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Le 21 décembre 2015.
Contenu
I. Introduction
II. Les notions d’auteur et de lecteur
1. L’auteur réel et le lecteur réel
2. L’auteur implicite et le lecteur implicite
3.
Le lecteur au cours des siècles
III. La formation du quatrième Évangile
1.
L’école Johannique
2. Les
propositions
3.
Trois étapes de formation de l’Évangile
a) Le disciple que
Jésus aimait
b) L’évangéliste
c) Le rédacteur
IV. Quelques stratégies narratives
1. Le
processus de relecture et d’intertextualité
2. Les
parallèles entre les deux conclusions
3. Les
pronoms « nous » et « vous » dans le récit
V. Conclusion
Bibliographie
I. Introduction
Nous avons présenté une série d’articles
concernant le disciple que Jésus aimait dans le quatrième Évangile : (1) « “Le
disciple que Jésus aimait”, “Jean l’apôtre” et “Jean l’évangéliste” dans les
traditions des IIè-IVè siècles » du 23 octobre 2015,
(2) « “Les
fils de Zébédée” et “les disciples anonymes” dans le quatrième Évangile »
du 9 novembre 2015, (3) « L’identification
du disciple que Jésus aimait » du 23 novembre 2015, et (4) « Le
disciple que Jésus aimait dans le quatrième Évangile » du 7 décembre
2015. Le disciple que Jésus aimait est un disciple anonyme, un disciple idéal
pour tous les croyants, il joue un rôle important dans l’Évangile et il a mis par
écrit son témoignage. Quel est son rôle dans la rédaction de l’Évangile ?
Pour éclairer cette question, nous nous intéressons au thème « auteur–lecteur
réels » et « auteur–lecteur implicites » du quatrième Évangile.
Nous commençons l’étude par la définition des
termes techniques liés à l’« auteur » et au « lecteur ».
Ensuite nous présentons quelques hypothèses sur la formation du quatrième
Évangile dans la perspective de l’approche diachronique. Enfin nous analysons
quelques stratégies narratives dans la perspective de l’approche synchronique.
Dans cet article, les références aux auteurs sont
abrégées. Le nom de l’auteur suivi d’un astérisque (*) renvoie à son
commentaire de l’Évangile de Jean. Pour un ouvrage ou un article nous ajoutons quelques
mots du titre, en italique s’il s’agit d’un livre, entre guillemets s’il s’agit
d’un article ou d’un extrait d’un ouvrage. La référence complète se trouve dans
la bibliographie à la fin de l’article. Pour les citations de la Bible, nous
utilisons la Bible de Jérusalem sauf
Jn 1–2 qui est de notre traduction.
II. Les notions d’auteur et de lecteur
Les
approches diachronique et synchronique de la bible s’intéressent à l’auteur et au
lecteur dans deux perspectives différentes. (Voir les articles : « Diachronie et synchronie dans
l’étude de la Bible » du 08 Janvier 2015, et
« L’étude historico-critique de
la Bible ») du 30 Janvier 2015. Le
schéma ci-dessous nous aide à distinguer entre « l’auteur
et le lecteur réels » (l’approche diachronique ou historique) et « l’auteur
et le lecteur implicites » (l’approche synchronique ou littéraire) :
Dans l’approche diachronique, le lien entre
« l’auteur réel », « l’œuvre » et « le lecteur
réel » est situé dans le contexte historique. L’auteur et le lecteur réels
sont des personnages historiques. Dans l’approche synchronique, le lien entre
« l’auteur implicite / le narrateur », « le récit / le
texte » et « le lecteur implicite / le narrataire » est situé
dans le contexte littéraire (cf. Marguerat–Brouquin, Pour lire les récits bibliques, 19). L’auteur et le lecteur
implicites sont des figures littéraires construites à partir des données dans
le récit.
Tout récit est composé de deux éléments :
« l’histoire racontée » et « la mise en récit ». D’abord, l’histoire
racontée est à distinguer d’un fait historique. L’histoire racontée se situe au
niveau littéraire et reste dans le monde narratif (cf. Op. cit., 27). Il est évident que l’histoire racontée peut aider
les historiens dans leur quête des faits historiques, cependant l’étude d’un
récit et l’étude d’un fait historique sont deux champs de recherches différents.
Ensuite, « la mise en récit » renvoie à la manière de raconter d’un
récit, comment ce récit est-il présenté ? Ces deux éléments du
récit : « l’histoire racontée » (le signifié) et « la mise
en récit » (le signifiant) permettent de transmettre le message de
l’auteur implicite au lecteur implicite.
L’auteur réel et le lecteur réel désignent les
personnages historiques. Nous trouvons la définition dans Marguerat et Bourquin, Pour lire les récits bibliques, 18 :
« L’auteur réel est donc la personnalité (ou le groupe) rédacteur du
texte. Le lecteur réel est l’individu ou la collectivité à qui le texte était
initialement destiné. Mais auteur réel et lecteur réel sont des personnalités
historiques hors d’atteinte du lecteur, de la lectrice qui ouvre le livre. Ils
existent en dehors du texte, indépendamment du texte, et ne peuvent être
reconstruits que par la voie d’hypothèse historique. Dans le cas de la
littérature biblique, la reconstruction des auteurs et lecteurs réels est la
grande tâche menée à bien par la critique historique ; dans cette quête
documentaire, elle s’efforce d’imaginer, à partir du texte, quels furent le
cercle rédacteur de l’œuvre deutéronomiste, ou l’auteur et les destinataires
des évangiles, ou l’écrivain et les lecteurs de l’Apocalypse de Jean. Or, le
résultat de cette quête biologique est le plus souvent décevant par manque de
certitudes. »
Dans cette perspective, la recherche de
l’auteur et du lecteur réels consiste à placer une œuvre écrite dans son contexte
et son milieu historique. Cette recherche de la genèse du texte basée sur des
hypothèses peut aider à comprendre l’histoire de la composition de l’œuvre mais
elle n’étudie pas encore le sens ou le message du récit raconté. Pour
comprendre le message du quatrième Évangile, l’étude biblique actuelle se concentre
sur l’auteur et le lecteur implicites.
Le tableau plus haut montre
que les notions « auteur implicite / lecteur implicite » et
« narrateur / narrataire » sont utilisées dans l’approche
synchronique du texte. Nous expliquons ces termes dans la partie qui suit.
« L’auteur implicite » est une figure
construite à partir des données du texte. Les caractéristiques de l’auteur
implicite se trouvent dans le récit. Par exemple l’auteur implicite de
l’Évangile selon Jean est celui qui se donne à connaître au travers de son
œuvre, à partir de son style, son langage symbolique, son procédé littéraire
comme le malentendu, l’ironie, les commentaires implicites ou explicites. L’auteur
implicite de cet Évangile préfère utiliser les discours pour donner sens aux
signes que Jésus a faits ou pour faire passer son enseignement. L’auteur
implicite construit son Évangile comme un grand procès, il utilise souvent le
dualisme théologique, par exemple « lumière – ténèbres », « en
haut – en bas », « aimer – haïr », etc. Toutes ces stratégies
narratives ont pour but de transmettre son message aux lecteurs. Il est donc
nécessaire de distinguer l’auteur réel et l’auteur implicite. L’étude sur
l’auteur réel appartient à la recherche historique, tandis que l’étude sur l’auteur
implicite appartient à la recherche du sens du récit que l’auteur voudrait
transmettre au lecteur.
