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Le 6 juin 2016.
Contenu
I. Les indices de la
structuration
1. Quelques
éléments structurants
1.1. Les
éléments topographiques
1.2. Les
éléments thématiques
2. Les critères de
structure
2.1. Le contenu, les procédés littéraires
et le style
2.2. Les
cadres liturgiques ou géographiques
2.3. Les
titres proposés dans la structure
II. La structure générale et détaillée
1. La structure
générale
2. La structure
détaillée
2.1. Le livre
des Signes (1,19–12,50)
2.2. Le livre
de l’Heure (Jn 13–21)
2.3. Le plan de
l’Évangile
3. La structure de
quelques péricopes
3.1. Structure
de 1,1-18 : Le Prologue
3.2. Structure
de 18,28–19,16a : Jésus devant Pilate
3.3. Structure
de 17,1-8 : La mission et la glorification
3.4. Structure
de Jn 17 : La prière de Jésus
III. Conclusion
Bibliographie
Cette étude présentera les
indices de la structuration et la structure de l’ensemble du quatrième
Évangile. Les termes employés dans le découpage du texte en ordre décroissant sont
une partie, une section, une péricope, une unité et une sous-unité.
I. Les indices
de la structuration
Les indices de la structuration permettent à la fois de
diviser l’Évangile en plusieurs péricopes et de tenir compte des liens ainsi
que des complémentarités entre les unités littéraires. Nous traiterons d’abord de
quelques éléments structurants et ensuite des critères de structure de
l’Évangile.
1. Quelques éléments structurants
En lisant l’ensemble de l’Évangile de Jean, le lecteur peut
repérer certains éléments structurants de l’œuvre. Voici quelques indications topographiques
et thématiques.
1.1. Les éléments topographiques
Trois indications géographiques méritent d’être signalées :
(1) au-delà du Jourdain ;
(2) le Temple de Jérusalem et (3) le lac de Tibériade.
(1) L’expression « au-delà
du Jourdain » (3 fois en 1,28 ; 3,26 ; 10,40) joue le rôle
d’inclusion. Jésus a commencé son ministère « au-delà du Jourdain » par le témoignage de Jean
Baptiste (1,19-34), c’est dans ce même lieu que Jésus se retire après la
dernière controverse avec les autorités juives. Après cela, le narrateur note
en 10,40 : « De nouveau il [Jésus] s’en alla au-delà du Jourdain, au
lieu où Jean avait d’abord baptisé, et il y demeura. » Il n’existe plus de
confrontation directe entre Jésus et ses adversaires en Jn 11–12.
(2) La péricope « Jésus et le Temple de
Jérusalem » au début de l’Évangile (2,13-22) rapporte la première
confrontation entre Jésus et les Juifs (2,18-20) à l’occasion de « la
Pâque des Juifs » (2,13). L’inclusion se fait à la fin de la vie publique
de Jésus. La dernière discussion entre ce dernier avec les Juifs se passe aussi
sur l’esplanade du Temple de Jérusalem « sous le portique de
Salomon » (10,23) à l’occasion d’une fête juive : « la fête de
la Dédicace » (10,22). Le Temple de Jérusalem est donc un élément
structurant de l’activité de Jésus.
(3) Jn 6 commence par « l’autre côté de la mer de
Galilée » (6,1). Cette localité renvoie à la troisième manifestation de
Jésus ressuscité « sur le bord de
la mer de Tibériade » en 21,1-14. En 6,1-15, Jésus a nourri environ
cinq mille hommes (6,10) à partir
seulement de cinq pains (artous) et
deux poissons (opsaria), cf. 6,9. À
la fin de l’Évangile (Jn 21), Jésus a nourri les disciples avec du poisson (opsarion) et du pain (artos), cf. 21,9. Il y a donc un lien
entre les signes et le discours du pain de vie en Jn 6 avec le signe de la
pêche abondante et le repas offert par Jésus en 21,1-14. Ces deux récits
donnent sens à la mission de Jésus qui est cadrée par un élément géographique.
La mer de Tibériade marque la continuité entre l’avant et l’après Pâques.
En résumé, attentif aux éléments topographiques, le lecteur
peut situer certains récits dans un cadre géographique. L’élargissement des
lieux indiqués (le Temple de Jérusalem, au-delà du Jourdain, la mer de
Tibériade) permet au lecteur d’élargir à l’infini l’espace géographique dans le
sens que Jésus a indiqué à la femme samaritaine en 4,21.24 : « 21
Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à
Jérusalem que vous adorerez le Père […] 24 Dieu est esprit, et ceux qui
adorent, c’est dans l’esprit et la vérité qu’ils doivent adorer. » Le
lecteur dans le monde entier se trouve connecté à l’Évangile, puisque le
narrateur s’adresse au lecteur à travers le récit.
