les deux verbes ont une même acception.” (N. LAZURE, Les valeurs morales de la théologie
johannique, 1965, p. 215). G. Stählin remarque: “Seul l’évangile de Jean,
avec 13 des 25 références du Nouveau Testament, fait un usage plus nettement
théologique de phileô accompagné de son presque synonyme agapaô.” (G. STÄHLIN, art. “phileô, philos”,
in TDNT, vol. IX, 1974, p. 128).
Selon nous, les interprétations ci-dessus semblent ne pas mettre
en valeur l’importance du thème “philos” (ami) en 15,13-15, ainsi que la visée
théologique de l’usage du verbe “phileô” dans l’Évangile de Jean. Nous pensons
qu’il ne s’agit pas d’un hasard ou d’un désir d’éviter une répétition que le verbe
“phileô” est utilisé. Au contraire, le nom “philos” et le verbe “phileô” peuvent
tenir une place importante dans la construction théologique du thème de l’amour
(agapaô, agapê). Les quatre remarques ci-dessous permettent d’avancer dans
cette direction:
(1) La relation de l’amour exprimée par les termes “phileô” et “philos” est aussi importante que celle
exprimée par les termes “agapaô” et “agapê”. C’est-à-dire que les termes “phileô” et “philos” complètent, éclairent et orientent
le sens théologique des termes “agapaô” et “agapê”.
(2) L’usage en parallèle de “phileô” et “agapaô” permet de
comprendre le thème de l’amour (agapaô,
agapê) dans le sens d’aimer d’amitié
(phileô, philos)
plutôt que dans les autres figures de l’amour comme l’amour conjugal ou l’amour
familial. En effet, dans l’amour conjugal, le mari et la femme sont liés par la
promesse d’aimer et de vivre ensemble. Dans l’amour familial, les enfants ne
peuvent pas cesser d’être enfants. Les parents ne peuvent pas nier le statut de
parents quand ils ont des enfants. De même les frères et sœurs dans une famille
ne peuvent que constater le lien de sang entre
eux. Par contre, l’amour dans le sens d’aimer d’amitié met en relief la liberté
de l’homme dans la décision de suivre Jésus ou non. Être un disciple de Jésus
est un choix quotidien, parce qu’à tout moment un disciple peut décider de cesser
d’être disciple de Jésus comme il est arrivé en Jn 6,66. La décision des Douze
de rester avec Jésus (6,67-68) est
aussi un choix entièrement libre de leur part. Parce que devenir le disciple de
Jésus, par essence, est un choix d’engagement dans la liberté. Jésus n’oblige personne
à le suivre et il ne contraint personne non plus à rester avec lui. Mais il
invite sans cesse tout le monde à croire en lui et à tenir ferme dans la foi
pour vivre la vie éternelle.
(3) L’amour dans
le sens d’aimer d’amitié correspond au titre “l’ami de Dieu” dans la
tradition vétérotestamentaire (Is 41,8; 2Ch 20,7; Ex 33,11, Jc 2,23). Dans l’Évangile
de Jean, l’amitié en 15,14-15 est inséparable de l’amour qui précède en
15,9-13. La condition pour devenir ami de Jésus est de “faire ce que Jésus commande”
(15,14) et de “demeurer dans son amour” (15,9-10). Le thème de “l’ami de Jésus”
dans l’Évangile de Jean est à la fois renvoyé au thème de “l’ami de Dieu” dans
l’Ancien Testament et lié au thème de “l’amour” dans le Nouveau Testament.
(4) Le statut de “être ami de Jésus” a marqué une nouvelle
relation entre Jésus et ses disciples, en même temps il indique une nouvelle
étape de la transmission de la révélation. Jésus dit à ses disciples en 15,15: “Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis (philous), parce que tout ce que
j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.”
Nous pouvons conclure que les positions qui considèrent que (1)
les deux verbes “agapaô” et “phileô”
sont synonymes, interchangeables ou (2) le verbe “phileô”
exprime un amour inférieur à l’“agapaô” atténuent l’originalité du thème de
“l‘amour” dans l’Évangile de Jean. Selon notre interprétation, les verbes “agapaô”
et “phileô” ne sont pas synonymes et interchangeables, mais ils expriment les différents aspects de l’amour.
Ces verbes sont importants et ils se complètent. Le thème de l’amitié éclaire
le sens du thème de l’amour. L’amour dans le sens de l’amitié met en valeur la
liberté de l’homme dans le choix de suivre Jésus. Dans cette perspective, le thème
de l’amitié (philos, phileô) est une contribution importante à la théologie
johannique. La partie suivante analyse les relations d’amour (agapaô, agapê) et
d’amitié (phileô, philos).
IV. L’amour produit la vie
Cette partie
principale présente le sens positif de l’amour et de l’amitié. Cet amour qui
produit la vie figure dans ces dix relations: (1) Dieu aime le monde-humanité,
(2) Le Père aime Jésus, (3) Jésus aime son Père, (4) Jésus aime ses disciples,
(5) Le Père aime les disciples, (6) Les disciples aiment Jésus, (7) Simon-Pierre
aime Jésus, (8) Jésus aime Marthe, Marie et Lazare, (9) Le disciple que Jésus
aimait, et (10) Les disciples s’aiment les uns les autres.
1. Dieu aime
le monde-humanité (1 fois: 3,16)
L’amour de Dieu
pour le monde-humanité apparaît une seule fois en 3,16 exprimé par le verbe
“agapaô” mais cet amour possède une importance particulière. Voir les sens du
terme “monde” dans l’article: “Le
monde (kosmos) dans l’Évangile de Jean.” Jésus déclare en 3,16: “Dieu
a tant aimé (êgapêsen) le monde (kosmon)
qu’il a donné son Fils, l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en
lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle.” “Le monde” (kosmos) dans ce verset est l’objet du grand amour de Dieu. C’est
le monde humain qui inclut tout homme dans le temps et l’espace sans exception.