Marguerat et Bourquin, Pour lire les récits bibliques, 19, définissent l’auteur
implicite : « Il y a l’auteur tel qu’il s’implique dans son œuvre par
ses choix narratifs ; l’analyse narrative le nomme auteur implicite […].
Un auteur s’objective en effet dans son œuvre, non par le vécu qu’il mène en
dehors d’elle, mais par l’orientation qu’il donne à son texte. Se mettre en
quête de l’auteur implicite, c’est repérer quelle stratégie narrative il met en
œuvre, quel choix de style il opère, comment il fait intervenir ses
personnages, quel système de valeurs induit le récit. L’image de l’auteur
implicite résulte de la somme des choix d’écriture identifiés dans le texte.
Ainsi à chaque œuvre littéraire correspond un auteur implicite, c’est-à-dire
l’image de l’auteur telle qu’elle se dévoile dans cette œuvre-là. »
L’autre appellation liée à l’auteur implicite
est « le narrateur », ce
dernier désigne celui qui raconte l’histoire dans le récit. Marguerat et Bourquin,
Pour lire les récits bibliques, 20,
expliquent : « Le narrateur est la voix qui guide le lecteur
dans le récit ; l’auteur implicite est le sujet de la stratégie narrative.
[…] Il faut considérer que les deux appellations recouvrent la même entité
auctoriale, mais vue sous deux perspectives différentes. On la désigne comme
narrateur lorsqu’on évoque la mise en œuvre de la stratégie narrative. On la
désigne comme auteur implicite lorsqu’on insiste sur la source de la stratégie
d’écriture. »
« Le
lecteur implicite » est une figure littéraire
désignant le destinataire de l’auteur implicite. Ainsi le lecteur implicite
comprend parfaitement le message du récit. Marguerat et Bourquin, Pour lire les récits bibliques, 21, écrit :
« Théoriquement, la notion de lecteur implicite rejoint symétriquement
celle d’auteur implicite. […] Le lecteur implicite (Gérard Genette parle de
lecteur virtuel) est une image littéraire : tout texte, se prévoyant un
lecteur, est habité par l’image qu’il se fait de lui. L’auteur implicite, dans
les choix qu’il opère et qui caractérisent sa narration, agit en fonction des
traits qu’il attribue à ce lecteur potentiel. »
Dans le schéma plus haut, le poste du « lecteur
implicite » correspond au « narrataire ».
« Le poste narrataire est occupé
par le destinataire du récit, symétriquement au narrateur. Ce qui a été dit de
la distinction narrateur / auteur implicite peut être répété ici. Le narrataire
peut figurer explicitement dans le texte (Mc 13,14 : “Que le lecteur
comprenne !”) ; dans ce cas, il est un narrataire invoqué. Le plus
souvent, dans la littérature biblique, il est un narrataire effacé ; il se
confond avec le lecteur implicite, puisqu’il n’est pas nommé, mais
implicitement présent à travers le savoir et les valeurs que le narrateur
suppose chez le destinataire du texte. » (Marguerat et Bourquin, Pour lire les récits bibliques, 21-22).
Dans l’Évangile de Jean, l’auteur implicite /
le narrateur communique à son « lecteur implicite / narrataire » non
seulement à travers le récit, mais parfois il utilise les pronoms
« nous », « je » pour exprimer son point de vue ou utilise le
pronom « vous » pour s’adresser directement aux lecteurs. Nous
étudions ces pronoms personnels dans la partie : « Quelques
stratégies narratives » ci-dessous.
3. Le lecteur au cours des
siècles
« Le
lecteur au cours des siècles » désigne toute
personne qui lit le texte. Ce lecteur n’est pas « le lecteur réel »
(le destinataire de l’auteur réel) ni « le lecteur implicite » (le
destinataire de l’auteur implicite). En lisant le texte, ce lecteur est en
train de comprendre le message du texte. À travers l’acte de lecture, ce
lecteur cherche à dessiner de plus en plus précise la figure de l’auteur
implicite grâce aux détails dans le texte. En comprenant de mieux en mieux le
message du texte, le lecteur d’aujourd’hui se rapproche de plus en plus du lecteur
implicite. Avec une bonne méthode de lecture, les lecteurs peuvent au fur et à
mesure découvrir le message du texte.
Marguerat et Bourquin, Pour lire les récits bibliques, 22-23, parlent de ce lecteur :
« [C’est] vous et moi devant le texte. Ce lecteur est difficilement
théorisable, tant les paramètres qui guident sa lecture (culturels, théologiques,
psychologiques) sont imprévisibles. De ce lecteur, il faut statuer la liberté
face au contrat de lecture que le texte lui propose. Il faut aussi mesurer son
appartenance à une histoire collective : sa lecture individuelle est non
seulement régulée par la communauté lectrice à laquelle il appartient (Stanley
Fish parle de communautés interprétatives), mais aussi traversée par les
lectures antérieurement faites du texte ; on ne lit pas le début de la
Genèse indépendamment des théories scientifiques (acceptées ou rejetées) sur
l’origine de l’homme, ni le Sermon sur la montagne hors de toute réflexion
(éthique et psychanalytique) sur la loi. »
Dans la citation plus haut, Marguerat et Bourquin parlent du « contrat de lecture ». C’est-à-dire que le lecteur doit
faire confiance au narrateur et se laisser guider par le narrateur à travers le
récit. Marguerat et Bourquin, Pour lire les
récits bibliques, 16-17, écrivent : « Au moment où le lecteur
s’engage dans la lecture, ou si l’on préfère, au moment où le lecteur prend le
poste de narrataire, il se noue implicitement un contrat entre l’un et l’autre.
Narrateur et narrataire se lient dans l’opération de lecture. […]. Dans le
monde du récit, le narrataire accepte d’être conduit par le narrateur – ou
alors, il ferme le livre. Un contrat implicite se noue donc entre narrataire et
narrateur en début de récit. Ce contrat reconnaît l’omniscience et la fiabilité
du narrateur. »
En résumé, nous avons présenté la différence
entre « l’auteur et le lecteur réels » (l’étude diachronique) et « l’auteur
et le lecteur implicites » (l’étude synchronique). Pour saisir le message
du texte, le lecteur au cours des siècles doit se concentrer sur l’analyse du
récit (« l’histoire racontée » et « la mise en récit »)
pour découvrir la stratégie narrative de l’auteur implicite. Dans la partie
suivante, nous étudions « l’auteur et le lecteur » du quatrième
Évangile dans les deux perspectives : L’approche diachronique dans l’étude
de la formation de l’Évangile (l’auteur et le lecteur réels) et l’approche
synchronique à travers quelques stratégies narratives de l’auteur implicite.