1.2. Les éléments thématiques
Certains thèmes parcourent l’Évangile ou se présentent au
début et à la fin de l’œuvre. Ces thèmes sont des éléments structurants du
récit. À titre d’exemple, nous présenterons ci-dessous cinq sujets : (1)
l’origine céleste et la divinité de Jésus ; (2) le verbe
« croire » ; (3) le conflit entre Jésus et ses
adversaires ; (4) le rôle du lecteur après Pâques ; (5) le thème de « la
vie ».
(1) L’origine céleste et la divinité de Jésus sont des sujets
importants dans l’Évangile. D’abord le narrateur affirme la préexistence du Logos (le Verbe) en 1,1. Jésus est le Logos qui s’est fait chair (1,14). Au cours de sa mission, Jésus déclare
qu’il est descendu du ciel (3,13). Il dit aux Juifs en 8,58 : « Avant
qu’Abraham existât, Moi, Je Suis. » À la fin de sa mission, Jésus dévoile
qu’il possède la gloire auprès de son Père, « avant que fût le monde »
(17,5) et que son Père l’a aimé « avant la fondation du monde »
(17,24). Devant Jésus ressuscité, Thomas confesse : « Mon Seigneur et
mon Dieu ! » (20,28) La révélation sur l’origine céleste et la
divinité de Jésus est l’un des projets principaux de l’Évangile.
(2) Le verbe « croire » (pisteuô) qui apparaît 99 fois dans l’Évangile, est un élément
structurant. En effet, le Prologue communique l’objectif du témoignage de Jean
Baptiste : « afin que tous crussent par lui [Jean Baptiste] »
(1,7b). Ceux qui accueillent le Logos-Jésus sont « ceux qui croient
en son nom » (1,12c). À la fin de l’Évangile, le témoignage du disciple
que Jésus aimait au pied de la croix vise le lecteur : « pour que
vous aussi vous croyiez » (19,35c). Il en est de même dans la première
conclusion de l’Évangile : « Ceux-là [les signes] ont été mis par
écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et pour
qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (20,31). L’ensemble de
l’Évangile s’adresse donc à « vous » (le lecteur) pour répondre à deux
questions : Comment parvient-on à croire réellement en Jésus ?
Comment tient-on ferme cette foi face au défi, à la difficulté et à la
persécution ?
(3) L’ensemble de l’Évangile se construit autour du thème du
conflit avec les autorités juives (les Juifs, les Pharisiens, les grands
prêtres). L’allusion à cette confrontation dans le prologue se présente dans trois
versets (1,5.10.11) : « la lumière luit dans les ténèbres et les
ténèbres ne l’ont pas saisie [le Logos] » (1,5) ; « le
monde ne l’a pas reconnu [le Logos] »
(1,10c) ; « Il [le Logos]
est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli » (1,11). Dans ces
versets, il y a un verbe à l’affirmatif « luire » et trois verbes en
négation : « ne pas saisir » et « ne pas reconnaître »
et « ne pas accueillir ». Les derniers verbes expriment le refus et la
confrontation entre la lumière et les ténèbres, entre Jésus et ses adversaires.
Après le Prologue, le contexte du procès commence en 1,19 quand
les Juifs envoient de Jérusalem des prêtres et des lévites pour interroger Jean
Baptiste sur son identité (1,19-28). La première controverse entre Jésus et les
Juifs s’est produite dès la première montée de Jésus à Jérusalem (2,13-20).
Après la guérison d’un paralytique à la piscine Bethesda en 5,1-9, le narrateur
communique pour la première fois l’intention homicide des Juifs ainsi que le
motif d’accusation en 5,18 : « Ainsi les Juifs n’en cherchaient que
davantage à le tuer [Jésus], puisque, non content de violer le sabbat, il appelait
encore Dieu son propre Père, se faisant égal à Dieu. » Le conflit
s’intensifie par la suite, en particulier dans les chap. 7–10, pour aboutir à
la décision du Conseil des grands prêtres et des Pharisiens à la fin du chap.
11 : « Dès ce jour-là donc, ils résolurent de le tuer [Jésus] »
(11,53). Le chap. 12 et le livre de l’Heure (Jn 13–21) décrivent comment
cette décision s’est réalisée, en même temps, ils dévoilent l’identité de Jésus
à travers sa mort et sa résurrection.