Dieu manifeste
son grand amour pour l’humanité en donnant son Fils, l’Unique-Engendré,
à tout homme. Cet amour offre à l’humanité la vraie vie: la vie éternelle. Tout
le monde est invité à accueillir l’amour de Dieu, à savoir croire en son Fils
pour ne pas se perdre. “Croire en Jésus” est la réponse au grand amour de Dieu.
En effet, selon la théologie johannique, “croire” veut dire entrer dans une
relation d’amour avec Jésus et à travers lui, le croyant reçoit l’amour de Dieu
et jouit de la vie éternelle dès maintenant.
La révélation de
Jésus en 3,16 résume sa mission dans l’Évangile. La première conclusion de
l’Évangile (20,30-31) rappelle l’invitation à croire en 3,16. L’auteur conclut
son Évangile en 20,30-31: “30 Jésus a fait sous les yeux de ses
disciples encore beaucoup d’autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce
livre. 31 Ceux-là ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le
Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom.” L’Évangile est écrit pour que le grand
amour de Dieu puisse parvenir aux hommes par leur foi en Jésus. Ainsi les
croyants peuvent vivre leur vie en abondance.
2. Le
Père aime Jésus (8 fois)
L’amour du Père
pour Jésus est présenté 8 fois en ces termes: le verbe “agapaô” (6 fois: 3,35;
10,17; 15,9a; 17,23b.24.26b), le verbe “phileô” (1 fois: 5,20) et le nom
“agapê” (1 fois: 17,26a).
D’abord, l’Évangile
présente l’amour du Père pour le Fils (houis). Dans le discours de Jean le Baptiste
(3,31-36) sur la mission de Jésus, Jean dit en 3,35: “Le Père aime le
Fils (ho patêr agapâi ton
huion) et a tout remis dans sa main.” En 5,20, Jésus affirme cela en disant aux Juifs en 5,19b-20: “19b En
vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même,
qu’il ne le voie faire au Père; ce que fait celui-ci, le Fils le fait
pareillement. 20 Car le Père aime le Fils (ho gar patêr philei ton huion), et lui montre tout ce qu’il fait;
et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, à vous en stupéfier.” Dans le v. 20, Jésus utilise le verbe
“phileô”, tandis qu’en 3,35, Jean le Baptiste utilise le verbe “agapaô”.
Ensuite, l’amour
du Père pour Jésus se manifeste à travers le pouvoir de Jésus sur sa propre
mort. Jésus dit aux Pharisiens en 10,17-18: “17 c’est pour cela que le
Père m’aime (me ho patêr agapâi),
parce que je dépose ma vie, pour la reprendre. 18 Personne ne me l’enlève; mais
je la dépose de moi-même. J’ai pouvoir de la déposer et j’ai pouvoir de la
reprendre; tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père.”
Enfin, en Jn
13–17, Jésus parle à ses disciples de l’amour de son Père pour lui en 15,9,
puis Jésus exprime son amour pour ses disciples: “Comme le Père m’a aimé
(kathos êgapêsen me ho patêr),
moi aussi je vous ai aimés (kagô
humas êgapêsa). Demeurez en mon amour (meinate têi agapêi têi emêi)”
(15,9). Dans le ch. 17, Jésus parle à son Père trois fois de l’amour que son
Père a pour lui (17,23.24.26). Il dit à son Père en 17,22-23: “22 Je
leur [les disciples] ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient
un comme nous sommes un: 23 moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient
parfaits dans l’unité, et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu
les as aimés (êgapêsas autous) comme
tu m’as aimé (kathos eme êgapêsas).” Ainsi, l’amour du Père pour les
disciples est le même amour que celui dont le Père aime Jésus.
En 17,24, Jésus
affirme que son Père l’a aimé avant la fondation du monde, il lui dit:
“Père, ceux que tu m’as donnés [les disciples], je veux que là où je suis, eux
aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée
parce que tu m’as aimé (êgapêsas me)
avant la fondation du monde” (17,24). À la fin du ch. 17 (17,26), Jésus
veut que l’amour du Père pour lui demeure dans les disciples en tout temps.
Voici la dernière parole que Jésus adresse à son Père: “Je leur [les disciples]
ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l’amour dont
tu m’as aimé (hê agapê hên êgapêsas
me) soit en eux et moi en eux” (17,26).
En bref, Jean le Baptiste parle de l’amour du Père (patêr) pour le Fils (houis), qui est Jésus (3,35). Jésus le
réaffirme aux Juifs en 5,20. En 10,17, Jésus dit aux Pharisiens: “Le Père
m’aime”. Dans les discours d’adieu, Jésus dit aux disciples: “Le Père m’a aimé”
(15,9a). Le Père aime les disciples du même amour qu’il a pour Jésus (17,23).
Jésus possède l’amour du Père “avant la fondation du monde” (17,24). Enfin,
Jésus souhaite que l’amour du Père pour lui (17,26a.26b) demeure chez ses disciples.
3. Jésus
aime son Père (2 fois: 14,31; 15,10b)
L’amour de Jésus
pour son Père apparaît en 2 occurrences en 14,31a (le verbe: agapaô) et 15,10b
(le nom: agapê). En 14,31, la Passion de Jésus est l’heure où il manifeste son
amour pour le Père et aussi le moment où il accomplit sa mission en tant qu’Envoyé
du Père. Jésus dit aux disciples en 14,30-31: “30 Je ne m’entretiendrai
plus beaucoup avec vous, car il vient, le Prince de ce monde; sur moi il n’a
aucun pouvoir, 31 mais il faut que le monde reconnaisse que j’aime le Père (agapô ton patera) et que je fais
comme le Père m’a commandé. Levez-vous! Partons d’ici!”
En 15,10, Jésus
utilise l’expression: “Demeurer dans l’amour du Père.” Cette phrase parle à la
fois de l’amour du Père pour Jésus et de la réponse de Jésus par son amour pour
le Père. Jésus dit à ses disciples en 15,10: “Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez en mon amour (meneite en têi agapêi), comme moi j’ai gardé
les commandements de mon Père et je demeure en son amour (menô en têi agapêi).”
