Article en vietnamien:
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Le 31 Mars 2014.
Contenu
I. Introduction
II. L’usage d’“egô eimi” dans l’Évangile de Jean
1. Le sens courant
d’“egô eimi”
a) “Egô eimi”
désigne un lieu, une appartenance
b) Les autres
personnages utilisent “egô eimi”
2. Le sens théologique
d’“egô eimi” de Jésus
a) “Egô eimi” avec
un attribut explicite (14 fois)
b) “Egô eimi”
pour identifier le locuteur (5 fois)
c) “Egô eimi” à
l’état absolu (4 fois)
III. “Egô eimi” dans l’AT
1. Le sens courant
d’“egô eimi”
2. “Egô eimi”
désigne le Nom divin de Yahvé (YHWH)
IV. “Egô eimi” dans le livre de l’Apocalypse
V. L’interprétation johannique d’“egô eimi”
1. “Egô eimi” avec un
attribut
2. “Egô eimi” pour identifier
le locuteur
a) “C’est Moi, celui qui te parle” (4,26)
b) “C’est moi. N’ayez pas peur” (6,20)
c) “C’est moi” (18,5)
3. “Egô eimi” à l’état absolu
a) “Si vous ne croyez pas que Moi, Je Suis…”
(8,24)
b) “Alors vous saurez que Moi, Je Suis…”
(8,28)
c) “Avant qu’Abraham existât, Moi, Je Suis”
(8,58)
d) “Vous croyiez que Moi, Je Suis” (13,19)
VI. Conclusion
VII. Bibliographie
I. Introduction
L’expression grecque “egô eimi” veut dire “moi, je suis” ou “je
le suis” selon le contexte. “Egô eimi” peut avoir un sens courant. Par exemple,
Jean le Baptiste répond aux interrogateurs en Jn 1,20b: “Je ne suis pas le Christ (egô ouk eimi ho Khristos)”, ou
Pilate dit à Jésus: “Est-ce que je suis Juif, moi? (mêti egô Ioudaios eimi;)”
(18,35a). (Les citations sont prises dans la
Bible de Jérusalem, 2000).
Jésus utilise la formule “egô eimi” soit avec l’attribut
explicite comme il dit aux Juifs: “Je suis (egô eimi) la lumière du monde”
(8,12), soit avec l’attribut implicite pour l’identifier comme en 6,20: “C’est
moi (egô eimi). N’ayez pas peur”, dit Jésus aux disciples. En particulier,
l’usage absolu de “egô eimi” sans attribut: par exemple, Jésus dit aux Juifs en 8,58b: “Avant qu’Abraham
existât, Moi, Je Suis (egô eimi).”
Quel est l’usage de “egô eimi” dans l’Évangile de Jean? À qui
renvoie-t-il la formule “egô eimi” dans l’Ancien Testament (l’AT)? Quel
est le sens théologique de “egô eimi” de Jésus dans l’Évangile de Jean? Pour
répondre à ces questions nous traitons quatre points : (1) L’usage d’“egô
eimi” dans l’Évangile de Jean, (2) “Egô eimi” dans l’AT, (3) “Egô eimi” dans le
livre de l’Apocalypse et (4) L’interprétation d’“egô eimi” selon la théologie
johannique.
II. L’usage d’“egô
eimi” dans l’Évangile de Jean
Dans la langue grecque, “egô” est le pronom personnel de la
première personne au singulier (je), “eimi” est le verbe “être”, conjugué à la première personne au singulier, “eimi” a
le sens de “je suis”. Dans l’expression “egô eimi”, “egô” est la forme
d’insistance du sujet, elle peut se traduire par: “Moi, je suis” ou “C’est
moi”, selon le contexte.
Ainsi, il existe un usage d’“eimi” sans insistance sur le sujet par le pronom personnel “egô”. Par exemple, Jésus dit aux
disciples en 9,5: “Tant que je suis dans le monde, je suis (eimi) la lumière du
monde.” En 18,37a, Jésus dit à Pilate: “Tu le dis: je suis (eimi) roi.” Jésus
dit à ses disciples en 13,13: “Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites
bien, car je le suis (eimi).” Voir les autres usages d’“eimi” sans “egô” en 1,21b; 14,9.
Quant à l’usage d’“egô”
sans “eimi”, Jésus déclare en
12,46: “Moi (egô), lumière, je
suis venu dans le monde.” Le terme “lumière” qui suit le pronom “egô” joue le
rôle d’apposition. Jésus s’identifie
à la lumière, c’est-à-dire qu’il est la lumière. En 1,23a, Jean Baptiste définit sa mission:
“Moi (egô)? la voix de celui qui crie
dans le désert. Rendez droit le chemin du Seigneur…” Dans cet article nous ne
nous intéressons qu’à la formule “egô eimi.”
1. Le sens courant d’“egô eimi”
Dans l’Évangile de Jean, Jésus utilise l’expression “egô
eimi” pour désigner un lieu ou une appartenance. Les autres personnages
utilisent aussi la formule “egô eimi”. Dans ce cas, “egô eimi” a un sens
courant.
a) “Egô eimi” désigne un lieu, une appartenance
La formule “hopou eimi egô” (où je suis) apparaît cinq fois en 7,34.36; 12,26 ;
14,3 ; 17,24. Jésus dit aux Pharisiens en 7,34b: “Où je suis (hopou eimi
egô), vous ne pouvez pas venir.” Les Pharisiens répètent cette parole en 7,36. Jésus
déclare en 12,26 : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et où je
suis (hopou eimi egô), là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon
Père l’honorera ». La même expression se trouve en 14,3, Jésus dit à ses
disciples: “Quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à
nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis
(hopou eimi egô), vous aussi, vous soyez.” Jésus adresse à son Père à la fin du
chapitre 17 : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je
suis (hopou eimi egô), eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma
gloire, que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé (êgapêsas me) avant la fondation du monde » (17,24).
La formule “egô eimi + ek” a le sens de “être de”,
“appartenir à”. Ce sens est employé quatre fois en 8,23a.23b; 17,14b.16b. Jésus
dit aux Pharisiens en 8,23: “Vous, c’est d’en bas que vous êtes; moi, c’est d’en
haut que je suis (egô ek tôn anô eimi). Vous, c’est de ce monde que vous êtes;
moi, je ne suis pas de ce monde (egô ouk eimi ek tou kosmou toutou).” En
17,14b, Jésus dit à son Père: “Comme moi je ne suis pas (kathos egô ouk eimi) du
monde (ek tou kosmou).” Jésus le redit en 17,16b: “Comme moi je ne suis pas (kathos
egô ouk eimi) du monde (ek tou kosmou).”