Le texte final de l’Évangile de Jean porte la
trace de nombreuses étapes de rédaction. Nous y trouvons des ajouts, des
répétitions, des doublets, des insertions, des gloses, des incohérences, des
apories... Il est probable que plusieurs écrivains d’une école de pensée ont contribué
à la formation du quatrième Évangile. Nous présentons dans cette partie (1)
l’école johannique, (2) les propositions et (3) les trois étapes principales de
la formation de l’Évangile.
1. L’école Johannique
Dans la recherche de la genèse du quatrième
Évangile, la plupart des auteurs actuels accepte l’hypothèse que cet Évangile a
été formé en plusieurs étapes sous la direction d’une école de pensée appelée
« l’école johannique ». Celle-ci est fondée au sein d’une communauté
appelée « la communauté johannique ».
Zumstein, « Visage de la
communauté », 96-97, décrit le processus de la rédaction du quatrième
Évangile : « Ce travail d’élaboration sans cesse repris renvoie à
l’existence d’un milieu de production structuré et travaillant dans la durée.
Ce milieu de production que nous appelons école johannique constitue une
grandeur bien spécifique au sein des églises johanniques. Il est le lieu où les
traditions de la foi de ces communautés sont rassemblées, développées,
interprétées, actualisées. L’existence de ce cercle théologique n’est pas sans
conséquence pour l’exégèse johannique. En effet, dans la mesure où l’évangile
est le fruit du dynamisme interprétatif de cette école, il doit être lu à la
fois comme une tradition en devenir qui procède par recadrages successifs et
comme une totalité littéraire achevée. Ignorer un des pôles de cette
dialectique, soit au nom d’une critique littéraire exacerbée, soit au nom d’une
lecture synchronique devenue dogmatique, c’est se fermer à la spécificité
littéraire du IVè évangile. »
L’opinion de Brown, An Introduction, 196, va dans le même sens : « Une
solution courante aujourd’hui est de proposer l’existence d’une école
johannique où porteurs de la tradition et écrivains étaient les disciples du
disciple bien-aimé. Ils n’étaient pas eux-mêmes des témoins oculaires ;
mais imprégnés de l’esprit du disciple bien-aimé, et sous sa direction et son encouragement ;
ils avaient prêché et même développé davantage ses souvenirs, en fonction des
besoins de la communauté dans laquelle ils servaient. » (“A common solution today is to propose the
existence of a Johannine school of tradition bearers and writers, disciples of
Beloved Disciple. They were not eyewitnesses themselves; but imbued with the
spirit of the Beloved Disciple and under his guidance and encouragement; they
had preached and developed his reminiscences even further, according to the
needs of the community to which they ministered.”)
La définition de l’école johannique est variée.
Par exemple Brown, An Introduction, 196-197, exprime la
différence entre son interprétation et celle de Culpepper :
« Culpepper [The Johannine School]
étendait le terme “école” à la communauté johannique. [...] Néanmoins, la
communauté n’était pas l’auteur de l’Évangile. Je conçois “école” dans un sens
beaucoup plus restreint d’un groupe spécial (tous des disciples du disciple
bien-aimé) qui prêchaient à la communauté, aidaient à exprimer ce que leurs
expériences signifiaient quant à la compréhension salvifique de Jésus, puis après
mettaient cela par écrit comme un guide pour les autres croyants (surtout
johanniques), ainsi ces derniers pouvaient rencontrer Jésus et recevoir la vie
en son nom. » (“Culpepper
would extend the term ‘school’ to the Johannine community. […] Nevertheless,
the community was not the author of the Gospel. I envision ‘school’ in a much
more restricted sense of a special group (all of them disciples of the BD
[Beloved Disciple]) who preached to the community, helped to vocalize what
their experiences meant in terms salvifically understanding Jesus, and then
committed this to writing as a guide to others believers (especially Johannine)
for encountering Jesus and receiving life in his name”).
Nous sommes d’accord avec l’opinion de Brown, entre
autres, pour considérer que l’hypothèse d’une « école johannique »
qui contribue à la formation de l’Évangile de Jean rend mieux compte de la
complexité et de la richesse théologique de cet Évangile. Le disciple que Jésus
aimait est le fondateur de cette école qui est responsable de la rédaction de
cet Évangile. Le rédacteur du ch. 21 parlant en « nous » collectif en
21,24c et en « je » personnel en 21,25, montrent que le rédacteur
n’est pas seul, il est un des membres de l’école johannique et une figure d’autorité
de la tradition johannique.
2. Les propositions
Dans cette partie, nous présentons les propositions
de quelques exégètes contemporains sur la formation du quatrième Évangile dans
la perspective diachronique. Les auteurs (1) Schnackenburg, 1965, (2) Brown,
1966, (3) Boismard–Lamouille, 1977, (4) Léon-Dufour, 1988, et (5) Brown, 2003,
proposent de diviser la formation de l’Évangile en plusieurs étapes variant de
trois à cinq étapes :
(1) Schnackenburg*, I,
The Gospel, (1965), 1987, 72-73, (trois étapes).
+ 1ère
étape : Le noyau de l’Évangile a été mis par écrit en relation avec le
disciple que Jésus aimait.
+ 2ème étape : L’évangéliste aurait
introduit les discours.
+ 3ème étape : Le rédacteur aurait
rédigé les ch. 15–17 et 21.
(2) Brown*, I, 1966, XXXIV-XXXIX, cf. Lémonon,
« Chronique », 1980, 106, (cinq étapes).
+ 1ère
étape : Le disciple que Jésus aimait, identifié à l’apôtre Jean, fils de
Zébédée (cf. Brown*, I, 1966, XCVIII), pourrait être à l’origine d’une tradition
ancienne des paroles et des actions de Jésus.
+ 2ème
étape : La prédication du disciple que Jésus aimait aurait été mise par
écrit par un disciple de l’école johannique.
+ 3ème
étape : Première édition de l’Évangile par l’évangéliste.
+ 4ème
étape : Deuxième édition de l’Évangile par l’évangéliste, celui-ci aurait
introduit les passages d’hostilité envers les Juifs.
+ 5ème
étape : Le rédacteur a fait les derniers ajouts sans bouleverser
l’ordre du texte et a publié l’Évangile que nous avons aujourd’hui.
(3) Boismard–Lamouille*, 1977, 16-70, (quatre
étapes).
+ 1ère
étape : Le document C (vers l’an 50), rédigé en Palestine par le
disciple que Jésus aimait.
+ 2ème
étape : Jean II-A (vers l’an 60-65), en Palestine, un disciple du disciple
que Jésus aimait (pourrait être Jean le Presbytre).
+ 3ème
étape : Jean II-B (vers l’an 95), en Asie Mineure, reprit le texte en
introduisant le conflit avec les Pharisiens.