Dans ces deux
occurrences (14,31; 15,10b), Jésus dit aux disciples qu’il aime le Père. Jésus
manifeste cet amour en deux volets: le premier est sa fidélité à la mission jusqu’au
bout, jusqu’à la mort (14,31). Le deuxième est qu’il “demeure dans l’amour du
Père” (15,10) et qu’il partage cet amour avec ses disciples (15,9).
4. Jésus
aime ses disciples (10 fois)
L’amour de Jésus
pour ses disciples est abordé 10 fois en ces termes: le nom “agapê” (1 fois:
15,13), le verbe “agapaô” (6 fois 13,1a.1b.34b; 14,21d; 15,9b.12b), le nom
“philos” (3 fois: 15,13.14.15).
Le grand amour de
Jésus pour ses disciples est défini en 15,13, il leur dit: “Nul n’a plus grand
amour (agapên) que celui-ci:
déposer sa vie pour ses amis.”
Auparavant, Jésus dit à ses disciples en 15,9: “Comme le Père m’a aimé (kathos êgapêsen me ho patêr), moi
aussi je vous ai aimés (kagô humas
êgapêsa). Demeurez en mon amour (meinate têi agapêi têi emêi).”
Ainsi, l’amour de Jésus pour ses disciples prend sa source dans l’amour du Père
pour lui.
Selon la
théologie johannique, dans sa Passion, Jésus va vers le Père. Dans cet
événement, Jésus révèle son amour à son Père (14,31) et à ses disciples (13,1).
Les discours d’adieu s’ouvrent de manière solennelle en 13,1: “Avant la
fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce
monde vers le Père, ayant aimé (agapêsas)
les siens qui étaient dans le monde, les aima (êgapêsen) jusqu’à la fin.” Dans ce verset, 2 fois le verbe “agapaô” exprime
la fidélité et la persévérance de Jésus dans son amour. Il a aimé ses
disciples, il les aime, et il les aimera jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à déposer
sa vie pour ses disciples.
Pour devenir
l’aimé de Jésus, le disciple est invité à “avoir ses commandements et les
garder” (14,21a), c’est-à-dire à comprendre l’enseigment de Jésus et à le mettre
en pratique. Ce n’est pas une pratique obligatoire sous la contrainte mais le
fait de “garder les commandements de Jésus” est une manifestation de l’amour du
disciple à son Maître. Celui qui vit ainsi sera l’aimé du Père et l’aimé de
Jésus comme il dit aux disciples en 14,21: “Celui qui a mes
commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime (ho agapôn); or celui qui m’aime (ho de agapôn) sera aimé (agapêthêsetai) de mon Père; et je
l’aimerai (agapêsô) et je me
manifesterai à lui.” L’amour de
Jésus pour ses disciples est le fondement et le modèle de l’amour mutuel des
disciples. Le contenu du commandement de l’amour que Jésus donne aux disciples est
ainsi exprimé clairement: “Vous
[les disciples] aimer les uns les autres (hina agapate allêlous) comme je [Jésus] vous ai aimés (êgapêsa)” (13,34; 15,12).
L’amour de Jésus
pour ses disciples est également exprimé par sa relation d’amitié avec eux. Parce que Jésus aime ses disciples,
il les fait donc devenir ses amis. Jésus lie l’amour à l’amitié et définit ainsi
“l’ami de Jésus” en 15,13-15: “13 Nul n’a plus grand amour (agapên) que celui-ci: déposer sa
vie pour ses amis (tôn philôn).
14 Vous êtes mes amis (philoi),
si vous faites ce que je vous commande. 15 Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis (philous), parce que tout ce que
j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.” Le fait de devenir les amis de Jésus demande un
engagement des deux côtés: Du côté des disciples, ils font ce que Jésus leur
commande (15,14), c’est-à-dire comprendre ce que Jésus leur a enseignés et le mettre
en pratique. Du côté de Jésus, il révèle son grand amour en donnant sa vie pour
eux (15,13) et fait connaître aux disciples toute la révélation qu’il a entendue
auprès de son Père (15,15b).
En conclusion,
Jésus aime ses disciples du même amour dont le Père l’aime (15,9). C’est un amour
qui va jusqu’au bout (13,1a.1b), jusqu’à déposer sa vie pour ses amis (15,13).
Pour accueillir l’amour de Jésus, les disciples sont invités à aimer Jésus et à
garder ses commandements (14,21). L’amour de Jésus pour ses disciples est l’essence
(la nature) même de l’amour mutuel entre les disciples (13,34; 15,12) et les fait
devenir ses amis (15,13.14.15).
5. Le Père aime les disciples (4 fois)
Le narrateur rapporte 4 fois l’amour du Père pour les
disciples par l’emploi des verbes “agapaô” (3 fois: 14,21c.23b;
17,23a) et “phileô” (1 fois: 16,27a).
Dans le passage 14,15-24, devenir l’aimé du Père est possible
à condition d’aimer Jésus et de garder ses commandements. Jésus dit à ses
disciples en 14,21.23a: “Celui qui a mes commandements et qui les garde,
c’est celui-là qui m’aime (ho
agapôn); or celui qui m’aime (ho de agapôn) sera aimé (agapêthêsetai) de mon Père; et je l’aimerai (agapêsô) et je me manifesterai à lui”
(14,21); “Si quelqu’un m’aime (agapai), il gardera ma parole, et mon Père l’aimera (agapêsei)” (14,23a). En
17,22-23, Jésus s’adresse à son Père: “22 Je leur [les disciples] ai
donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un:
23 moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient
parfaits dans l’unité, et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu
les as aimés (êgapêsas autous) comme
tu m’as aimé (kathos eme êgapêsas).”
En 16,27, l’amour
du Père pour les disciples exprimé par le verbe “phileô” est dans la même
logique qu’en 14,21.23: le Père aime les disciples parce qu’ils aiment Jésus.