Dans les citations ci-dessus, ce n’est pas strictement la
formule “egô eimi”, mais c’est “hopou eimi egô” (où je suis) ou sous la forme
négative “egô ouk eimi + ek” (je ne suis pas de). Ces occurrences renvoient à la
demeure de Jésus ou bien elles affirment que Jésus n’appartient pas au monde.
b) Les autres personnages utilisent “egô
eimi”
Il existe 4 occurrences (1,20; 3,28; 9,9; 18,35) dans
lesquelles ce n’est pas Jésus qui dit “egô eimi”. D’abord, Jean Baptiste
utilise deux fois la formule “egô ouk eimi” (Je ne suis pas) en 1,20; 3,28. Le
narrateur raconte en 1,19-21: “19 Et voici quel fut le témoignage de Jean,
quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui
demander: ‘Qui es-tu?’ 20 Il confessa, il ne nia
pas, il confessa: ‘Je ne suis pas le Christ (egô ouk eimi ho Khristos)’ – 21 ‘Qu’es-tu
donc? Lui demandèrent-ils. Es-tu Elie?’ Il dit: ‘Je ne le suis pas (ouk eimi)’ –
“Es-tu le prophète?’ Il répondit: ‘Non (ou).’” De ces trois réponses négatives
de Jean figure une seule fois la formule “egô eimi” sous la forme négative:
“egô ouk eimi” en 1,20b. En 3,28b, Jean Baptiste dit à ses disciples: “Je ne
suis pas le Christ (ouk eimi egô ho Khristos).”
Ensuite, l’aveugle-né dit “egô eimi” en 9,9. Le narrateur
raconte de lui en 9,8-9: “8 Les voisins et ceux qui
étaient habitués à le voir auparavant, car c’était un mendiant, dirent alors: ‘N’est-ce
pas celui qui se tenait assis à mendier?’ 9 Les uns disaient: ‘C’est lui.’ D’autres
disaient: ‘Non, mais il lui ressemble.’ Lui disait: ‘C’est moi (egô eimi).’” Enfin,
Pilate utilise la formule “egô eimi”, quand il dit à Jésus en 18,35a: “Est-ce
que je suis Juif, moi? (mêti egô Ioudaios eimi;)”
En résumé, tous les usages d’“egô eimi” indiqués ci-dessus,
à savoir “hopou eimi egô” (où je suis) et “egô ouk eimi” (je ne suis pas) de
Jésus, ainsi qu’“egô eimi” de Jean Baptiste, de l’aveugle-né et de Pilate ont un
sens courant, sans implication théologique.
2. Le sens théologique d’“egô eimi” de Jésus
Nous pouvons considérer que les vingt-trois occurrences ci-dessous
d’“egô eimi” de Jésus ont un sens théologique. Ces emplois d’“egô eimi” qui
révèlent l’identité divine de Jésus peuvent être classés en trois catégories:
a) “Egô eimi” avec un attribut explicite
(14 fois)
Les 14 fois d’“egô eimi” avec un attribut explicite sont les
révélations de Jésus sur son identité et sa mission auprès des hommes:
1. Moi, je suis le pain de vie (4 fois: 6,35.41.48.51).
2. Moi, je suis la lumière du monde (1 fois: 8,12), cf. 9,5;
12,46.
3. Moi, je suis le témoin de moi-même (1 fois: 8,18).
4. Moi, je suis la résurrection (1 fois: 11,25).
5. Moi, je suis la porte des brebis (2 fois: 10,7.9).
6. Moi, je suis le
bon pasteur (2 fois: 10,11.14).
7. Moi, je suis le
Chemin, la Vérité et la Vie (1 fois: 14,6).
8. Moi, je suis la
vigne véritable (2 fois: 15,1.5).
b) “Egô eimi” pour identifier le locuteur
(5 fois)
Il y a 5 fois l’expression “egô eimi” qui servent à
identifier le locuteur en 4,26; 6,20; 18,5.6.8. Jésus dit à la femme
samaritaine à propos du Messie: “Je le
suis (egô eimi), moi qui te parle” (4,26). En 6,20, Jésus dit à ses disciples
quand il marche sur le lac de Tibériade: “C’est moi (egô eimi). N’ayez pas
peur.” En 18,5, Jésus dit “C’est moi (egô eimi)” aux gens qui viennent pour l’arrêter. Cet “egô eimi” est redit en 18,5.6.
c) “Egô eimi” à l’état absolu (4 fois)
Les 4 fois d’“egô eimi” à l’état absolu se trouvent en
8,24.28.58; 13,19. Jésus dit aux Pharisiens en 8,24b.28a: “Car si vous ne
croyez pas que Moi, Je Suis (egô eimi), vous mourrez dans vos péchés” (8,24b);
“Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous saurez que Moi, Je Suis
(egô eimi)” (8,28a). En 8,58b, Jésus affirme aux Juifs: “Avant qu’Abraham
existât, Moi, Je Suis (egô eimi).” Au cours du dernier repas avec ses
disciples, Jésus leur dit en 13,19: “Je vous le dis, dès à présent, avant que
la chose n’arrive, pour qu’une fois celle-ci arrivée, vous croyiez que Moi, Je
Suis (egô eimi).”
Nous analyserons ces 23 occurrences d’“egô eimi” plus tard,
pour l’instant nous observons l’usage d’“egô eimi” dans l’AT et puis dans le
livre de l’Apocalypse.
III. “Egô eimi” dans
l’AT
La formule “egô eimi” dans l’AT peut avoir un sens courant,
mais nous nous intéressons au sens théologique, puisque “egô eimi” est utilisé
pour désigner le Nom divin de Yahvé (YHWH). Le texte hébreu de la Bible est
appelé le texte Massorétique (TM) et la traduction grecque de la Bible
hébraïque est appelé la Septante (LXX). La formule en hébreu “’anî” (je suis), “’anî hû’”
ou “’anokî
hû’” (je le suis, I am he) est traduite dans la Septante par “egô eimi”.
Les termes hébreux “’anî” et “’anokî” désignent le pronom personnel à la première personne du singulier
(je); “hû’”
est le pronom personnel à la troisième personne du singulier (il).
1. Le sens courant d’“egô eimi”
Comme dans l’Évangile de Jean, “’anî” (egô, egô eimi) dans
l’AT peut avoir le sens normal qui ne désigne pas le Nom divin de Dieu. Par
exemple, David dit à Dieu (elôhîm) en 1Ch 21,17: “N’est-ce pas moi (’anî, egô)
qui ai ordonné de recenser le peuple? N’est-ce pas moi (’anî hû’, egô eimi)
qui ai péché et qui ai commis le mal? Mais ceux-là, c’est le troupeau, qu’ont-ils
fait? Yahvé, mon Dieu, que ta main s’appesantisse donc sur moi et sur ma
famille, mais que ton peuple échappe au fléau!”
Yahvé dit dans le passage de lamentation sur Babylone en Is 47,8-9: “8
Maintenant écoute ceci, voluptueuse! toi qui es assise en sécurité et qui dis
dans ton coeur: ‘Moi (’anî, egô eimi), sans égale, je ne resterai pas veuve, je
ne connaîtrai pas la privation d’enfants!’ 9 Eh bien, ces deux malheurs
fondront sur toi, soudainement, en un jour, privation d’enfants et veuvage,
tout à coup ils fondront sur toi, en dépit de tous tes sortilèges, de la
puissance de tes incantations.” Dans le livre du prophète Sophonie,
Yahvé contre Assur, l’ennemi du nord d’Israël en So 2,15: “C’est la cité
joyeuse qui trônait avec assurance, celle qui disait en son cœur: ‘Moi (’anî, egô eimi),
sans égale!’ Comment est-elle devenue un objet de stupeur, un repaire pour les
bêtes? Quiconque passe auprès d’elle siffle et agite la main.” Les expressions
“’anî hû’, egô
eimi” dans les citations ci-dessus ont le sens courant.