(4) Le lecteur après Pâques joue le rôle de destinataire de
l’Évangile. Trois rappels explicites de la lecture postpascale de la mission de
Jésus se trouvent en 2,22 ; 12,16 ; 20,9. La signification de
l’enseignement de Jésus et sa mission ne sont saisissables qu’après sa mort et
sa résurrection. C’est le Paraclet, l’Esprit de vérité, qui fait comprendre aux
disciples les paroles de Jésus (14,26) et les guide dans la vérité tout entière
(16,13). Le récit de l’Évangile est donc adressé au lecteur après Pâques. Le
texte de l’Évangile, composé par deux éléments : « l’histoire
racontée » et « la mise en récit » doit être lu comme un
témoignage vivant de la communauté des disciples. C’est ainsi que le narrateur
met en relief le rôle des témoins au début et à la fin de l’Évangile. En effet,
il affirme en 1,14 : « Et le Verbe s’est fait chair et il a campé
parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient du Père comme
Unique-Engendré, plein de grâce et de vérité. » À la fin de l’Évangile,
l’authenticité de l’ensemble de l’œuvre repose sur le témoignage du disciple
que Jésus aimait : « C’est
ce disciple qui témoigne de ces faits et qui les a écrits, et nous savons que
son témoignage est véridique » (21,24), déclare le narrateur. L’Évangile est
adressé au lecteur pour répondre à deux questions : qui est Jésus ? Et
que fait-on pour avoir la vie éternelle ?
(5) Jésus est venu pour offrir à tous la vie éternelle. La
révélation sur l’identité de Jésus est ainsi de faire connaître son don de la
vie. En tant que le Fils Unique de Dieu et l’envoyé de Dieu, le Père, Jésus a
le pouvoir d’offrir la vie éternelle à tous ceux qui croient en lui. C’est la
vie en plénitude que la mort physique ne peut pas atteindre. Une seule
condition pour recevoir ce don de la vie est de croire en Jésus et de garder sa
parole. Jésus dit aux Juifs en 8,51 : « En vérité, en vérité, je vous
le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. » Il
révèle à Marthe en 11,25-26a : « 25 Moi, je suis la résurrection. Qui
croit en moi, même s’il meurt, vivra ; 26a et quiconque vit et croit en
moi ne mourra jamais. » Le thème de « la vie » est exprimé par
les substantifs : « zôè »
(la vie, 36 f.), « psuchè »
(vie, âme, 10 f.) et les
verbes : « zaô »
(vivre, 17 f.), « zôiopoieô »
(faire vivre, 3 f.). Ce thème parcourt l’ensemble de l’Évangile, en particulier
dans le livre des signes (Jn 1–12). Le terme « vie » revient dans la
première conclusion (20,30-31) pour indiquer le but de l’Évangile :
« …pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom [de Jésus] » (20,31b).
En résumé, la révélation dans le quatrième Évangile concerne
l’origine céleste et la divinité de Jésus. Plusieurs thèmes christologiques
sont révélés à travers le conflit entre Jésus et ses adversaires. L’Évangile s’adresse
au lecteur après Pâques pour l’inviter à recevoir le don de la vie éternelle. Il
y a encore d’autres thèmes clés et d’autres éléments structurants que nous
aborderons plus tard.
2. Les critères de structure
Les critères de structure se trouvent dans le texte
lui-même. Ce sont (2.1) le contenu du récit, les procédés littéraires, le style
et (2.2) les cadres liturgiques ou géographiques. Dans le dernier point (2.3),
nous parlerons des limites de titres proposés pour désigner des unités
littéraires.
2.1.
Le contenu, les procédés littéraires et le style
Trois éléments qui nous aident à repérer la structure du
texte sont le contenu du récit, les procédés littéraires et le style. D’abord,
le contenu du récit permet de délimiter les péricopes, par exemple, « les
noces de Cana » (2,1-12) ; « Jésus au Temple de Jérusalem »
(2,13-22)… ou des grandes parties : « la vie publique de Jésus »
(1,19–12,50) ; « les discours d’adieux » (Jn 13–17), « la
mort et la résurrection » (Jn 19–21). Ensuite, les procédés littéraires
d’inclusion et de transition indiquent les liens entre le début et la fin (l’inclusion)
ou les liens entre les récits (la transition), par exemple, le terme
« Dieu » présenté au début et à la fin du Prologue (1,1.18) est une
forme d’inclusion ; l’unité littéraire 2,23-25 est à la fois une
conclusion et une transition ; cette unité est liée à ce qui précède et
introduit à ce qui suit. Enfin, le changement de style ou de genre littéraire
est un indice de la structure du texte. Par exemple, le style du Prologue
(1,1-18) est plutôt poétique, tandis qu’à partir de 1,19, le style est plutôt
narratif, l’auteur raconte la vie publique de Jésus, le style du discours se
trouve en Jn 14–16 ou de la prière en Jn 17. Parfois l’auteur s’adresse
directement au lecteur au cours de la narration, cette communication entre
l’auteur et le lecteur permet de repérer des bilans, des conclusions, des explications,
des commentaires explicites ou implicites dans le récit.