Ce dernier dit aux disciples en 16,27: “Car le Père lui-même vous aime (philei), parce que vous m’aimez (pephilêkate) et que vous croyez
que je suis sorti d’auprès de Dieu.”
6. Les
disciples aiment Jésus (8 fois)
Le thème de “les disciples aiment Jésus” n’apparaît qu’en
Jn 14–16. Jésus parle aux disciples de ce sujet 8 fois en utilisant: le nom
“agapê” (2 fois: 15,9.10a), le verbe “agapaô” (5 fois: 14,15.21a.21b.23a.28) et le verbe “phileô” (1 fois: 16,27b).
L’invitation à aimer Jésus est toujours présentée avec les autres relations d’amour:
l’amour de Jésus pour ses disciples, l’amour du Père pour Jésus et pour les
disciples.
En 15,9, Jésus exhorte les disciples à demeurer dans son
amour, cela veut dire à entrer dans une relation d’amour avec lui. Jésus leur
dit en 15,9: “Comme le Père m’a aimé (kathos êgapêsen me ho patêr), moi aussi je vous ai aimés (kagô humas êgapêsa). Demeurez en
mon amour (meinate têi
agapêi têi emêi).” Jésus rappelle
cela en 15,10: “Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon
amour (meneite en têi
agapêi), comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et
je demeure en son amour (menô en têi
agapêi).” En 15,9-10, “demeurer dans l’amour de Jésus” est
une réponse à l’amour de Jésus pour ses disciples. L’amour réciproque entre
Jésus et ses disciples s’enracine dans l’amour du Père pour Jésus. Avec l’amour
mutuel entre les disciples dans le commandement de l’amour (13,34), il existe
une circulation d’amour entre les personnages: le Père, Jésus et les disciples.
C’est l’amour réciproque entre le Père et Jésus, entre Jésus et ses disciples
et entre les disciples.
En particulier,
dans la péricope 14,15-24, “aimer Jésus” est inséparable de “garder ses
commandements.” L’unité entre “aimer” et “garder” est le fondement de la vie du
disciple. Jésus le dit aux disciples plusieurs fois en 14,15.21.23: “15 Si vous m’aimez, vous
garderez mes commandements; 16 et je prierai le Père et il vous donnera un
autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais” (14,15-16); “Celui qui a mes
commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime; or celui qui m’aime
sera aimé de mon Père; et je l’aimerai et je me manifesterai à lui” (14,21); “Si quelqu’un m’aime, il
gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous
ferons une demeure chez lui”
(14,23). Ainsi “aimer Jésus et garder ses commandements” est l’un des sujets
importants, parce qu’il permet au disciple d’être aimé du Père et de Jésus, en
même temps il fait du disciple la demeure du Paraclet (14,16-17), de Jésus et
du Père (14,23).
En 14,28, “aimer
Jésus” produit la joie. Il dit à ses disciples: “Vous avez entendu que
je vous ai dit: Je m’en vais et je reviendrai vers vous. Si vous m’aimiez (ei êgapate), vous vous réjouiriez
de ce que je vais vers le Père, parce que le Père est plus grand que moi.” En 16,27, Jésus dit que ses disciples
l’aiment (phileô): “Le Père lui-même vous [les disciples] aime (philei), parce que vous m’aimez (pephilêkate) et que vous croyez
que je suis sorti d’auprès de Dieu” (16,27).
Ainsi, “aimer
Jésus” veut dire “demeurer dans son amour”
(15,9.10a) et “accueillir l’amour” du Père et de Jésus
(14,21a.21b.23b.16,27). Celui qui aime Jésus aura la véritable joie parce qu’il
connaît le sens de l’événement du retour de Jésus auprès du Père (14,28). En
particulier “aimer Jésus” est indissociable de “garder ses commandements” (14,15.21.23).
7. Simon-Pierre
aime Jésus (7 fois)
Après la
manifestation de Jésus ressuscité, sur le bord du lac de Tibériade, par le signe de la pêche surabondante
(21,1-14), trois fois Jésus interroge Simon-Pierre sur son amour pour lui. Dans
ce dialogue entre Jésus et Simon-Pierre (21,15-17), Jésus utilise 2 fois le
verbe “agapaô” (21,15.16) et 1
fois le verbe “phileô” (21,17a). Quant à Simon-Pierre, il répond à Jésus en
utilisant 3 fois le verbe “phileô” (21,15.16.17c) et il répète la troisième
question de Jésus (21,17a), dans laquelle Jésus utilise le verbe “phileô” (21,17b).
Ainsi le dialogue entre Jésus et Simon-Pierre (21,15-17) contient 2 fois le
verbe “agapaô” (21,15a.16a) et 5 fois le verbe “phileô”
(21,15b.16b.17a.17b.17c).
Le narrateur
relate en 21,15-17: “15 Quand ils [les disciples] eurent déjeuné, Jésus
dit à Simon-Pierre: “Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (agapais) plus
que ceux-ci?” Il lui répondit: “Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime (philô).”
Jésus lui dit: “Fais paître mes agneaux.” 16 Il lui dit à nouveau, une deuxième
fois: “Simon, fils de Jean, m’aimes-tu (agapais)?” – “Oui, Seigneur,
lui dit-il, tu sais que je t’aime (philô).” Jésus lui dit: “Sois le pasteur de
mes brebis.” 17 Il lui dit pour la troisième fois: “Simon, fils de Jean, m’aimes-tu
(phileis)?” Pierre fut peiné de ce qu’il lui eût dit pour la troisième fois:
“M’aimes-tu? (phileis)”, et il lui dit: “Seigneur, tu sais tout, tu sais bien
que je t’aime (philô).” Jésus lui dit: “Fais paître mes brebis.”