2. “Egô eimi” désigne le Nom divin de Yahvé
(YHWH)
Un autre usage de l’expression “egô eimi”, en particulier dans
le Second Isaïe (le livre de la consolation d’Israël, Is 40–55), contient un
sens spécifique. La formule en hébreu: “’anî hû’” ou “’anokî hû’” (c’est
moi, je le suis, I am he) provient de l’expression complète: “’anî yhwh” ou “’anokî yhwh”
(Je suis Yahvé, I am Yahweh). La Septante traduit la formule “’anî yhwh” ou “’anokî yhwh”
de l’hébreu par “egô theos” (Je suis Dieu) ou “egô kurios (Je suis Seigneur)”
(Gn 28,13). En Ez 20,5, il y a ces deux titres: “Je suis Yahvé votre Dieu (’anî yhwh ’elôhêkem,
egô kurios ho theos humôn).”
L’expression “’anî hû’”
(en hébreu), “egô eimi” (en grec) est employée à plusieurs reprises dans le
Second Isaïe avec une solennité particulière pour parler de Yahvé. Par exemple,
Yahvé parle de Cyrus en Is 41,2-4: “2 Qui a suscité de l’Orient celui que la justice
appelle à sa suite, auquel il livre les nations, et assujettit les rois? Son
épée les réduit en poussière et son arc en fait une paille qui s’envole. 3 Il
les chasse et passe en sécurité par un chemin que ses pieds ne font qu’effleurer.
4 Qui a agi et accompli? Celui qui dès le commencement appelle les générations;
moi, Yahvé (’anî yhwh, egô theos), je suis le premier, et avec les derniers je
serai encore (’anî hû’, egô eimi).”
En Is 43,10-13, le prophète Isaïe transmet au peuple d’Israël oracle de Yahvé: “10
C’est vous qui êtes mes témoins, oracle de Yahvé, vous êtes le serviteur que je
me suis choisi, afin que vous le sachiez, que vous croyiez en moi et
que vous compreniez que c’est moi (’anî hû’, egô eimi): avant moi aucun dieu n’a
été formé et après moi il n’y en aura pas. 11 Moi, c’est moi Yahvé (’anokî ’anokî
yhwh, egô hô theos), et en dehors de moi il n’y a pas de sauveur. 12 C’est moi
qui ai révélé, sauvé et fait entendre, ce n’est pas un étranger qui est parmi
vous, vous, vous êtes mes témoins, oracle de Yahvé, et moi, je suis Dieu, 13 de
toute éternité je le suis (’anî hû’); nul ne peut délivrer de ma main, si j’agis,
qui pourrait me faire renoncer?”
En Is 46,4, Yahvé dit: “Jusqu’à la vieillesse je reste le même (’anî hû’,
egô eimi), jusqu’aux cheveux blancs je vous porterai: moi, je l’ai déjà fait,
moi je vous soulèverai, moi, je vous porterai et je vous sauverai.” Yahvé dit
en Is 48,12: “Écoute-moi, Jacob, Israël que j’ai appelé, c’est moi (’anî hû’
’anî, hon egô kalô), moi qui suis (’anî, egô eimi) le premier et c’est moi (’anî,
egô eimi) aussi le dernier.” En Is 52,6, le nom de Yahvé est lié à “egô eimi”,
Yahvé dit: “C’est pourquoi mon peuple connaîtra mon nom (onoma), c’est pourquoi
il saura, en ce jour-là, que c’est moi (’anî hû’, egô eimi) qui dis: ‘Me voici’”
(Is 52,6).
Les citations ci-dessus montrent que “egô eimi” désigne le Nom de Yahvé en
tant que l’unique Dieu: “En dehors de moi il n’y a pas de sauveur” (Is 43,11b).
Hormis le Second Isaïe voir
l’usage de l’expression “Je suis Yahvé (’anî yhwh, egô kurios)” en Gn 28,13; Ez
20,5; “Je suis (’anî, egô eimi) El Chaddaï” en Gn 17,1; “Je suis (’anokî, egô
eimi) le Dieu de ton père Abraham” en Gn 26,24.
Il existe aussi l’expression avec le
double “egô eimi” en Is 43,25 et 51,12. Yahvé dit: “C’est moi, moi, (’anokî
’anokî hû’, egô eimi, egô eimi) qui efface tes crimes par égard pour moi, et je
ne me souviendrai plus de tes fautes” (Is 43,25); “C’est moi, je suis (’anokî
’anokî hû’, egô eimi, egô eimi) celui qui vous console; qui es-tu pour craindre
l’homme mortel, le fils d’homme voué au sort de l’herbe?” (Is 51,12). Le double
“egô eimi” peut se comprendre dans le sens “Je suis ‘JE SUIS’ celui qui efface
tes crimes” (Is 43,25a), “Je suis ‘JE SUIS’ celui qui vous console” (Is 51,12a).
Ainsi, “JE SUIS” devient le Nom divin de Yahvé.
En dehors du Second Isaïe, nous trouvons l’usage de “egô eimi”
désignant le Nom de Dieu en Dt 32,39. Dans la partie du Cantique de Moïse (Dt
32–34), Yahvé
dit: “Voyez maintenant que moi, moi je Le suis (’anî ’anî hû’, egô eimi) et que
nul autre que moi n’est Dieu (elôhîm, theos)! C’est moi qui fais mourir et qui
fais vivre; quand j’ai frappé, c’est moi qui guéris (et personne ne délivre de
ma main).”
“Egô eimi” johannique renvoie aussi à Ex 3,14: ici ce n’est plus la formule
hébreu “’anî hû’” (je le suis, I [am] he), mais c’est le verbe “hâyâh” (être,
to be) qui est utilisé. La Septante traduit ce verbe en Ex 3,14 par “egô eimi.”
Voici le texte d’Ex 3,14: “Dieu dit à Moïse: ‘Je suis celui qui est (’ehyeh
’aser ’ehyeh, egô eimi ho ôn).’ Et il dit: ‘Voici ce que tu diras
aux Israélites: ‘Je suis (’ehyeh, ho ôn) m’a envoyé vers vous.’” La
phrase en hébreu: “’ehyeh ’aser ’ehyeh” signifie que “je
suis qui je suis” (I am who I am) ou “je suis celui qui est” (I am he who is).
La Septante traduit la deuxième partie de la phrase “’aser ’ehyeh”
par le participe du verbe “eimi” (être) au nominatif avec l’article: “ho ôn”
qui a la valeur d’un nom. Ainsi, “’ehyeh” (en hébreu), “ho ôn” (en
grec) et “Je Suis” est le Nom de Dieu (’elôhîm, theos).
En résumé, la formule “egô eimi” dans la Septante est traduite de l’expression
hébreu “’anî hû’” (je le suis, je suis) ou “’ehyeh” (je suis) en Ex
3,14. Dans son contexte, “Je suis” désigne le Nom divin de Yahvé. Dans cette
perspective, la formule “egô eimi” de Jésus dans l’Évangile de Jean peut fait
allusion au Nom du Yahvé dans l’AT, et par cette allusion, Jésus affirme son
identité divine. Avant d’analyser l’“egô eimi” de Jésus dans l’Évangile de
Jean, nous abordons brièvement l’usage d’“egô eimi” dans le livre de l’Apocalypse.