+ 4ème
étape : Jean III (début IIè s.), le troisième auteur appartenant
toujours à l’école johannique.
(4) Léon-Dufour*, I, 1988, 12, (une + trois
étapes).
+ Étape 0 : l’apôtre Jean, fils de
Zébédée. Léon-Dufour*, I, n. 7, p. 12, explique : « En désignant
cette étape par le chiffre 0, nous voulons éviter de connumérer la source
originelle avec les fleuves qui en dérivent. Elle peut être caractérisée par
les passages qui ne sont pas typiquement “johanniques”. »
+ 1ère étape : L’école
johannique, théologiens, prédicateurs
+ 2è étape : L’évangéliste –
écrivain
+ 3e étape : Le rédacteur –
compilateur
(5) Brown, An
Introduction, 2003, p. 4-6 et 62-78,
(trois étapes).
Dans l’ouvrage, An Introduction to the Gospel of John, édité par Moloney en 2003,
Brown a simplifié les cinq étapes proposées en 1966 en trois étapes :
+ 1ère
étape : Comme les autres Évangiles, le quatrième Évangile prend sa source
dans le ministère de Jésus à qui un disciple aurait rendu témoignage.
+ 2ème
étape : Le disciple que Jésus aimait joue un rôle important dans la
prédication et le noyau de l’Évangile a été écrit par ce disciple.
+ 3ème
étape : La rédaction de l’évangéliste, puis le rédacteur a donné la forme
finale de l’Évangile.
Les étapes proposées par les auteurs ci-dessus
sont des hypothèses, puisque nous n’avons pas de preuves évidentes de la formation
du quatrième Évangile. Brown, An
Introduction, 86, reconnaît le caractère hypothétique des trois étapes
qu’il a proposées plus haut : « Il reste de nombreuses lacunes et
incertitudes dans une telle théorie. À partir de la deuxième étape, quelles
sont les contributions personnelles de l’évangéliste dans la troisième étape ?
Comment peut-on distinguer avec certitude entre la main de l’évangéliste et la
main du rédacteur ? Il n’y a pas de réponses faciles à ces questions. Je prétendais
seulement avoir offert une hypothèse de travail pour comprendre comment
l'Évangile a été mis en place. » (“There remain many inadequacies and uncertainties in such a theory. In
stage three, how much personal contribution did the evangelist make to what was
taken over from stage two? How can one distinguish with any surety between the
hand of the evangelist and the hand of the redactor? There are no facile
answers to such questions. I would claim only to have offered a working
hypothesis for understanding how the Gospel was put together”).
3.
Trois étapes de formation de l’Évangile
À titre d’hypothèse, les propositions ci-dessus
variant de trois à cinq étapes peuvent être ramenées à trois étapes
principales. (Voir le point « III.7.b. Le disciple
que Jésus aimait et le rédacteur » dans l’article : « Le
disciple que Jésus aimait dans le quatrième Évangile »). Ces trois
étapes de formation de l’Évangile correspondent aux trois figures de l’école
johannique : (a) La première étape est attribuée au disciple que Jésus
aimait, le chef de file de l’école johannique, il était un témoin oculaire de
la mort et de la résurrection de Jésus et a mis par écrit son témoignage
(21,24). (b) La deuxième étape est attribuée à l’évangéliste qui a composé en
grande partie les ch. 1–20 avec la première conclusion en 20,30-31. (c) La
troisième étape est attribuée au rédacteur qui a rédigé le ch. 21 avec la
deuxième conclusion (21,24-25) et a donné à l’Évangile sa forme actuelle.
Dans la première étape de la formation du quatrième
Évangile, le disciple que Jésus aimait joue un rôle capital. D’abord il est le
disciple idéal par sa foi et sa relation avec Jésus. Ensuite il est le témoin
oculaire et a écrit les choses (cf. 21,24). Avec ces deux évidences, il est le
fondateur de l’école johannique et son influence demeure vivace à travers son
témoignage dans l’Évangile. Le témoignage et l’écriture du disciple que Jésus
aimait assurent l’authenticité et l’autorité de l’ensemble de l’Évangile. (Voir
le rôle de ce disciple dans l’article : « Le
disciple que Jésus aimait dans le quatrième Évangile »).
Moloney*, 7, considère le disciple que Jésus aimait comme l’auteur du
quatrième Évangile, il aurait été un disciple de Jésus, le fondateur de la
communauté, mais il n’appartenait pas aux Douze : « C’est “le
disciple bien-aimé” (cf. 13,23 ; 19,26), identifié dans l’épilogue de
l'Évangile (Jn 21) comme l’auteur de l'Évangile (21,20.23.24). […] L’auteur
était une figure fondatrice de la communauté, peut-être un disciple de
Jésus ; mais pas le fils de Zébédée ou l’un des Douze. (“This
is ‘the Beloved disciple’ (cf. 13:23; 19:26), identified in the Epilogue to the
Gospel (John 21) as the author of the Gospel (21:20,23,24). […] The author was
a founding figure in the community, possibly a disciple of Jesus; but not the
son of Zebedee or one of the Twelve”).
Nous sommes en désaccord avec Moloney sur la supposition que le disciple
que Jésus aimait aurait été l’auteur de l’Évangile puisque l’auteur du ch. 21
et celui des ch. 13–20 parlent de ce disciple à la troisième personne. Selon l’hypothèse
des étapes de la formation de l’Évangile présentée plus haut, le disciple que
Jésus aimait n’a pas écrit tout l’Évangile, parce que le
rédacteur parle du témoignage de ce disciple en 21,24 : « C’est ce
disciple qui témoigne de ces faits et qui les a écrits, et nous savons que son
témoignage est véridique ». Ce disciple a écrit des choses, mais ce n’est pas
lui qui a écrit le ch. 21. En 19,35, le narrateur parle du témoignage du disciple
que Jésus aimait et celui-ci est mentionné à la troisième personne : « Celui
qui a vu [le disciple que Jésus aimait] rend témoignage – son témoignage est
véritable et celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi vous
croyiez » (19,35).
Selon Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, 412, celui qui a écrit
19,35 est l’évangéliste : « L’évangéliste qui a écrit ce passage
[19,35] peut avoir été un disciple du disciple bien-aimé (il le décrit à la
troisième personne) et non un témoin oculaire du ministère ». Dans Brown, An Introduction, 193, l’auteur signale
que le disciple que Jésus aimait n’a pas écrit tout l’Évangile : « La
déclaration [en 21,24] distingue le disciple [que Jésus aimait] d’un “nous” qui
sont les porte-paroles en ch. 21. L’Évangile de Jean parle des commentaires du
narrateur normalement à la troisième personne (p. ex., 19,24b.35), le “nous” est
donc important. Ce n’est pas comme le “nous” du Prologue (1,14.16) qui est un
“nous” de la communauté ; mais un “nous” d’autorité qui est similaire
à celui en 1 Jn 1,1-4, c’est un groupe qui avait quelque chose à voir avec la
composition de l’œuvre. »
(“The statement [21:24]
distinguishes the disciple form a ‘we’ who are spokespeople in ch. 21. John
normally phrases comments of the narrator in the third person (e.g., 19:24b,
35), so the ‘we’ is important. It not like the ‘we’ of the Prologue (1:14, 16)
which is a community ‘we’; but an authorial ‘we’ similar to that 1 John 1:1-4 –
a group that had something to do with the composition of the work”). Brown, An Introduction, 194,
conclut : « Assurément le disciple bien-aimé n’était pas le rédacteur
responsable du ch. 21. » (“Certainly,
the Beloved Disciple was not the redactor responsible for ch. 21”).