Le verbe “phileô”
dans ce passage fait allusion au thème de l’ami (philos) en 15,13-15 qui a la
même racine “phileô”. Quand Simon-Pierre aime (philei) Jésus, il entre dans une
relation d’amitié avec Jésus et il vit comme un ami de Jésus. Le statut d’ami
de Jésus implique trois choses: (1) reconnaître le grand amour de Jésus qui a déposé
sa vie pour ses amis (15,13), (2) faire ce que Jésus commande (15,14), (3) savoir
que Jésus a transmis la totalité de la révélation aux disciples (15,15b), il ne
faut pas la chercher ailleurs qu’en dehors de l’enseignement de Jésus.
Trois fois en
21,15-17, d’abord, Simon-Pierre confesse son amour et ensuite, Jésus lui confie
une mission: faire paître ses brebis. De cette manière, l’amour pour
Jésus est le fondement et la nature de la mission du pasteur. Si un pasteur
n’aime plus Jésus et ne se conduit plus comme son ami, il n’est plus digne
d’exercer la mission de pasteur. De plus, trois fois en 21,15-17, Jésus précise à Simon-Pierre:
“mes brebis”, ce ne sont pas les brebis de Simon-Pierre. Le propriétaire des
brebis est Jésus qui est le bon Pasteur et l’unique pasteur des brebis
(10,10-12). La tâche de faire paître les brebis de Jésus est confiée à
Simon-Pierre, il prend donc soin des brebis selon la volonté de Jésus et exerce
cette fonction par amour pour Jésus et par amour pour les brebis de ce dernier.
8. Jésus
aime Marthe, Marie et Lazare (4 fois)
L’amour de Jésus
pour la famille de Bethanie (Marthe, Marie et Lazare) est rapporté 4 fois dans Jn 11 par les verbes
“agapaô” (1 fois: 11,5), “phileô” (2 fois: 11,3.36) et le nom “philos” (1 lần:
11,11).
Le narrateur
relate en 11,5: “Jésus aimait (êgapa) Marthe et sa sœur et Lazare.” Lazare est appelé “celui que Jésus aime (philei)”, puisque les
deux sœurs envoyèrent quelqu’un pour dire à Jésus: “Seigneur, celui que tu aimes (phileis) est malade” (11,3b). Les Juifs qui “étaient venus auprès
de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère” (11,19)
confirment que Jésus aime Lazare, ils disent entre eux en 11,36: “Voyez comme
il [Jésus] l’aimait [Lazare]!” Quand Jésus parle de Lazare aux disciples en
11,11, il l’appelle “notre ami”: “Notre ami (ho philos êmôn) Lazare repose, leur dit-il; mais je vais aller le
réveiller.”
9. Le
disciple que Jésus aimait (5 fois)
L’appellation “le
disciple que Jésus aimait” apparaît 5 fois, dans lesquelles, les verbes
utilisés sont “agapaô” (4 fois: 13,23;
19,26; 21,7.20) et “phileô” (1 fois: 20,2). Le narrateur relate en
13,23: “Un de ses disciples était installé tout contre Jésus: celui que
Jésus aimait (êgapa)”, cf. 19,26;
21,7.20. En 20,1-2, Marie de Magdala vient au tombeau de Jésus et
aperçoit la pierre enlevée du tombeau, “Elle court alors et vient trouver
Simon-Pierre, ainsi que l’autre disciple, celui que Jésus aimait (ephilei), et elle leur dit: ‘On a enlevé
le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis.’” (20,2).
10. Les
disciples s’aiment les uns les autres (5 fois)
L’amour mutuel
entre les disciples est rapporté 5 fois. Cet amour est lié étroitement au commandement
de l’amour. Les termes utilisés sont le verbe “agapaô” (4 fois: 13,34a.34c;
15,12a.17) et le nom “agapê” (1 fois: 13,35). Jésus dit à ses disciples en
13,34-35: “34 Je vous donne un commandement nouveau: vous aimer les uns
les autres (hina agapate allêlous);
comme je vous ai aimés (êgapêsa),
aimez-vous les uns les autres (agapate
allêlous). 35 À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si
vous avez de l’amour (agapên) les uns
pour les autres.” En 15,12.17, Jésus redit ce commandement aux disciples:
“Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres (hina agapate allêlous) comme je vous ai
aimés (êgapêsa)” (15,12); “Ce
que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres (hina agapate allêlous)” (15,17).
L’amour de Dieu,
de Jésus et des disciples forme une circulation d’amour entre ces personnages
(voir l’analyse plus haut). En particulier, le commandement de l’amour en
13,34; 15,12 est un commandement nouveau, le commandement de Jésus qui l’a
donné aux disciples. Ce commandement est réservé aux disciples de Jésus (les
croyants) puisqu’ils s’aiment les uns les autres par le même amour dont Jésus
les a aimés. Pour vivre ce commandement, il est nécessaire que les disciples se
réfèrent sans cesse à l’amour de Jésus et qu’ils placent leur amour mutuel sur
le fondement du grand amour de Jésus pour eux (15,13). (Voir l’article: “Trois
commandements d’amour dans la Bible”).
V. L’amour conduit à la perte
Il existe quatre
types d’amour qui conduisent à la perte, à la mort: (1) Aimer les ténèbres (3,19),
(2) Aimer la gloire des hommes (12,43), (3) Aimer sa vie (12,25), (4) Aimer son
bien (15,19).
1. Aimer
les ténèbres (1 fois: 3,19)
Jésus déclare en
3,18-19: “18 Qui croit en lui n’est pas jugé; qui ne croit pas est déjà
jugé, parce qu’il n’a pas cru au Nom du Fils Unique-Engendré de Dieu. 19 Et tel
est le jugement: la lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux
aimé (êgapâsan) les ténèbres
que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises.” Ces deux versets résument la théologie
johannique au sujet du choix de “croire” ou “ne pas croire” en Jésus. Le thème
“aimer les ténèbres (skotos)” renvoie au conflit et à l’opposition des
adversaires de Jésus dans l’Évangile. Quant aux “œuvres mauvaises” (3,19b), cette expression fait allusion
aux “œuvres du diable”
(8,41.44). Concrètement, les “œuvres mauvaises” sont les actions pour tuer Jésus (8,37.40). Voir
l’analyse du terme “skotos” dans l’article: “Lumière
et ténèbres dans l’Évangile de Jean.” L’amour qui s’exprime par le verbe
“agapaô” dans l’expression “aimer les ténèbres” (3,19) est l’amour qui conduit
à la mort.
