Article sur : Jn 2,13-22: Jésus et le Temple de Jésusalem
TRADUCTION
Jn 2,13-22 : Jésus et le
Temple de Jérusalem
13 Et la Pâque des Juifs était proche, et
Jésus monta à Jérusalem. 14 Et il trouva dans le Temple les vendeurs de bœufs,
de brebis et de colombes, et les changeurs [1] assis. 15 Se faisant
un fouet de cordes, il les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les
bœufs, il répandit la monnaie des changeurs et renversa les tables, 16 et aux
vendeurs de colombes il dit : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de
la maison de mon Père une maison de commerce. » 17 Ses disciples se
rappelèrent qu’il est écrit : « Le
zèle de ta maison me dévorera. » [2]
18 Alors les Juifs répondit et lui dirent :
« Quel signe [3] nous montres-tu pour faire cela ? » [4]
19 Jésus répondit et leur dit : « Détruisez [5] ce
sanctuaire [6] et en trois jours je le relèverai. [7] »
20 Alors les Juifs dirent : « Ce sanctuaire a été construit
quarante-six ans, et toi, en trois jours tu le relèveras ? » 21 Mais celui-ci
parlait du sanctuaire de son corps. 22 Aussi lorsqu’il fut relevé d’entre les
morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture
et à la parole qu’avait dite Jésus.
NOTES
[1] 2,14 : « Les
changeurs (tous kermatistas) ».
Ce sont des changeurs de monnaie. Le terme kermatistès
(changeur) en 2,14 est un Hapax du NT. Un autre terme est utilisé pour parler
des changeurs en 2,15 : kollubistès
comme dans le parallèle de Mc et Mt.
[2] 2,17b : « Le zèle de ta maison me dévorera. »
Cette citation vient du Ps 69,10a (LXX) avec une modification de la conjugaison
du verbe « dévorer » (katesthiô).
Ce verbe est à l’indicatif aoriste dans Ps 69,10a « m’a dévoré », il
passe au futur en Jn 2,17 : « me dévorera ». Ce changement vise
le destin de Jésus à la fin de sa mission.
[3] 2,18b : « Quel
Signe (sèmeion) ». Le terme
« signe » ici doit être compris dans le sens d’une intervention
miraculeuse et spectaculaire comme le signe à Cana (2,1-12). La demande des
Juifs n’a pas été accordée, Jésus ne fait aucun signe prodigieux. Nous ne
pouvons donc pas considérer les gestes et les paroles de Jésus dans la péricope
en 2,13-22 comme un signe.
[4] 2,18b : « Quel
signe nous montres-tu pour faire cela ? ». L’expression « pour
faire cela ? (hoti tauta poieis ?)
peut être traduite de trois manières : (1) La particule « hoti » introduit une proposition
consécutive : « pour faire cela ? » La question des Juifs
vise l’autorité de Jésus. La demande du signe a pour objet de légitimer son
action. Voici quelques traductions dans la ligne « pour +
infinitif » : « pour faire cela ? » (Jeanne
d’Arc ; Latour, Le signe du
sanctuaire,
25) ; « pour agir ainsi ? »
(Osty ; Mollat ; BiJer, 2000) ; « pour en agir
ainsi ? » (Léon-Dufour*, I) ; « pour agir de la
sorte ? » (TOB, 2011). (2) « hoti »
introduit une subordonnée complétive : « que tu fais cela »
(Delebecque) ; « que tu fasses cela ? »
(Boismard–Lamouille*, III), « que tu fais ces-choses ? »
(Simoens*, I). Dans ce cas, les Juifs demandent un signe pour confirmer
l’action prophétique de Jésus. (3) « hoti »
introduit une proposition causale : « puisque tu fais
cela ? » (Zumstein*, I). Cette proposition devient une clause de
justification de la demande de signe. Du point de vue grammatical, ces trois
traductions sont possibles, nous choisirons la première traduction parce
qu’elle correspond mieux au contexte littéraire. (Cf. Latour, Le signe du sanctuaire, 25-26).
[5] 2,19b : « Détruisez
(lusate) ». Jésus utilise ici le
verbe grec luô. Ce verbe apparaît en
6 occurrences dans l’évangile de Jean (1,27 ; 2,19 ; 5,18 ;
7,23 ; 10,35 ; 11,44) avec quatre sens différents selon le
contexte : (1) « délier » (1,27 ; 11,44) ; (2)
« détruire » (2,19) ; (3) « abolir » (10,35) ;
(4) « violer » (5,18 ; 7,23).
[6] 2,19b : « Sanctuaire
(naos) ». Ce terme n’apparaît
qu’en 3 occurrences dans l’évangile de Jean (2,19.20.21). Nous distinguons les
termes grecs « hieron »
(temple) et « naos »
(sanctuaire). Le temple (hieron)
désigne souvent l’ensemble de l’édifice : le sanctuaire, les parvis,
l’esplanade soutenue par des murs d’enceinte. Le sanctuaire (naos) désigne souvent le bâtiment
principal, c’est le Temple proprement dit, mais en 2,20 le naos renvoie aussi à l’ensemble de
l’édifice. Certaines traductions ne font pas la différence entre « hieron » (temple) et « naos » (sanctuaire). Le terme
« naos » est traduit aussi
par « temple » dans Boismard–Lamouille*, III, 107 ; TOB,
2011.
[7] 2,19c : « Je
le relèverai (egerô) ». Le verbe
grec egeirô (relever, se lever), 13 fois dans l’évangile de Jean (2,19.20.22 ; 5,8.21 ; 7,52 ;
11,29 ; 12,1.9.17 ; 13,4 ; 14,31 ; 21,14) contient quatre
sens : (1) « relever un bâtiment ». Jésus l’utilise en 2,19 avec un
double sens qui provoque le malentendu des Juifs en 2,20 ; (2) « relever d’entre des morts »
(2,22 ; 12,1.9.17 ; 21,14) ou « relever des morts » (5,21) veut dire « ressusciter ». (3) « se lever » (5,8; 11,29; 13,4; 14,31). (4) « surgir » (sortir ;
venir) quelqu’un (7,52). Dans ces 13 occurrences, ce verbe désigne 6 fois la résurrection, celle de Jésus
(2,22 ; 21,14), de Lazare (12,1.9.17), des morts (5,21). Le verbe egeirô est donc un terme technique pour désigner la résurrection.
Email:
josleminhthong@gmail.com
Le 5 octobre 2015.
Source : http://leminhthongtinmunggioan.blogspot.co.il/2015/10/jn-213-22-traduction-et-notes.html
Source : http://leminhthongtinmunggioan.blogspot.co.il/2015/10/jn-213-22-traduction-et-notes.html
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