IV. “Egô eimi” dans
le livre de l’Apocalypse
L’affirmation de Yahvé en Is 48,12: “Écoute-moi, Jacob, Israël que j’ai appelé,
c’est moi (’anî hû’ ’anî, hon egô kalô), moi qui suis (’anî, egô eimi) le
premier et c’est moi (’anî, egô eimi) aussi le dernier” fait allusion à la
parole du Seigneur Dieu dans le livre de l’Apocaplyse 1,8: “Je suis (egô eimi) l’Alpha et l’Oméga (to alpha to ô), dit le
Seigneur Dieu, ‘Il est, Il était et Il vient’, le Maître-de-tout.” L’Alpha et et l’Oméga (to alpha to ô) sont la première et la dernière lettres
de l’alphabet grec. L’expression “l’Alpha et l’Oméga” veut dire “le Premier et le Dernier.” Ces expressions expriment la souveraineté de Dieu sur toute la création,
du commencement à la fin de l’histoire. Il est “le Maître-de-tout” (Ap 1,8c). Jésus glorifié dans le livre d’Apocaplyse
possède les mêmes titres. Jésus dit en Ap 22,13: “Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin.” En Ap 2,8, Jésus dit à Jean: “À l’Ange de l’Église de Smyrne,
écris: Ainsi parle le Premier et le Dernier (ho prôtos kai ho eskhatos),
celui qui fut mort et qui a repris vie...”
Dans le livre de l’Apocaplyse, Jésus a les mêmes titres que Dieu mais il n’y a pas d’amalgame, Jésus ne prend
pas la place de Dieu. Il parle de Dieu par ces appellations: “mon Dieu” (Ap
3,12) et “mon Père” (Ap 3,21). À l’Église de Philadelphie, Jésus glorifié dit
en Ap 3,12: “Le vainqueur, je le ferai colonne dans le temple de mon Dieu; il n’en
sortira plus jamais et je graverai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la Cité de mon Dieu, la
nouvelle Jérusalem qui descend du Ciel, de chez mon Dieu, et le nom nouveau que je porte.” À l’Église de
Laodicée, Jésus promet en Ap 3,21: “Le vainqueur, je lui donnerai de siéger
avec moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, j'ai siégé avec mon
Père sur son trône.”
Le parallélisme des titres attribués à Dieu et à Jésus ci-dessus nous aide
à comprendre l’expression “egô eimi” de Jésus dans l’Évangile de Jean.
V. L’interprétation johannique
d’“egô eimi”
Cette partie analysera
23 occurrences d’“egô eimi” de Jésus dans l’Évangile de Jean, lesquelles peuvent
être interprétées dans un sens théologique. Ces occurrences seront présentées en trois
catégories: (1) “egô eimi” avec un attribut, (2) “egô eimi” pour
identifier le locuteur, (3) “egô eimi” à l’état absolu.
1. “Egô eimi” avec un attribut
Jésus utilise 14 fois “egô eimi” (je suis) avec un attribut
explicite. Selon l’ordre du texte, les attributs sont “le pain de vie”
(6,35.48), “le pain descendu du ciel” (6,41), “le pain vivant, descendu du ciel”
(6,51), “la lumière du monde” (8,12), “le témoin” (8,18), “la porte des brebis”
(10,7.9), “le bon pasteur” (10,11.14), “la résurrection” (11,25),
“le Chemin, la Vérité et la Vie” (14,6), “la vigne véritable” (15,1). Si nous
comptons les symboles qui apportent la vie aux hommes, il y en a sept, le chiffre
parfait indiquant la totalité: (1) Le pain, (2) La lumière, (3) La
résurrection, (4) La porte, (5) Le pasteur, (6) Le chemin, et (7) La vigne.
Tous ces sept symboles sont liés à la vie éternelle que
Jésus donne à ceux qui croient en lui. En 6,51a, Jésus dit: “Je suis le pain
vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra pour toujours.” Celui qui
suit Jésus–lumière “aura la lumière de la vie” (8,12c). Pour le symbole de la
porte, Jésus dit en 10,9: “Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi,
il sera sauvé; il entrera et sortira, et trouvera un pâturage,” et en 10,10b: “Moi,
je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante.” Jésus en tant
que bon pasteur déclare aux Juifs à propos de ses brebis en 10,27-28: “27 Mes
brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent; 28 je
leur donne la vie éternelle; elles ne périront jamais et nul ne les arrachera
de ma main.” En 11,25a, Jésus dit à Marthe: “Moi, je suis la résurrection. Qui
croit en moi, même s’il meurt, vivra.” En 14,6, le Chemin qui est Jésus va avec
la Vérité et la Vie. Le dernier symbole de la vigne produit aussi la vie. Par le
fait de demeurer sur la vigne véritable qui est Jésus (15,1), les disciples
portent beaucoup de fruit (15,5), c’est-à-dire qu’ils vivent au lieu d’être
brûlés s’ils ne demeurent pas sur la vigne véritable. Ces promesses seront réalisées
à condition de: “croire en Jésus”.
La crédibilité de ces promesses repose sur la déclaration
solennelle “egô eimi” de Jésus. Dans la perspective johannique, la formule “egô
eimi” suivie par les dons qui font vivre les hommes, s’enracine dans l’identité
divine de Jésus. Il dit “egô eimi + attribut” en tant qu’Envoyé du Père, le Fils
Unique-Engendré du Père, qui est dans le sein du Père (1,18a). Ainsi “egô eimi”
de Jésus avec un attribut assure la véracité de ses promesses.
“Egô eimi” en 8,18 peut être compris dans cette perspective.
Jésus dit aux Pharisiens en 8,18a: “Moi, Je suis mon propre témoin.” La
traduction littérale de cette phrase est: “Moi, je suis le témoin pour moi-même
(egô eimi ho marturôn peri emautou)” (8,18a). Avant d’affirmer ainsi (8,18a),
Jésus dit aux Pharisiens en 8,17: “Il est écrit dans votre Loi que le
témoignage de deux personnes est valable.” Pourquoi, le témoignage de Jésus
seul est-il valable? Dans le contexte immédiat de 8,17-18, c’est parce que
Jésus est “egô eimi” au sens théologique du terme. Cet “egô eimi” renvoie aux
titres de Jésus dans l’Évangile de Jean, il est le Verbe qui “était auprès de
Dieu et le Verbe était Dieu” (1,1b). C’est ainsi qu’il témoigne sur lui-même et
son témoignage est valable. Linguistiquement, “egô eimi” a un sens courant,
mais théologiquement, la formule “egô eimi” renvoie au statut divin de Jésus.
2. “Egô eimi” pour identifier le locuteur
“Egô eimi” pour identifier le locuteur apparaît en 5 occurrences
en 4,26; 6,20; 18,5.6.8. Les deux fois en 18,6.8 sont des répétitions de 18,5.