2. Aimer
la gloire des hommes (1 fois: 12,43)
À la fin de la
mission publique de Jésus (Jn 1–12), le narrateur résume en 12,42-34: “42
Toutefois, il est vrai, même parmi les notables, un bon nombre crurent en lui
[Jésus], mais à cause des Pharisiens ils ne se déclaraient pas, de peur d’être
exclus de la synagogue, 43 car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la
gloire de Dieu.” La conjonction “toutefois”
au début du v. 42 indique un contraste avec le refus de croire dans le passage
précédent (12,37-41). Le narrateur remarque en 12,37: “Bien qu’il [Jésus] eût fait tant de signes
devant eux [les opposants], ils ne croyaient pas en lui.” Par contraste en 12,42-43, il y a un bon nombre
parmi les notables qui croient en Jésus, mais ils n’osent pas se déclarer “de
peur d’être exclus de la synagogue”
(12,42). Cette attitude montre qu’ils aiment “la gloire des hommes plus
que la gloire de Dieu” (12,43). Cet
amour peut conduire à la perte. Bien qu’ils croient en Jésus, ce n’est pas
encore la foi authentique, car ils n’osent pas confesser leur foi.
3. Aimer
sa vie (1 fois: 12,25)
En 12,24-25,
Jésus utilise le symbole d’un grain de blé tombé en terre et les expressions: “aimer sa vie – haïr sa vie”
pour faire allusion à sa propre mort. Il dit à ses disciples en 12,24-25: “24
En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne
meurt pas, il demeure seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. 25 Qui
aime (ho philôn) sa vie la
perd; et qui hait (ho misôn) sa
vie en ce monde la conservera en vie éternelle.” Le grec “ho philôn” est le participe présent au masculin, au singulier, à
l’accusatif du verbe
“phileô”, ce participe “ho philôn” est utilisé comme un nom. Cet amour fait
perdre sa vie, c’est-à-dire que celui qui aime sa vie ne peut pas conserver
sa vie pour la vie éternelle (12,25c). Voir mon article: “‘Aimer sa vie’ et ‘haïr sa vie’ (Jn 12,25) dans
le quatrième évangile”, Revue
Biblique, 115-2 (4/2008) p. 219-244.
4. Aimer son bien (1 fois: 15,19)
Jésus annonce aux
disciples la haine du monde en 15,18-19: “18 Si le monde vous hait,
sachez que moi, il m’a pris en haine avant vous. 19 Si vous étiez du monde, le
monde aimerait (ephilei) son
bien (to idion); mais parce
que vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour
cette raison, le monde vous hait.”
L’expression “son bien”, en grec “to idion”, veut dire “ce qui lui
appartiendrait”, “ce qui est à lui.” Si les disciples étaient du monde, le
monde les aimerait. Le monde ici est le monde hostile qui hait Jésus, son Père,
ses disciples (15,18.23.24) et persécute Jésus et ses disciples (15,20). Voir
l’article: “Six
caractéristiques ‘du monde hostile’ et ‘des adversaires de Jésus’ dans
l’Évangile de Jean.” Cet amour du monde hostile exprimé par le verbe
“phileô” (15,19a) conduit à la perte, à la condamnation.
VI. Ne pas aimer, ne pas avoir de l’amour
1. Ne pas aimer Jésus (2 fois: 8,42; 13,24)
Dans la
controverse en 8,31-59, les Juifs revendiquent que Dieu est leur Père, ils
disent à Jésus en 8,41b: “Nous ne sommes pas nés de la prostitution;
nous n’avons qu’un seul Père: Dieu.” Mais Jésus réfute cette revendication en leur disant: “Si Dieu était votre
Père, vous m’aimeriez (êgapate),
car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens; je ne viens pas de
moi-même; mais lui m’a envoyé” (8,42).
En 8,44a, Jésus dévoile l’identité du père de ces juifs: “Vous [les
Juifs] êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous
voulez accomplir.” Par conséquent,
Dieu n’est plus le Père des Juifs, ils n’aiment pas Jésus et ne reconnaissent
pas qu’il est venu de Dieu et qu’il est l’envoyé de son Père.
Le passage
14,15-24 présente le thème “aimer Jésus et garder ses commandements.” À la fin
de ce passage, Jésus utilise une phrase négative pour dire à ses disciples en
14,24: “Celui qui ne m’aime pas (ho me agapôn) ne garde pas mes paroles; et la parole que vous
entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé.” En 14,15-24, la parole de Jésus est mise en relief par le double contraste
entre l’affirmation et la négation: “aimer” et “garder” (14,15.21.23) et “ne
pas aimer” et “ne pas garder” (14,24a). Cela veut dire que si une
de ces deux actions fait défaut,
(aimer et garder), il n’a plus rien. L’objet du verbe “garder” ici est “les
commandements de Jésus” (14,15.21.23) et “ses paroles” (14,24b). Ces
expressions renvoient à tous les enseignements de Jésus dans l’Évangile.
2. Ne
pas avoir de l’amour de Dieu (1 fois: 5,42)
Dans le monologue
de Jésus en 5,19-47, Jésus accuse les Pharisiens qui le persécutent: “Je
vous connais: vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu (tên agapên tou theou)” (5,42). L’expression “l’amour
de Dieu (tên agapên tou theou)” peut
être compris dans les deux sens: (1) Le sens subjectif: l’amour de Dieu pour
l’homme et (2) Le sens objectif: l’amour de l’homme pour Dieu. Quand les
Pharisiens persécutent Jésus (5,16) et cherchent à le tuer (5,18), ils n’ont
pas d’amour pour Dieu (sens objectif) et ils ne laissent pas l’amour de Dieu
demeurer en eux (sens subjectif).