Nous sommes d’accord avec Brown, An Introduction, 195-196, sur le rôle du
disciple que Jésus aimait dans la rédaction du quatrième Évangile : « La
solution qui semble rendre justice à l’évidence de l’Évangile est que le
disciple bien-aimé était le témoin oculaire qui était responsable du témoignage/témoin
de base. Ce témoignage a été incorporé dans le quatrième Évangile. Mais d’autres
étaient responsables de la composition du texte de l'Évangile et de sa
rédaction. » (“The solution
that seems to do the most justice to the Gospel evidence is that the Beloved
Disciple was the eyewitness who was responsible for the basic testimony/witness
that was incorporated in to the Fourth Gospel. But others were responsible for
composing the written Gospel and redacting it”).
Le terme « évangéliste » peut se
comprendre dans deux sens. Premièrement, de manière générale, « l’évangéliste »
est considéré comme l’auteur de l’ensemble du quatrième Évangile (21
chapitres). C’est dans cette perspective que Brown, An Introduction, 198, emploie le terme évangéliste : « L’autorité
de l’évangéliste, si évidente dans l'Évangile, découle en partie de sa revendication
à se fier sur la validité du témoignage. Mais il y avait une autre source attestant
l’autorité de l’évangéliste. Dans la compréhension de la communauté, le
disciple bien-aimé avait été touché et guidé par le Paraclet-Esprit pour rendre
témoignage, l’évangéliste comprenait aussi que lui-même représentait la
continuité de l’activité du Paraclet, quand il écrivait son récit de Jésus de
manière à ce que Jésus pût continuer à parler aux chrétiens longtemps après son
départ vers le Père. »
(“The evangelist’s sense of authority, so evident
in the Gospel, stems in part from his claim to rely on valid witness. But there
was another source for the evangelist’s authority. In the community’s
understanding, the BD [Beloved Disciple] had been moved and guided by the
Paraclete Spirit to bear witness, and the evangelist also understood him-self
as the embodiment of the Paraclete’s continued activity when he wrote his
account of Jesus in such a way the Jesus could continue to speak to Christians
long after going to the Father”).
Deuxièmement l’appellation « évangéliste »
est un terme technique qui permet de distinguer les deux auteurs des deux
conclusions de l’Évangile en 20,30-31 ; 21,24-25. Ces deux conclusions
supposent qu’il existait un texte complet avec la première conclusion en 20,30-31.
L’évangéliste est donc celui qui a composé ce texte qui se termine par une
conclusion à la fin du ch. 20 (20,30-31). Par conséquent, l’évangéliste n’est
pas l’auteur du ch. 21 de l’Évangile. Brown, An Introduction, 199, distingue entre le rédacteur et
l’évangéliste : « Le rédacteur.
Il a complété l’Évangile en ajoutant des données johanniques, certaines d’entre
elles anciennes n’ont pas été incluses par l’évangéliste. Le rédacteur a donc
respecté le travail de l’évangéliste. Le rédacteur n’a pas réarrangé le texte,
mais il a fait des ajouts à la fin des sections. Par exemple, il n’a pas
démantelé la conclusion originale de l’évangéliste en 20,30-31, mais il a ajouté
un nouveau chapitre et a clôturé avec une deuxième conclusion en 21,24-25. La
plupart du temps, il a simplement complété la pensée de l’évangéliste, mais en
particulier en 21,15-17, le rédacteur a reconnu la nécessité de l’autorité
pastorale humaine que les divisions l’ont rendu urgente. Peut-être a-t-il effectué
son travail dans une nouvelle région dans laquelle une grande partie de la
communauté avait déménagé (de la région de la Palestine à Éphèse?) »
(“The redactor. He completed the Gospel by adding Johannine material,
some of it ancient, that had not been included by the evangelist. He so
respected the work of the evangelist that he did not rearrange it but made
additions at the end of sections. For instance, he did not dismantle the
evangelist’s original ending in 20:30-31, but appended a new chapter and
concluded it with a second ending in 21:24-25. Much of the time he simply
complemented the evangelist’s thought, but particularly in 21:15-17 he
recognized the need for human pastoral authority that divisions made urgent.
Perhaps he did his work in a new area to which much of the community had moved
(from the Palestine region to Ephesus?)”).
Dans cette citation, il y plusieurs interprétations
hypothétiques. En effet, nous ne savons pas quels passages ont été écrits par l’évangéliste
ni quelles ont été les contributions du rédacteur dans les ch. 1–20. Cependant,
nous pouvons attribuer à l’évangéliste la première conclusion de l’Évangile en
20,30-31.
Dans la citation de Brown plus haut, l’auteur
a dessiné les travaux du rédacteur. Il a rédigé le ch. 21 et donné la forme
finale de l’Évangile. Selon Zumstein, « L’évangile », 362 :
« L’évangile n’est pas l’œuvre d’un témoin oculaire […]. Le rédacteur
de l’évangile est probablement un homme de la deuxième ou de la troisième
génération. Il écrit au nom du disciple bien-aimé, et s’efforce d’exposer sous
la forme d’un évangile l’interprétation de la foi chrétienne esquissée par le
disciple bien-aimé ».
Le rédacteur a écrit le ch. 21 en faisant allusion
à la mort martyre de Simon-Pierre (21,18-19) et à la mort du disciple que Jésus
aimait (21,20-23). Nous ne savons pas exactement quelles sont les interventions
du rédacteur dans les ch. 1–20. C’est-à-dire que nous ignorons les passages insérés,
ajoutés ou supprimés par le rédacteur par rapport au texte de l’évangéliste. Selon
l’hypothèse de Culpepper, John, 66, c’est
le rédacteur qui a inséré à la fois le verset 19,35 et les références sur le disciple
que Jésus aimait : « Comme il est évident que Jn 21,24 a été écrit
par l’éditeur ou le rédacteur qui se réfère au disciple bien-aimé. Il est
probable que Jn 19,35 a aussi été inséré par le rédacteur. La nature secondaire
des références au disciple bien-aimé, ainsi que la destination elle-même, a
conduit à la conclusion largement admise que toutes les références au disciple
bien-aimé ont été ajoutées à l’Évangile par le rédacteur. Le disciple [que Jésus
aimait] n’a pas fait référence à lui-même comme le “bien-aimé”. Au lieu de
cela, l’hommage lui était rendu par une communauté qui avait accepté son
témoignage comme authentique et qui avait vu en lui leur lien avec le ministère
de Jésus. »
(“Since it is evident
that John 21:24 was written by the editor or redactor who refers to the Beloved
Disciple, it is likely that John 19:35 was inserted by the redactor also. The
secondary nature of the references to the Beloved Disciple, and indeed the
destination itself, has led to the widely accepted conclusion that all the
references to the Beloved Disciple were added to the Gospel by the redactor.