Il y a donc trois affirmations de Jésus: (a) “C’est Moi (egô eimi), celui qui
te parle” (4,26), (b) “C’est moi (egô eimi). N’ayez pas peur” (6,20), (c)
“C’est moi (egô eimi)” (18,5).
a)
“C’est Moi (egô eimi), celui
qui te parle” (4,26)
Dans le contexte immédiat de 4,25-26, l’“egô eimi” de Jésus
en 4,26 sert à identifier le Messie dont la femme samaritaine a dit à
Jésus en 4,25: “Je sais que le Messie doit venir, celui qu’on appelle Christ.
Quand il viendra, il nous dévoilera tout.” Jésus lui dit en 4,26: “C’est Moi
(egô eimi), celui qui te parle.” Dans l’ensemble du dialogue avec cette femme, l’“egô
eimi” de Jésus en 4,26 fait allusion à son statut particulier. En effet, le Messie–Jésus
dans le contexte de 4,5-26 contient trois caractéristiques:
(1) Jésus est celui qui donne “l’eau vive” (4,10). Jésus dit
à la femme en 4,13-14: “13 Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau; 14 mais
qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif; l’eau que je
lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle.”
(2) Jésus connaît le secret de l’homme. Cette connaissance
figure dans le dialogue avec la femme samaritaine en 4,16-18: “16 Il [Jésus] lui
[la femme] dit: ‘Va, appelle ton mari et reviens ici.’ 17 La femme lui
répondit: ‘Je n’ai pas de mari.’ Jésus lui dit: ‘Tu as bien fait de dire: ‘Je n’ai
pas de mari’, 18 car tu as eu cinq maris et celui que tu as
maintenant n’est pas ton mari; en cela tu dis vrai.’” Le lecteur n’est pas
surpris que Jésus ait connaissance de Jésus, parce que le narrateur a dit en 2,25:
“Il [Jésus] n’avait pas besoin d’un
témoignage sur l’homme: car lui-même connaissait ce qu’il y avait dans l’homme.”
(3) Jésus est celui qui détermine le lieu et la manière pour
rendre la véritable adoration à Dieu. Le lieu de l’adoration est partout, parce
que Jésus dit à la femme: “Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur
cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père” (4,21). La manière
d’adorer le Père est “dans l’esprit et la vérité” (4,23).
Ces trois caractéristiques appartiennent à Dieu. Ainsi l’“egô
eimi” de Jésus en 4,26 sert à identifier Jésus au Messie et en même temps renvoie
à son identité divine en tant que “le Fils Unique-Engendré” de Dieu (1,18b).
b)
“C’est moi (egô eimi). N’ayez
pas peur” (6,20)
Le récit Jésus marchant sur la mer (6,16-21) est la suite du
signe de la multiplication des pains (6,1-15). Le narrateur raconte en 6,16-21:
“16 Quand le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer, 17 et, montant
en bateau, ils se rendaient de l’autre côté de la mer à Capharnaüm. Il faisait
déjà nuit, Jésus n’était pas encore venu les rejoindre; 18 et la mer, comme
soufflait un grand vent, se soulevait. 19 Ils avaient ramé environ vingt-cinq ou
trente stades, quand ils voient Jésus marcher sur la mer et s’approcher du
bateau. Ils eurent peur. 20 Mais il leur dit: “C’est moi. N’ayez pas peur.” 21 Ils
étaient disposés à le prendre dans le bateau, mais aussitôt le bateau toucha
terre là où ils se rendaient.”
Le fait que les disciples ont ramé péniblement contre un
grand vent, en l’absence de Jésus peut renvoyer à la difficulté et à la crise
interne et externe du groupe des disciples et celle de la communauté. (Voir “le
sens propre et sens symbolique” des ténèbres dans l’article: “Lumière
et ténèbres dans l’Évangile de Jean”). L’action de marcher sur la mer (6,19)
quand un grand vent se soulevait (6,18) est une manifestation du pouvoir de
Dieu. Le passage 6,16-21 fait allusion à plusieurs épisodes dans l’AT. Job
parle de Dieu en Jb 9,8: “Lui seul a déployé les Cieux et foulé le dos de la
Mer.” C’est-à-dire que Dieu maîtrise parfaitement la mer et sa puissance. En Ha
3,15, Habaquq décrit la force de Yahvé: “Tu as foulé la mer avec tes chevaux le
bouillonnement des grandes eaux!”
Jésus manifeste son pouvoir en marchant sur la mer et s’approcher
du bateau des disciples (Jn 6,19a). Cela leur fait peur (6,19b). La parole de
Jésus en 6,20 contient deux parties. D’abord il dit “egô eimi (c’est moi)”
(6,20b), ensuite il encourage ses disciples: “N’ayez pas peur” (6,20c). Cette
dernière parole renvoie à l’encouragement de Yahvé au peuple Israël en Is
41,10: “Ne
crains pas car je suis avec toi, ne te laisse pas émouvoir car je suis ton
Dieu; je t’ai fortifié et je t’ai aidé, je t’ai soutenu de ma droite
justicière.”
Le récit se termine de manière étrange en Jn 6,21: “Ils [les
disciples] étaient disposés à le [Jésus] prendre dans le bateau, mais aussitôt
le bateau toucha terre là où ils se rendaient.” Cette traversée rapide de la
mer en présence de Jésus fait allusion à l’événement des Israélites qui avaient
traversé la mer des Roseaux (Ex 14). Quand les Égyptiens poursuivaient les Israélites,
ces derniers eurent grande peur (Ex 14,10). Yahvé est intervenu pour sauver les
Israélites. Le narrateur raconte en Ex 14,21-22: “21 Moïse étendit la main
sur la mer, et Yahvé refoula la mer toute la nuit par un fort vent d’est; il la
mit à sec et toutes les eaux se fendirent. 22 Les Israélites pénétrèrent à pied
sec au milieu de la mer, et les eaux leur formaient une muraille à droite et à
gauche.”
En résumé, trois éléments en Jn 16,20-21: (1) “Egô eimi”, (2) “N’ayez
pas peur”
(6,20) et (3) “aussitôt le bateau toucha terre là où ils se rendaient” (6,21b) renvoient
à l’action de Yahvé dans l’AT. Nous pouvons conclure que l’“egô eimi” de Jésus
en 6,20 n’est pas une simple parole pour l’identifier mais qu’elle manifeste la
présence et l’intervention divines pour révéler aux disciples qui est Jésus.
c) “C’est
moi (egô eimi)” (18,5)
Le récit de l’arrestation de Jésus est raconté en 18,1-12.
Quand Judas guide la cohorte et les gardes au jardin de l’autre côté du torrent
du Cédron pour arrêter Jésus, le narrateur relate en 18,4-9: “4 Alors Jésus,
sachant tout ce qui allait lui advenir, sortit et leur dit: ‘Qui cherchez-vous?’
5 Ils lui répondirent: ‘Jésus le Nazôréen.’ Il leur dit: ‘C’est moi (egô eimi).’
Or Judas, qui le livrait, se tenait là, lui aussi, avec eux. 6 Quand Jésus leur
eut dit: ‘C’est moi (egô eimi)’, ils reculèrent et tombèrent à terre. 7 De
nouveau il leur demanda: ‘Qui cherchez-vous?’ Ils dirent: ‘Jésus le Nazôréen.’ 8
Jésus répondit: ‘Je vous ai dit que c’est moi (egô eimi). Si donc c’est moi que
vous cherchez, laissez ceux-là s’en aller’, 9 afin que s’accomplît la
parole qu’il avait dite: ‘Ceux que tu m’as donnés, je n’en ai pas perdu un
seul.’”