VII. Les amis
Le nom “philos”
(ami) apparaît en 6 occurrences pour présenter le thème de l’ami. Il s’agit des
amis de Jésus (4 fois: 11,11; 15,13.14.15), de l’ami de l’époux (1 fois: 3,29)
et de l’ami de César (1 fois: 19,12).
1. Les
amis de Jésus (4 fois)
Dans la rubrique
“Jésus aime ses disciples” ci-dessus, nous avons présenté le thème des amis de
Jésus. Ce dernier manifeste son amour en appelant ses disciples: “mes amis” en 15,13.14.15
(3 fois). Quand nous avons abordé le sujet “Jésus aime Marthe, Marie et
Lazare”, le fait que Jésus considère Lazare comme son ami et celui de ses
disciples dans l’expression: “notre ami” en 11,11 a été signalé.
2. Jean le Baptiste, l’ami
de l’époux (1 fois: 3,29)
Jean le Baptiste
utilise l’image “l’ami de l’époux” (1 fois: 3,29) pour décrire sa relation avec
Jésus. Jean le Baptiste dit à ses disciples en 3,29-30: “29 Qui a
l’épouse est l’époux; mais l’ami (ho
philos) de l’époux qui se tient là et qui l’entend, est ravi de joie à
la voix de l’époux. Telle est ma joie, et elle est complète. 30 Il faut que lui
grandisse et que moi je décroisse.”
3. L’ami
de César (1 fois: 19,12)
Dans le récit de Jésus
devant Pilate (18,28–19,16a), les Juifs font pression sur Pilate en vociférant:
“Si tu [Pilate] le [Jésus] relâches, tu n’es pas ami (philos) de César: quiconque se fait roi, s’oppose
à César” (19,12b).
VIII. Conclusion
Le thème de l’amour
et de l’amitié dans l’Évangile de Jean est présenté par deux couples de termes:
(1) le nom “agapê” (amour) et le verbe “agapaô” (aimer), (2) le nom “philos”
(ami) et le verbe “phileô” (aimer d’amitié). Après avoir indiqué les endroits
où apparaissent ces termes, nous avons présenté l’usage des deux verbes
“agapaô” et “phileô” dans l’Évangile de Jean. Ces deux verbes ne sont pas synonymes
ou interchangeables. Mais chaque verbe exprime un aspect différent du thème de
l’amour. Le verbe “agapaô” désigne l’amour au sens commun, tandis que le verbe
“phileô”, a la même racine que le nom “philos” (ami), il désigne un amour dans
le sens de l’amitié. L’amour exprimé par “agapaô” n’est pas plus supérieur que l’amour
exprimé par “phileô”, mais ces deux verbes sont d’égale importance parce que le
verbe “phileô” désigne l’amour du Père pour Jésus (5,20), l’amour du Père pour
les disciples (16,27a) et l’amour des disciples pour Jésus (16,27b).
Cet article a
présenté toutes les 63 occurrences du thème de l’amour et de l’amitié exprimé
par les termes: “agapê” (7 fois), “agapaô” (37 fois), “philos” (6 fois),
“phileô” (13 fois). Dans le tableau ci-dessous, nous classons ces 63
occurrences selon le sujet et l’objet des relations de l’amour:
Les deux premières utilisations du verbe “agapaô” dans l’Évangile
de Jean résument le contenu de cet Évangile. La première fois en 3,16, Jésus
affirme l’amour de Dieu pour le monde-humanité: “Dieu a tant aimé (êgapêsen) le monde (kosmon) qu’il a donné son Fils,
l’Unique-Engendré” (3,16a). La deuxième fois en 3,19 parle de l’amour des
hommes pour les ténèbres, Jésus déclare: “Tel est le jugement: la lumière est
venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé (êgapâsan) les ténèbres que la lumière, car
leurs œuvres étaient mauvaises” (3,19).
Ainsi, le
thème de l’amour (agapaô, phileô) ne désigne pas seulement l’amour qui produit
la vie éternelle, mais l’amour (agapaô, phileô) peut aussi conduire à la perte,
à la mort, si l’on aime les ténèbres (3,19) ou si l’on aime sa vie (12,25).
Selon l’Évangile de Jean, ce qui est important ce n’est pas l’amour en lui-même,
mais c’est plutôt le sujet et l’objet de l’amour. L’amour vient de qui? L’amour
est pour qui? L’amour est pour quel objet? C’est seulement après avoir répondu à
ces questions, que nous pouvons déterminer le sens de l’amour qui conduit à la
vie ou bien l’amour qui conduit à la mort./.
Source: http://leminhthongtinmunggioan.blogspot.com/2014/04/le-theme-de-lamour-et-de-lamitie-dans.html
Voir
+ Les articles sur le thème de l’amour:
+ Tableau:
+ Terminologie
Bonjour mon Père,
Trả lờiXóaL’amour est un mot vaste comme l’univers. Autant de personnes, autant de conceptions de l’amour. Heureusement, pour nous les chrétiens, l’amour se personnalise en Jésus- Christ. Il prend la forme de la croix, il prend la forme d’un Dieu crucifié- dépouillé- nu. Devant cet amour, il n’y a plus de mots, il n’y a que des bouches- bées dans le silence. Merci beaucoup de bien orienter les lecteurs et lectrices sur le chemin de l’amour johannique en expliquant bien le sens évangélique de deux verbes grecs : philein et agapân selon Saint Jean.
En lisant votre texte , il y a des pensées qui viennent à mon esprit . Pour moi le verbe « Philein » exprime le sentiment philanthropique qui est un amitié humaine très noble en soi. J’aime beaucoup ce mot, parce que l’amitié est une relation amicale qui exclus toutes formes de possession. C’est une disposition du cœur qui est réceptive à aller plus loin dans l’amour qui a pour nom « Agapê ».