The [Beloved] Disciple did not refer to himself as the ‘Beloved.’ Instead, it
was the tribute paid to him by a community that had accepted his testimony as
true and that looked to him as their link with the ministry of Jesus”).
À notre avis, selon l’état actuel des ch. 1–20
de l’Évangile, il est impossible de savoir avec certitude quel passage est rédigé
par l’évangéliste ou par le rédacteur.
Par exemple nous ne savons pas qui (l’évangéliste ou le rédacteur) a écrit le
verset 19,35 ainsi que les références sur le disciple que Jésus aimait aux ch.
13–20. En tout cas, nous pouvons expliquer la cohérence du texte final de l’Évangile
dans la perspective d’un processus de « relecture » que nous
aborderons dans la suite.
Quant à Schnackenburg*, III, 381, l’auteur
décrit le rédacteur de l’Évangile : « Il est vrai que le disciple
bien aimé est le principal dépositaire de la tradition et
l'autorité qui se trouve derrière l'Évangile ; mais l’Évangile lui-même
vient d’un autre qui est connecté avec lui, peut-être est-il un helléniste
instruit d’origine juive, un théologien exceptionnel, qui a repris la tradition
du disciple bien-aimé, tout en utilisant d’autres sources ; il les a
interprétées théologiquement, et les a rassemblées dans un Évangile qui avait
pour but de servir l’église johannique. » (“It is true, the beloved disciple is the chief repository of the
tradition, the authority who stands behind the gospel; but the gospel itself
comes from another connected with him, possibly an educated Hellenist of Jewish
origin, an exceptional theologian, who took up the tradition of the beloved
disciple while also using other sources, interpreted them theologically, and
put them together into a gospel which was to serve the Johannine Church”).
Zumstein, « Visage de la
communauté », 97-98, écrit : « Le chap. 21 de l’évangile est
donc représentatif d’une phase de stabilisation de l’évangile
dans l’histoire du johannisme. L’heure n’est plus à l’élaboration de l’évangile
considéré comme une Écriture désormais clôturée ; elle est à une réflexion
sur le statut de cet évangile dont il s’agit d’établir la valeur à la fois
documentaire et théologique aussi bien pour les communautés johanniques que
pour l’oikoumenè tout entière. »
Les interprétations de Schnackenburg*, III, 381 et
de Zumstein, « Visage de la communauté », 97-98, citées ci-dessus
se situent dans la perspective historique. En s’appuyant sur les données dans l’Évangile
et par la voie d’hypothèses historiques, ces auteurs essaient
de tracer le portrait et le travail du rédacteur de
l’Évangile.
En résumé, nous avons présenté l’étude diachronique
de la genèse de l’Évangile de Jean. Les interprétations proposées doivent être comprises
comme des hypothèses plus ou moins acceptées aujourd’hui. Zumstein,
« Visage de la communauté », 89, nous avertit de la distance qui
existe entre le récit et la réalité : « Le récit prend toujours une distance
par rapport à la réalité, il engendre un monde qui lui est propre et qui ne se
prête pas à la formulation de jugements historiques immédiats. Aussi, lorsqu’il
y va de la reconstruction de l’histoire du milieu johannique et que le document
utilisé est l’Évangile, plutôt que postuler sa transparence, il faudra
privilégier d’autres voies d’investigation. Nous pensons en particulier que
l’évaluation des stratégies argumentatives utilisées et l’histoire de la
réception sont des procédures plus sûres pour asseoir des jugements
historiques. […] Plus l’enquête reculera dans le temps, plus son caractère
hypothétique s’accroîtra. » Nous
n’entrons pas dans les débats sur les propositions historiques de la formation
du quatrième Évangile, cependant, à titre d’hypothèse, nous tenons la conclusion
suivante : L’Évangile de Jean aurait été formé en trois étapes principales
liées à trois personnages : « le disciple que Jésus aimait », « l’évangéliste »
et « le rédacteur ».
IV. Quelques stratégies narratives
Dans cette
partie nous étudions « l’auteur » et « le lecteur » de l’Évangile de Jean dans une perspective
synchronique. Nous nous concentrons sur le texte de l’Évangile pour étudier la
relation entre « l’auteur implicite » et « le lecteur implicite »
à travers trois stratégies narratives : (1) Le processus de relecture et
d’intertextualité ; (2) Les parallèles entre les deux conclusions de
l’Évangile ; (3) Les pronoms « nous » et « vous » dans
l’Évangile. Ces études montrent à la fois la cohérence de l’ensemble de l’Évangile
et la communication entre l’auteur et lecteur.
1. Le processus de relecture et
d’intertextualité
Les
étapes de la rédaction de l’Évangile de Jean que nous avons présentées plus
haut peuvent être interprétées comme un processus de relecture et d’intertextualité.
La notion de « relecture » doit être utilisée en lien avec la notion
d’« intertextualité » dans une perspective synchronique. Zumstein,
« Processus de relecture », 37-38, écrit : « Les processus
de relecture et, en particulier, la réception de la Bible juive dans le
quatrième évangile, relèvent en science de la littérature du domaine dit de
l’intertextualité. De façon élémentaire, par intertextualité, il faut
entendre “tout ce qui met” un texte “en relation, manifeste ou secrète, avec
d’autres textes” [Cf. Genette, Introduction
à l’architexte, 87]. Ce phénomène n’est pas d’abord un problème théorique,
mais il fait écho à une expérience vécue. Chaque texte suscite, en effet, dans
la mémoire du lecteur le souvenir d’autres textes. »
Le
ch. 21 de l’Évangile de Jean manifeste une rédaction tardive dans une
perspective de la relecture de l’ensemble de l’Évangile. Avec des répétitions,
des doublets, des insertions, des gloses, des citations d’Écriture repérables
dans l’Évangile de Jean, « la relecture » et
« l’intertextualité » deviennent donc les caractéristiques du
quatrième Évangile. Par exemple la fin du ch. 14 (14,31) témoigne de la fin du
premier discours d’adieu (Jn 13–14). Les ch. 15–16 sont donc une relecture des
ch. 13–14 avec des éléments nouveaux, le ch. 17 peut être lu comme une
relecture, une récapitulation de la mission de Jésus.