Apparemment la formule “egô eimi” de Jésus en 18,5.6.8 sert
à identifier le locuteur, cependant, il y a trois détails qui dévoilent un sens
plus profond de cette formule: (1) “Egô eimi” de Jésus a terrassé ses
adversaires (18,6b), (2) Jésus ordonne à ses adversaires de laisser ses
disciples s’en aller (18,8b), (3) Jésus a le pouvoir d’accomplir la parole qu’il
avait dite à son Père: “Ceux que tu m’as donnés, je n’en ai pas perdu un seul”
(18,9), cf. 17,12; 6,39; 10,28.
Ces éléments permettent de considérer que l’“egô eimi” de
Jésus en 18,5 est une manifestation de l’autorité divine, c’est une théophanie
(comme Dieu apparaît au mont Sinaï en Ex 19,16-25). Si avec les deux petits
mots “egô eimi”, les adversaires “reculèrent et tombèrent à terre” (18,6b), ils
sont donc dans l’impossibilité de mettre la main sur Jésus. Si la cohorte, le tribun
et les gardes des Juifs peuvent saisir Jésus et le lier (18,12), c’est parce
que Jésus le veut. Il entre dans sa passion pour manifester jusqu’au bout son
amour pour son Père (14,31) et pour les disciples (13,1; 15,13).
3. “Egô
eimi” à l’état absolu
Il y a 4 occurrences d’“egô eimi” à l’état absolu en
8,24.28.58; 13,19, dans lesquelles, Jésus parle aux Pharisiens (8,24.28), aux
Juifs (8,58) et aux disciples (13,19). L’“egô eimi” de Jésus est l’objet de
croire dès à présent (8,24), de croire dans l’avenir (13,19) et l’objet de
connaître dans l’avenir (8,28). En 8,58, Jésus dévoile son existence par
rapport à l’existence d’Abraham. Nous analysons maintenant ces quatre
occurrences.
a) “Si vous ne croyez pas que Moi, Je
Suis…” (8,24)
Le narrateur raconte les échanges entre Jésus et les Pharisiens
en 8,23-26: “23 Et il [Jésus] leur [Pharisiens] disait: ‘Vous, c’est d’en bas que
vous êtes; moi, c’est d’en haut que je suis. Vous, c’est de ce monde que vous
êtes; moi, je ne suis pas de ce monde. 24 Je vous ai donc dit que vous mourrez
dans vos péchés. Car si vous ne croyez pas que Moi, Je Suis (egô eimi), vous
mourrez dans vos péchés.’ 25 Ils lui disaient donc: ‘Qui es-tu?’ Jésus leur
dit: ‘Dès le commencement ce que je vous dis. 26 J’ai sur vous beaucoup à dire
et à juger; mais celui qui m’a envoyé est véridique et je dis au monde ce que j’ai
entendu de lui.’”
Après la révélation de Jésus sur son origine d’en haut, en
contraste avec la situation “d’en bas” et “de ce monde” des Pharisiens, Jésus
les invite à croire que “Moi, Je Suis (êgô eimi).” Sinon, ils mourront dans
leurs péchés. Xavier Léon-Dufour réfute que “egô eimi” en 8,24.28 renvoie au
Nom divin de Dieu comme en Is 43,10 ou Ex 3,14, parce que selon cet auteur, dans
le contexte de Jn 8, “Jésus n’est pas le Père” et “Il ne s’est nullement
identifié à l’unique Sauveur” comme dans Is 43,10. (Cf. LÉON-DUFOUR, X., Lecture de l’Évangile selon Jean,
t. II: Chapitres 5–12, (Parole de
Dieu), Paris, Le Seuil, 1990, p. 271).
Dans son commentaire, Xavier Léon-Dufour traduit Jn 8,24.28a
ainsi: “Je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés oui, si vous ne croyez
pas que je [le] suis, vous mourrez dans vos péchés” (8,24) et “Jésus leur dit
donc: ‘Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que je
[le] suis’” (8,28). L’auteur explique le pronom “le” dans sa traduction: “Le
contexte qui précède le v. 24 éclaire l’interprétation: Jésus vient d’affirmer
son union avec le Père et, plus immédiatement, son origine: ‘Moi, je suis d’en
haut’ (v. 23). Tel est l’attribut implicite de notre phrase, qui devrait se
lire: ‘si vous ne croyez pas que je suis [d’en haut].’ Pour respecter l’allure
énigmatique de la proposition, il suffit d’ajouter un pronom indéfini ‘le’ à ‘je
suis’: ‘si vous ne croyez pas que je [le] suis’, ce pronom devant récapituler
l’assertion ou les assertions antérieures de Jésus.” (LÉON-DUFOUR, X., Lecture de l’Évangile selon Jean,
t. II: Chapitres 5–12, 1990, p.
271-272). Pour Xavier Léon-Dufour, les deux fois de l’expression “egô eimi” en
8,24.28 ont un attribut implicite, ces occurrences ne sont pas à l’état absolu
et ne renvoient pas au Nom divin du Dieu d’Israël dans l’AT.
Nous pensons que la déclaration solennelle d’“egô eimi” de
Jésus en 8,24.28 renvoie à ce que Jésus dit de lui dans le contexte immédiat comme
Xavier Léon-Dufour l’a fait dans la citation ci-dessus. En même temps, l’“egô
eimi” en 8,24.28 fait aussi allusion à toutes les révélations dans l’Évangile
de Jean sur l’origine et l’identité
divine de Jésus. Il est l’envoyé de son Père, le Fils de l’homme, le Fils
Unique-Engendré du Père. Jésus est le Verbe (Logos) qui était auprès de Dieu et
qui était Dieu (1,1b). À la fin de l’Évangile, Thomas proclame devant Jésus
ressuscité: “Mon Seigneur (kurios) et
mon Dieu (theos)!” (20,28). Cette parole (20,28) ainsi que le Prologue (1,1-18)
renvoient à la proclamation de la foi de la communauté johannique. Pour cette
communauté, Jésus est le Seigneur et Dieu. En même temps, Jésus ne s’identifie jamais
au Père, mais il est en communion profonde avec son Père. Jésus “est
dans le sein du Père” (1,18b), il est
dans le Père et le Père est en lui (10,38; 14,10.11), Jésus et le Père sont un
(10,30).
Dans cette perspective, l’expression “egô eimi” de Jésus en 8,24 fait allusion au Nom
divin de Yahvé dans l’AT et affirme qu’il est le Fils de Dieu (1,18), il est lui-même
le Seigneur et Dieu (20,28). Jésus
invite l’auditeur et le lecteur à croire que “c’est vraiment lui le sauveur du
monde” (4,42c) et qu’il est l’unique chemin pour venir au Père comme il le dit
aux disciples en 14,6: “Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne
vient au Père sinon par moi.” L’appel à croire que Jésus est “egô eimi” en 8,24
possède donc un sens théologique important. Si l’on refuse de croire à cela, la
conséquence est de mourir dans ses péchés. Cette mort équivaut à la perte de sa
vie, à ne pas avoir la vie éternelle. Cela Jésus l’a dit au début de l’Évangile
en 3,16: “Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils,
l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la
vie éternelle.”