2.2. Les cadres liturgiques ou
géographiques
Le quatrième Évangile se structure autour des fêtes (la
Pâque, la fête des Tentes, la fête de la Dédicace…) et des indications
géographiques (Cana, Galilée, Samarie, Judée, Jérusalem, etc.). Nous sommes
attentifs à ces deux éléments dans la recherche de structure, par exemple, les
sections : « de Cana à Cana » (Jn 2–4) ; « la fête des
Tentes » (7,1–10,21)… Chaque péricope doit être interprétée dans son
contexte littéraire et dans le contexte de l’ensemble de l’Évangile. Puisque
les unités littéraires contribuent au développement de l’œuvre, en même temps
l’œuvre dans son ensemble oriente l’interprétation de ses composants. Dans
cette perspective, le Prologue (1,1-18) oriente le lecteur dans
l’interprétation du contenu de l’Évangile (1,19–21,25) et inversement le récit
de la vie et de la mort de Jésus éclaire le sens des termes utilisés dans le Prologue.
2.3. Les titres proposés dans la structure
Tous les titres proposés pour désigner une péricope ou une
partie du texte ne sont que des suggestions, par exemple, le titre « l’eau
devenue vin aux noces de Cana » désigne la péricope 2,1-11 ; le titre
« de Cana à Cana » nomme la section Jn 2–4, etc. En réalité, il est
souvent difficile de donner à une péricope un titre qui puisse exprimer son
contenu. À titre d’exemple, voici les propositions concernant la péricope
2,13-22 et deux parties de l’Évangile : 1,19–12,50 et Jn 13–21.
Comment appelle-on la péricope 2,13-22 ? Selon
Léon-Dufour*, I, 247 : « L’épisode raconté ne peut être réduit au
fait divers qu’on intitule “L’expulsion des vendeurs du Temple” ou “la purification
du Temple”. Maintenir ce titre chez Jn, ce serait méconnaître la différence
entre le IVe évangile et la tradition synoptique dans
l’interprétation de l’événement. » L’auteur propose le titre « Jésus
et le temple de Dieu (2,13-22 » (Léon-Dufour*, I, 246). Cependant le
texte parle du « Temple de Jérusalem » et non pas du « Temple de
Dieu » proprement dit. Pour Simoens*, II, 159 : « “La
purification du temple” ne convient pas comme titre pour cet épisode : ni
le verbe ni le substantif de la racine “purifier” ne figurent dans le
texte. » L’auteur intitule ce passage : « Le sanctuaire du corps
(Jn 2, 13-25 » (Simoens*, II, 159), mais ce titre ne dit rien sur le
fait que Jésus a chassé les commerçants du Temple (2,14-16). Constatons que le
récit 2,13-22 contient deux unités : (1) 2,13-17, Jésus ne veut pas que la
maison de son Père devienne une maison de commerce, il chasse donc les vendeurs
et les changeurs du parvis du Temple. (2) 2,18-22, devant le sanctuaire de
pierre, Jésus parle du sanctuaire de son corps. Ces deux unités ont un thème
commun : la relation entre Jésus et le Temple de Jérusalem. D’une part, le
Temple est la maison de son Père (2,13-17), et d’autre part, ce sanctuaire en
pierre symbolise le sanctuaire de son corps (2,18-22). Pour exprimer cette
double relation, nous proposons de nommer la péricope 2,13-22 :
« Jésus et le Temple de Jérusalem ».