Zumstein,
« Visage de la communauté », 96, remarque : « Les variantes
successives sur le motif du pain de vie au ch. 6, ou encore la double
interprétation de la purification du Temple (2,14-17.18-22) et du lavement des
pieds (13,1-11.12-17), supposent à leur tour un travail rédactionnel procédant
par relectures successives ». Selon Zumstein, certaines parties du
texte : le ch. 21, quelques gloses du langage d’eschatologie
traditionnelle en 5,28 ; 6,39.40.44.54 ; 12,48, le thème
eucharistique en 6,51c-58, et l’affirmation sacramentelle en 19,34b-35, ne
corrigent pas l’Évangile, comme Bultmann le pense, mais ces ajouts recadrent l’Évangile
pour en montrer la compatibilité avec la foi de l’Église protocatholique. (Cf. Zumstein,
« Visage de la communauté », 98).
Pour
nous, le processus de relecture et d’intertextualité dans la perspective
synchronique nous aident à tenir compte de l’évolution et du développement des
thèmes évangéliques sans prononcer quoi que ce soit sur la genèse du texte dans
la perspective diachronique.
2. Les parallèles entre les deux conclusions
La cohérence du texte de l’Évangile se manifeste
dans la complémentarité entre les deux conclusions de l’Évangile en
20,30-31 ; 21,24-25. Elles sont structurées en chiasme A, B, B’ A’ (cf.
Simoens*, III, 949), autour du verbe « écrire » (graphô) » et du substantif « livre » (biblion) :
Le parallèle entre les unités A et A’ confirme
que Jésus a fait beaucoup d’autres choses qui ne sont pas rapportées dans
l’Évangile. Dans l’unité A, ce qui a été écrit est une sélection des signes
parmi beaucoup d’autres « qui ne sont pas écrits dans ce livre »
(20,30b). Tandis que dans l’unité A’, le rédacteur exprime l’incapacité à tout
écrire puisque « le
monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu’on en écrirait »
(21,25b). L’insistance sur « ne pas écrire dans ce
livre » (A) et « ne pas pouvoir tout écrire dans les livres »
(A’) a pour but de mettre en valeur ce qui a été écrit : le texte de
l’Évangile. En effet, les unités B et B’ indiquent l’objectif et la valeur de
l’Évangile. L’unité B exprime la visée de l’Évangile : « croire pour
avoir la vie » (cf. 20,31). L’unité B’ affirme l’authenticité du
témoignage écrit du disciple que Jésus aimait dans l’Évangile (cf. 21,24).
Cette structure des deux conclusions montre
que la deuxième conclusion (21,24-25) s’articule avec la première (20,30-31) dans
une perspective de relecture. « Dans cette optique, les deux conclusions
se corroborent et se complètent l’une et l’autre » (Simoens*, III, 949).
Le parallèle entre deux conclusions (20,30-31 ; 21,24-25) est un exemple
parmi d’autres de l’unité de l’Évangile et du contact direct entre l’auteur et
le lecteur par les pronoms personnels « nous » et « vous ».
Les pronoms personnels « nous » et
« vous » interviennent à plusieurs endroits dans l’Évangile de Jean.
Il n’est pas toujours facile de savoir à qui renvoient les pronoms
« nous » et « vous », ils peuvent désigner des identités
différentes. Dans cette partie, nous abordons les pronoms « nous » et
« je » en 21,24-25, le « nous » en 20,31 et 19,35, le
« nous » dans le Prologue (1,14.16), et le « nous » dans la
parole de Jésus en 3,11 ; 4,22.
Dans la deuxième conclusion (21,24-25), le
rédacteur écrit au nom de « nous » (21,24), puis il donne son opinion
personnelle en disant « je pense que… » (21,25). Le
« nous » en 21,24 : « Nous savons que son témoignage [du disciple
que Jésus aimait] est véridique » renvoie à l’autorité
de l’école johannique. Ce « nous » assure l’authenticité du
témoignage raconté dans l’Évangile et son autorité s’enracine dans le vrai
témoignage du disciple que Jésus aimait. (cf. Brown, An Introduction, 193, cité plus haut).
Dans la première conclusion, le
« nous » de l’évangéliste ne figure pas mais il s’adresse directement
au lecteur par le verbe « croire » conjugué à la deuxième personne du
pluriel en 20,31a : « hina
pisteu[s]ète (pour que vous croyiez) ». Le but de l’Évangile est donc la
foi du lecteur : « pour qu’en croyant vous ayez la vie en son
nom » (20,31c). Il en est de même en 19,35. Le narrateur rapporte le
témoignage du disciple que Jésus aimait au pied de la croix pour que le lecteur
puisse croire : « Celui qui a vu [le disciple que Jésus aimait] rend
témoignage – son témoignage est véritable, et celui-là sait qu’il dit vrai –
pour que vous aussi vous croyiez (hina
kai humeis pisteu[s]ète) »
(19,35). Ici le pronom personnel « vous » (humeis) est une forme d’insistance parce que le verbe
« croire » est déjà conjugué à la deuxième personne du pluriel :
« vous croyiez ». Ainsi, le « vous » en 19,35 ; 20,31
désigne le narrataire de l’Évangile (le lecteur implicite) ainsi que tous les
lecteurs de l’Évangile au cours des siècles.
Dans le Prologue (1,1-18), le « nous »
apparaît 3 fois (1,14a.14b.16). Les 2 fois « nous » en 1,14 peuvent
renvoyer à des réalités différentes. Le narrateur déclare en 1,14 : « Et
le Logos est devenu chair et il a habité parmi nous (en hèmin), et nous avons vu (etheasametha)
sa gloire, gloire comme d’un Fils-unique auprès du Père, plein de grâce et de
vérité. » Le premier « nous » en 1,14b : « il [le
Logos] a habité parmi nous (en hèmin) »
peut renvoyer à la fois au groupe des témoins et à l’humanité entière,
puisqu’il est écrit en 1,9 : « Il [le Logos] était la lumière
véritable qui illumine tout homme, venant dans le monde. » Ainsi les
témoins affirment en 1,14b que le Logos a établi sa tente parmi nous,
c’est-à-dire parmi « l’humanité », c’est un « nous »
universel. Tandis que le deuxième « nous » en 1,14c :
« nous avons vu (etheasametha)
sa gloire » désigne les témoins oculaires de la venue du Logos. Le
« nous » ici renvoie au groupe des disciples de la première
génération et ce « nous » se place au même niveau que le témoignage
du disciple que Jésus aimait en
19,35 : « Celui qui a vu [la mort de Jésus] rend témoignage ». En
même temps, le « nous » en 1,14c renvoie aussi au témoignage des
membres de l’école johannique. Ces derniers s’appuient sur le témoignage
oculaire du disciple que Jésus aimait. Le deuxième « nous » est donc un « nous exclusif », réservé aux témoins, ceux-ci
s’adressent au lecteur pour témoigner de « la gloire » du « Logos
devenu chair » (1,14a).
Quant au « nous » en 1,16 :
« car de sa plénitude nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce »,
le pronom « nous (hèmeis) »
ici renvoie d’abord aux témoins oculaires en 1,14, et ensuite à tous les
croyants au cours des siècles. Chaque membre de la communauté croyante a reçu
« grâce sur grâce » de la plénitude du Fils-unique (cf. 1,14). C’est
en écoutant et en accueillant la prédication des témoins oculaires que tous les
croyants deviennent, à leur tour, les témoins de Jésus.