La question des Pharisiens en 8,25a: “Qui es-tu?” montre
qu’ils ne connaissent pas qui est Jésus, ils ne saisissent pas le sens d’“egô
eimi” en 8,24b. En réalité, Jésus a révélé plusieurs fois son origine d’en haut
et sa relation avec son Père, mais ses adversaires n’accueillent pas les
révélations de Jésus. Ils ne reconnaissent pas son identité divine. En 8,28, “egô
eimi” est l’objet de la connaissance.
b) “Alors vous saurez que Moi, Je Suis”
(8,28)
La suite (8,27-29) du passage plus haut (8,23-26) fait apparaître
le deuxième “egô eimi” à l’état absolu. Le narrateur raconte en 8,27-29: “27 Ils
[les Pharisiens] ne comprirent pas qu’il [Jésus] leur parlait du Père. 28 Jésus
leur dit donc: ‘Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous saurez
que Moi, Je Suis (egô eimi) et que je ne fais rien de moi-même, mais je dis ce
que le Père m’a enseigné, 29 et celui qui m’a envoyé est avec moi; il ne m’a
pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît.’”
Au moment où Jésus parle aux Pharisiens dans le récit
(8,23-29), ils ne connaissent pas encore qui est Jésus (8,25), ils ne savent
pas non plus que Jésus a parlé de son Père (8,27). Devant cette situation actuelle
de méconnaissance de la part de ses adversaires, Jésus dévoile une possibilité
de le connaître dans l’avenir en 8,28. La proposition: “Quand vous [les Pharisiens]
aurez élevé le Fils de l’homme” (8,28a) fait allusion à la mort de Jésus sur la
croix. En effet, il a dit à Nicodème en 3,14-15: “14 Comme Moïse éleva le
serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme, 15 afin
que quiconque croit ait par lui la vie éternelle.” Selon la théologie
johannique, l’élévation de Jésus sur la croix est le moment où il est glorifié.
À l’approche de sa Passion, Jésus déclare: “Voici venue l’heure où doit être
glorifié le Fils de l’homme” (12,23).
Le sujet “vous” de la phrase 8,28a désigne les adversaires
de Jésus. Dans le contexte immédiat (8,13-30), ce sont les Pharisiens mais dans
l’ensemble de l’Évangile ce sont aussi les grands prêtres et les Juifs. Ces
adversaires cherchent à faire périr Jésus (8,37.40) et décident de le tuer
(11,45-53). Jésus prédit en 8,28 que ses adversaires le conduiront à la croix,
parce qu’ils ne connaissent ni Jésus ni le Père (8,19). Cependant, l’événement
de la croix devient une chance pour eux. À partir de cet événement, ils peuvent
reconnaître plusieurs réalités concernant l’identité de Jésus, sa mission et sa
relation avec le Père. Pour son identité, Jésus est “egô eimi (Moi, Je Suis)”
(8,28b) comme Yahvé dans l’AT. Pour sa mission, Jésus ne fait rien de lui-même
(8,28c), il fait toujours ce qui plaît à son Père (8,29c). Pour sa relation
avec le Père, Jésus est l’envoyé du Père (8,29a). Le Père l’a enseigné (8,28d),
est avec lui (8,29a) et ne le laisse pas seul (8,29b).
L’élévation de Jésus sur la croix manifeste paradoxalement la
divinité de Jésus et son statut du Fils Unique-Engendré. La proclamation de
Thomas devant Jésus ressuscité: “Mon
Seigneur (kurios) et mon Dieu (theos)” (20,28) et celle de l’auteur du
Prologue: Jésus est le Verbe (ho logos) qui “était auprès de Dieu” (ton theon) et
qui “était Dieu (theos)”
(1,1) sont incluses dans l’“egô eimi” de Jésus comme son Nom divin. L’“egô
eimi” de Jésus est en parallèle donc avec l’“egô eimi” de Yahvé dans l’AT. L’“egô
eimi” en 8,28 est une invitation étendue à tous les hommes à reconnaître l’identité
de Jésus révélée dans l’Évangile de Jean.
c) “Avant qu’Abraham existât, Moi, Je
Suis” (8,58)
L’“egô eimi” de Jésus en 8,58 révèle un autre aspect de
l’identité de Jésus. Quand Jésus existe-t-il? L’existence de Jésus est-elle
comprise comme existence physique ou existence divine? Ce sujet est abordé quand
Jésus dit aux Juifs en 8,56: “Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il
verrait mon Jour. Il l’a vu et fut dans la joie.” Face à cette parole étonnante,
l’objection des Juifs, la réponse de Jésus et leur réaction sont racontées en 8,57-59:
“57 Les Juifs lui [Jésus] dirent alors: ‘Tu n’as pas cinquante ans, et tu as vu
Abraham!’ 58 Jésus leur dit: ‘En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham
existât, Moi, Je Suis (egô eimi).’ 59 Ils ramassèrent alors des pierres pour
les lui jeter; mais Jésus se déroba et sortit du Temple.”
La réponse de Jésus en 8,58 est une révélation solennelle
qui commence par la formule: “Amen, amen, je vous le dis…” L’existence de Jésus
par rapport à l’existence d’Abraham est présentée par l’expression “egô eimi”
(Moi, Je Suis). Il y a un malentendu de la part des Juifs, ils comprennent la
parole de Jésus en 8,56 dans le sens d’existence physique en lui disant: “Tu n’as
pas cinquante ans, et tu as vu Abraham!” (8,57). Mais Jésus parle de son
existence divine en tant que le Fils Unique-Engendré de Dieu (1,18). Cette existence
divine est présentée par la formule “egô eimi”, comme l’“egô eimi” de Yahvé
dans l’AT. L’ensemble de l’Évangile de Jean nous aide à comprendre l’existence
de Jésus exprimée par “egô eimi” en 8,58.
D’abord, l’évangéliste affirme la préexistence du Verbe
(Logos) dès les premiers mots de son Évangile: “Au commencement était le Verbe
(en arkhêi en ho logos” (1,1a). “Au commencement (en arkhêi)”
ici renvoie au premier verset de la Bible dans le livre de la Genèse: “Au commencement,
Dieu créa le ciel et la terre” (Gn 1,1). Ainsi, le Logos (le Verbe) existe déjà
quand “Dieu créa le ciel et la terre.” Dans l’Évangile de Jean, Jésus est le
Verbe, l’évangéliste affirme en 1,14a: “Le Verbe s’est fait chair et il
a campé parmi nous.” De cette manière, dès l’origine de la création, Jésus existe en
tant que Verbe, parce qu’“Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès
de Dieu et le Verbe était Dieu” (1,1).
Ensuite, Jésus lui-même affirme sa préexistence à la fin de sa
mission. En effet, il dit à son Père au début (17,5) et à la fin (17,24) du ch.