Agapê est un amour divin qui signifie don de soi jusqu’à extrême comme le Jésus. Il n’y a pas de mots pour l’expliquer , il n’y a que des signes : Lavements de pieds et Dieu crucifié.
Vous avez bien dit que ce sont des aspects de l’amour qui ne sont pas contredits mais complémentaires. Divin dans Humain est un cheminement de l’amour chrétien.
Je vous remercie chaleureusement de faire participer des lecteurs et lectrices à écouter Dieu avec vous.
Votre question sur l’objet de notre amour est très intéressante. Le problème de l’amour est celui de soi. L’amour est une décision libre. Où mettons nous notre amour ? Qui aimons – nous ?
Il y a une pensée qui me rejoigne profondément. Vous avez écrit que la foi est une forme de relation,. C’est entrer en relation avec Dieu en Jésus. La foi n’est pas d’abord une doctrine, ni des pensées philosophiques savantes, elle est une rencontre avec Celui qu’on aime . Avec qui je noue des liens d’amour. Le reste, c’est le résultat de cet amour.
Merci beaucoup, Père.
S.J.M
Votre commentaire est une preuve de la rencontre entre le lecteur et le sens du message de l’Évangile. Merci à vous de la partager aux lecteurs et aux lectrices de cet article. La relation d’amour et d’amitié avec Jésus basée sur sa parole et ses enseignements dans l’Évangile de Jean est une source d’eau vive qui jaillit en vie éternelle (Jn 4,14). Cette relation interpersonnelle est une nourriture impérissable “qui demeure en vie éternelle” (Jn 6,27). Celui qui vient à Jésus et croit en lui pour vivre cette relation d’amour et d’amitié avec lui “n’aura jamais faim” et “n’aura jamais soif” comme Jésus le dit en Jn 6,35: “Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura jamais faim; qui croit en moi n’aura jamais soif.”
XóaJe voudrais ajouter que d’une part, “aimer” (agapaô, phileô) dans l’Évangile de Jean à la fois a le sens négatif (aimer les ténèbres) ou le sens positif (aimer Jésus), il est nécessaire donc de déterminer le sujet et l’objet de l’amour. D’autre part, le verbe “aimer” dans cet Évangile est lié au verbe “haïr”; en effet “aimer” les ténèbres (Jn 3,19) conduit à “haïr” Jésus, son Père et ses disciples (Jn 15,18-25); “aimer sa vie” conduit à la perte de sa vie, tandis qu’“haïr sa vie” permet de la garder pour la vie éternelle (Jn 12,25). Jésus est le premier qui hait sa vie en la donnant. Par le fait de “donner sa vie” ou “déposer sa vie” (Jn 10,17-18), Jésus manifeste son amour pour les siens (Jn 13,1). En Jn 12,25, Jésus invite ses disciples à “haïr sa vie” avec le sens johannique du terme. Voir mon article dans la Revue Biblique de École biblique et archéologique française de Jérusalem intitulé: “‘Aimer sa vie’ et ‘haïr sa vie’ (Jn 12,25) dans le quatrième évangile”, Revue Biblique, 115-2 (4/2008) p. 219-244.”
Je vous remercie sincèrement pour votre invitation à lire votre partage sur le thème « haïr la vie chez les croyants ». C’est un thème qui vous est cher , car il fait partie de votre thèse doctorat. Merci et Félicitations.
Trả lờiXóaGrand merci aussi , mon Père, d’avoir attiré mon attention sur le thème : haïr sa vie chez les disciples du Christ . C est un paradoxe spirituel particulièrement décapant qui se retrouve même chez les 4 évangélistes Mt 10, Mt 16, Mc 8, Lc 9 et Jn 12 . Cet enseignement, peut- être, contredit radicalement le philosophie de ce monde. Les psychologues ont beaucoup à dire au- dessus.
Le binôme antithétique : conserver la vie en ce monde et perdre la vie ont pour conséquence sauver la vie et perdre la vie. Cela se situe au double niveau temporel et éternel. Celui qui conserve sa vie en ce monde, la perdra dans l éternité. Le contraste est crée par l’ attachement a Dieu et le renoncement a la propre vie. Jésus se limite a en montrer les conséquences de deux choix de vie. Jésus insiste sur le sens vital de la mort. Le besoin de mourir pour vivre pleinement en Dieu. La vie naît de la mort comme le graine tombé en terre, accepte de mourir pour porter de fruits. Nous touchons ici le mystère pascal de Jésus : une mort féconde, une mort comme une explosion de la vie en vertu de la résurrection du Christ.
J ai beaucoup aime votre explication sur ce sujet en disant que haïr sa vie chez les disciples n est pas le méprise de sa vie, ni la prise d une forme de vie suicidaire mais plutôt faire de notre vie un témoignage suprême a Dieu et a son Évangile comme Jésus. Les martyrs sont pour nous un exemple vivant de ce message de l Évangile.
En spiritualité, nous savons tous que la plénitude de notre vie se réalise en Jésus. C’est Lui notre vraie vie et notre vraie moi profond. Je sais que c’est un paradoxe spirituel bien décapant. Permettez- moi de partage avec les lecteurs et lectrices quelques notes de mes lectures sur ce sujet.
« Notre vie est essentiellement faite pour être donnée. Elle meurt si nous la retenons. Nous ne sommes ni l’auteur ni le propriétaire de notre vie. Nous l’avons reçu comme un don et une grâce de Dieu. Puisque nous sommes des êtres de grâces et de don, nous sommes destinés à l’action de grâce. C est à dire remettre notre vie à Dieu comme une action de grâce. C’est ainsi que nous sommes en forme de Dieu, à son image dès que nous sommes en forme de don et d’oblativité. Aller contre le mouvement de don, c’est aller contre nous même, c’est aller contre notre être profond, c’est prendre le chemin de la mort ».
La vie est faite pour donnée et c’est en donnant notre vie à Dieu que nous la retrouverons en plénitude en Dieu. Merci de vos précieux enseignements.
Bien à vous en Jésus
S.J.M