Au cours de sa mission, Jésus parle en « nous » 2 fois en
3,11 ; 4,22. Il dit à Nicodème en 3,11 : « En
vérité, en vérité, je te le dis, nous parlons de ce que nous savons et nous
attestons ce que nous avons vu ; mais vous n’accueillez pas notre
témoignage. » Dans le contexte du dialogue entre Jésus et Nicodème en
3,1-12, le témoignage de ce « nous » dans la parole de Jésus peut
être interprété sur deux niveaux. Au premier niveau de lecture, Jésus s’identifie
à ses disciples en disant : « Nous parlons de ce que nous savons et
nous attestons ce que nous avons vu » (3,11a). S’il s’agit des disciples de
la première génération, ils sont les témoins oculaires de la mission de Jésus
comme il le dit en 15,27 : « Vous [les disciples] aussi, vous
témoignerez, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. » Au deuxième niveau de lecture, Jésus s’identifie
à la communauté croyante au cours des siècles. Dans ce cas, Jésus confirme le
témoignage de la communauté en s’identifiant à elle. C’est-à-dire que lorsque les
croyants au cours des siècles témoignent de Jésus et de sa révélation rapportée
dans l’Évangile, c’est Jésus lui-même qui témoigne avec eux. Les croyants peuvent
donc utiliser la même formule que Jésus : « Nous parlons de ce
que nous savons et nous attestons ce que nous avons vu » (3,11a). Le
« nous » dans la parole de Jésus en 3,11 renvoie à la tradition vivante
des témoins de l’Église dans un contexte du refus. Ce refus est indiqué dans la
deuxième partie de la parole en Jésus : « …mais vous n’accueillez pas
notre témoignage » (3,11b). Le « vous » ici renvoie à Nicodème, aux
autorités juives ainsi qu’à tous ceux qui n’accueillent pas encore le
témoignage de Jésus et de ses disciples.
Dans la même perspective de 3,11, Jésus parle
en « nous » à la femme samaritaine en 4,22 : « Vous, vous
adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons,
car le salut vient des Juifs. » Auparavant en 4,7-19, Jésus et la femme se
tutoient, puis le « nous » et le « vous » interviennent
brusquement en 4,20-22. Comme en 3,11, Jésus parle à la place de ses disciples.
En même temps le « nous » en 3,11 et 4,22 correspond aussi à la
prédication et au témoignage de la communauté johannique et de tous les
croyants au cours de l’histoire. Ainsi le témoignage de « nous »
(Jésus, ses disciples au cours des siècles) est adressé à « vous » (les
contemporains de Jésus et le lecteur de tout temps).
En résumé, l’auteur implicite s’adresse au
lecteur implicite non seulement par le récit mais en particulier par l’usage
des pronoms « nous » et « vous », établissant ainsi une communication
directe entre l’auteur et le lecteur. Cette stratégie narrative rend vivant le
message du récit puisque l’auteur et le lecteur sont impliqués dans le récit.
Dans la première partie de cet article, nous
avons présenté les notions d’auteur et de lecteur selon deux perspectives
différentes : (1) L’auteur et le lecteur
réels sont l’objet de l’étude historique (l’approche diachronique). (2) L’auteur
et le lecteur implicites, qui correspondent au narrateur et au narrataire,
sont l’objet de l’étude littéraire
(l’approche synchronique). Ces deux approches (diachronique et synchronique)
nous aident à comprendre le texte de l’Évangile de Jean. Nous avons défini le
lecteur au cours des siècles. Ce lecteur, qui n’est ni « le lecteur réel »
ni « le lecteur implicite », désigne tous ceux qui lisent et étudient
le texte de l’Évangile. Pour saisir le message du texte, ce lecteur devrait
lire attentivement le récit selon deux dimensions : « l’histoire
racontée » et « la mise en récit ». Cette lecture permet de
dessiner la figure de l’auteur implicite et de rapprocher la position du lecteur
implicite qui est supposé comprendre parfaitement le message du texte.
Dans la deuxième partie, nous avons étudié la
formation du quatrième Évangile dans la perspective diachronique. Il existe
plusieurs propositions concernant les étapes de la formation de cet Évangile.
Nous retenons trois étapes principales liées à trois personnages appartenant à une
école de pensée appelée « l’école johannique » : (1) Le disciple
que Jésus aimait, le chef de file de l’école johannique, a mis par écrit son
témoignage (21,24). (2) L’évangéliste a écrit une grande partie des ch. 1–20
avec la première conclusion en 20,30-31. (3) Le rédacteur a rédigé le ch. 21 et
a donné la forme finale de l’Évangile. Ces trois étapes sont des hypothèses
basées sur l’état final de l’Évangile, elles nous aident à tenir compte de la
complexité de la rédaction de l’Évangile et à ne pas considérer de manière
simpliste que l’Évangile a été écrit d’un seul trait et par un seul auteur dans
la perspective diachronique.
Dans la troisième partie, nous avons abordé quelques
stratégies narratives dans la perspective synchronique. Notre préoccupation est
de faire comprendre le sens du message de l’Évangile dans son état final comme
une unité littéraire et non pas de s’attarder sur les hypothèses de la genèse
du texte. Nous nous rallions donc à l’opinion de Brown, An Introduction, 86 : « Je souscris entièrement à
Culpepper : “C’est dans sa forme actuelle, non pas dans son origine que l’Évangile
doit être abordé comme une unité, une œuvre littéraire dans son ensemble”
[Culpepper, Anatomy, 49]. » (“I agree fully with Culpepper: ‘In its present
form, if not in its origin, the Gospel must be approached as a unity, a
literary whole’ [Culpepper, Anatomy,
49].” Ainsi nous avons étudié trois aspects de la
stratégie narrative de l’Évangile qui manifestent la cohérence de l’ensemble du
récit et la relation directe entre l’auteur implicite et le lecteur : (1)
L’ensemble de l’Évangile doit être lu dans un processus de relecture et
d’intertextualité. (2) La complémentarité entre les deux conclusions
(20,30-31 ; 21,24-25) manifeste l’unité du texte final. (3) L’auteur et le
lecteur sont impliqués directement dans le récit par les pronoms
« nous » et « vous ».
De nos jours, le texte de l’Évangile de Jean est
à la portée de tous les lecteurs, nous sommes invités à vivre l’Évangile comme des
lecteurs actifs puisque cet Évangile est écrit pour offrir aux lecteurs la nourriture
impérissable (cf. 6,27), l’eau vive (cf. 4,13), l’amour, l’amitié (cf. 15,9-15),
la vraie vie (cf. 20,31)... Ces dons offerts par Jésus permettent aux lecteurs de
surmonter tous les défis dans leur vie pour parvenir à s’épanouir et à assumer pleinement
leur existence dans la joie (cf. 15,11 ; 16,22) et la paix (cf.
14,25 ; 16,33)./.
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