17 à propos de son existence: “Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi
de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que fût le monde” (17,5); “Père,
ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi,
afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé
avant la fondation du monde” (17,24). Jésus existe donc “avant que fût le monde”
(17,5), “avant la fondation du monde” (17,24). “Egô eimi” à l’état absolu en
8,58 est une affirmation solennelle de l’existence divine de Jésus, non
seulement avant l’existence d’Abraham mais encore avant l’existence du
monde-univers. De ce fait, la préexistence de Jésus dans l’Évangile de Jean est
mise en relief. Elle est présentée au début (1,1), au milieu (8,58) et à la fin
(17,5.24; 20,18) de l’Évangile.
Dans le contexte de la controverse avec les Juifs en 8,31-59,
la figure d’Abraham apparaît tout au long de cette péricope. Les Juifs
revendiquent qu’ils sont la descendance
d’Abraham (8,33) et qu’Abraham est leur père (8,39). Mais pour Jésus, le père
de ces Juifs n’est pas Abraham, parce qu’ils ne font pas les œuvres d’Abraham.
Jésus leur dit en 8,39b-40: “39b Si vous êtes enfants d’Abraham, faites les œuvres
d’Abraham. 40 Or maintenant vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai
dit la vérité, que j’ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l’a pas fait!” En cherchant
à tuer Jésus, les Juifs n’ont plus Abraham pour père. Le père de ces Juifs
n’est plus Dieu (8,41b-42) mais
le diable, Jésus leur dit en 8,44a: “Vous êtes du diable, votre père, et
ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir.”
Quand Jésus dit aux
Juifs qu’“Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il verrait mon
Jour. Il l’a vu et fut dans la joie” (8,56) et “avant qu’Abraham existât, Moi,
Je Suis” (8,58b), il dévoile son identité divine et il réalise la promesse de
Dieu à Abraham. Ainsi, si les Juifs font les œuvres d’Abraham (8,39-40), ils reconnaîtront que Jésus est l’envoyé de Dieu et
croiront en lui.
d) “Vous croyiez que Moi, Je Suis”
(13,19)
Au cours du dernier repas avec ses disciples, Jésus leur
dit en 13,18-19: “18 Ce n’est pas de vous tous que je parle; je connais
ceux que j’ai choisis; mais il faut que l’Écriture s’accomplisse: Celui qui mange mon pain a levé contre moi
son talon. 19 Je vous le dis, dès à présent, avant que la chose n’arrive,
pour qu’une fois celle-ci arrivée, vous croyiez que Moi, Je Suis (egô eimi).”
Comme en 8,28, Jésus annonce aux disciples l’événement de la
croix par une parole de l’Écriture en 13,18c: “Il faut que l’Écriture s’accomplisse:
Celui qui mange mon pain a levé contre
moi son talon”, cf. Ps 41(40),10. Comme en 8,24, l’“egô eimi” de Jésus en
13,19b a pour but l’action de “croire” dans l’avenir. Quand sa passion et sa
résurrection auront lieu, les disciples connaîtront pleinement l’identité
divine de Jésus comme “egô eimi” (Moi, Je Suis).
“Egô eimi” de Jésus en 13,19 est important, puisque même les
disciples qui ont cru en Jésus ne connaissent pas encore pleinement l’identité
divine de Jésus avant sa mort et sa résurrection. Seulement après le départ de
Jésus vers son Père, le Paraclet (l’Esprit de vérité) est venu sur les
disciples et leur permet de croire pleinement à “ego eimi” comme le Nom divin
de Jésus.
VI. Conclusion
Dans l’AT “egô eimi” désigne le Nom divin de Yahvé (YHWH),
dans l’Évangile de Jean l’“egô eimi” de Jésus désigne la divinité de Jésus en
tant que Verbe de Dieu, l’envoyé du Père, le Fils Unique Engendré du Père…
Ainsi, l’“egô eimi” de Jésus ne remplace pas l’“egô eimi” de Yahvé. Ils
renvoient l’un à l’autre selon le principe que Jésus dit aux Juifs en 5,17: “Mon
Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’œuvre moi aussi.”
VII. Bibliographie
[1966] BROWN,
R. E., “Appendix IV: EGO EIMI – ‘I AM’”, in Id., The Gospel According to John, I–XII, vol. I, (AB 29), New York (NY), Doubleday, 1966, p. 533-538.
[1975] DODD, C. H., L’interprétation
du quatrième Évangile, (Lectio Divina 82), Paris, Le Cerf, 1975, (orig. The Interpretation of the Fourth Gospel,
1953).
[1978] BARRETT, C. K., The Gospel According to St. John. An Introduction
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Source: http://leminhthongtinmunggioan.blogspot.com/2014/03/je-suis-ego-eimi-dans-levangile-de-jean.html
Dieu au- delà de tout,
Trả lờiXóaSincères remerciements pour votre analyse linguistique si savant du mot " egô eimi ". Chercher les messages de Dieu à travers des mots boiteux humains est un travail magnifique des exégètes. Je suis heureuse d'être confirmée par votre écrit que Je suis de Jésus est indivisible de Je suis de Dieu ( YHVH) . C'est une description précise de son identité divine avec le Père sans perdre de sa différence. J'aimerais dire que Jésus est exégète du Père, l'expression parfaite de son être ( Hb). Il s'git d'une existence en acte qui se prolonge indéfiniment au- delà de l'instant précis. Il exprime l'éternité d'un exister absolu, perpétuel , indépendante du commencement des créatures. Il est le principe et fin de tout ce qui existe . Il est l'être suprême par excellence. Tout crée existe par rapport à Lui.
"Je suis" avec des attributs , soit la lumière, soit le Bon Pasteur, soit la porte des brebis.... soit.....et soit.... qui me disent des réalités terrestres porteuses de Dieu. Je découvre avec plaisir que tout crée porte des empreintes de Dieu et un mesure de manifester le visage de Dieu invisible, à plus forte raison l''être humain. L'humain est le seul être visible capable de Dieu , capable de refléter le visage de Dieu et capable d'entrer en relation avec Dieu. Je souhaite donc à tous ceux et celles qui lisent votre partage reconnaissent la beauté et la grandeur de l'être humain crée à l'image de Dieu . L'être humain n'est grand qu'à genoux. Se mettre à genoux devant Dieu pour entrer en relation de communion et de communication avec Dieu est pour moi un message divin de cette lecture. Merci , Père.
S.J.M
Un grand merci à vous pour votre partage intéressant. Ce que vous avez dit: “Jésus est exégète du Père” est exact et signifiant, le terme “exégète” est le mot clé de la théologie johannique. En effet, l’auteur du quatrième Évangile écrit en Jn 1,18: “Nul n’a jamais vu Dieu; le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître.” Les derniers mots de ce verset: “l’a fait connaître”; en grec: “ekeinos exêgêsato” qui veulent dire: “celui-ci a commenté”, ou “celui-ci a fait l’exégèse.” Le mot français “exégèse” a la même racine que le verbe grec “exêgeomai.” Ainsi, selon la théologie de l’Évangile, Jésus, le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père, nous a fait l’exégèse (1,18), nous a fait le commentaire sur le Père. Ce dernier verset du Prologue de l’Évangile (1,18) introduit au contenu de l’Évangile, dans lequel Jésus parle de la volonté du Père, de son amour, de ses œuvres et de son Envoyé. Jésus est le véritable exégète, le commentateur authentique et le révélateur par excellence du Père./.
XóaRien à dire. Parfaite analyse
Trả lờiXóa