La première partie de l’Évangile (1,19–12,50) est souvent appelée
« le livres des Signes », cette appellation renvoie à sept signes
dans cette partie, mais elle ne reflète pas explicitement les controverses et
le conflit entre Jésus et ses adversaires. Pourtant, la décision de faire
mourir Jésus de la part des autorités juives est le point culminant de la
première partie. Cette décision introduit
au récit de la Passion et de la Résurrection de Jésus. De plus, à côté des
signes, il y a d’autres thèmes importants dans la première partie de
l’Évangile, par exemple, la lumière, la vie... Dans cette partie, la mission de
Jésus est présentée comme une journée de travail. M. Gourgues,
« Superposition du temps », 182, propose le titre : « le
livre du jour » (1–12) suivi par « le livre de l’heure »
(13–20). Pour la deuxième partie de l’Évangile (Jn 13–21), les titres :
« le livre de l’Heure » ou « le livre de la Gloire » sont
proposés, puisque le thème de « l’Heure » et celui de « la
Gloire » sont étroitement liés. Quant à Y. Simoens*, II, 11, il divise
l’Évangile en deux parties : « Vie de Jésus » (1,19–12,50) et
« Mort de Jésus » (13–21). Dans cette diversité de titres proposés,
il vaut donc mieux reconnaître la limite des titres attribués à un récit et les
utiliser comme des suggestions qui aident le lecteur dans l’analyse du texte. Le
lecteur est libre de proposer un titre qui exprime mieux le contenu d’une unité
textuelle. Une proposition pertinente n’est possible qu’après l’étude du texte
et en tenant compte de toutes les données du récit.
II. La structure
générale et détaillée
La structure de l’Évangile sera présentée en trois
points : (1) la structure générale, (2) la structure détaillée et (3) la
structure de quelques péricopes à titre d’exemple. Il existe plusieurs
propositions qui concernent la structure ainsi que la délimitation de certaines
péricopes. La présentation ci-dessous n’est qu’un guide pour la lecture du
texte.
1. La structure générale
Le quatrième Évangile commence par le Prologue (1,1-18) et
se termine par deux conclusions : 20,30-31 (2 versets) ; 21,24-25 (2
versets). Le reste de l’œuvre se divise en 2 parties : (1) « le livre
des Signes » (1,19–12,50) raconte la vie publique de Jésus et (2)
« le livre de l’Heure » (Jn 13–21) relate la Passion et les
apparitions de Jésus ressuscité. Voici la structure générale de l’Évangile en
quatre parties :
[1] Le Prologue (1,1-18)
[2] Le livre des Signes : la vie publique de Jésus (1,19–12,50)
- Le
témoignage et les premiers disciples (1,1-51)
- De Cana à
Cana (Jn 2–4)
- Les signes
et les discours (5–6)
- La
section de la fête des Tentes (7,1–10,21)
- La fin de
la vie publique de Jésus (10,22–12,36)
- Les bilans
(12,37-50)
[3] Le livre de l’Heure : la Passion et la Résurrection
(13–21)
- Les discours d’adieu (13–17)
- Le récit de la Passion (18–19)
- Les apparitions du Ressuscité (20–21)
[4] Les deux conclusions (la 1ère : 20,30-31 ;
la 2è : 21,24-25)
2. La structure détaillée
La structure détaillée est présentée d’abord par (2.1) la
structure du livre des Signes (1,19–12,50), et ensuite (2.2) la structure du
livre de l’Heure (Jn 13–21). Enfin, nous proposons (2.3) le plan de
l’Évangile, en indiquant toutes les péricopes pour une vue d’ensemble de
l’œuvre.
2.1. Le livre des Signes (1,19–12,50)
Le livre des Signes (1,19–12,50) se structure autour des sept
signes, des fêtes Juives, des rencontres, des discours, des débats et des
controverses entre Jésus et les autorités juives. Cette partie est introduite
par le témoignage de Jean Baptiste (1,19-34) et les premiers disciples de Jésus
(1,35-51). Le livre des Signes se termine par deux bilans : l’un est une
remarque du narrateur (12,37-43) et l’autre est un dernier appel de Jésus à
croire en lui (12,44-50).
La première section s’appelle « de Cana à Cana (Jn
2–4), le terme « Cana » apparaît en 2,1.11 et 4,46. L’activité
publique de Jésus débute par le signe de l’eau devenue bon vin aux noces de
Cana (2,1-12), suivie par les gestes et les paroles de Jésus au Temple de
Jérusalem (2,13-22). Ces deux péricopes mettent en place le programme de l’ensemble
de l’œuvre à travers les thèmes clés : « les signes » (2,11a),
« la gloire » (2,11b), le Temple de pierre, le Temple du corps (2,21),
et le renvoi à la mort et à la résurrection de Jésus (2,22). Les chap. 3–4 rapportent
les rencontres et les révélations de Jésus sur son identité et sa mission. La
rencontre avec Nicodème est suivie par le monologue de Jésus (3,1-21). De même
la discussion entre Jean Baptiste et ses disciples (3,22-30) est suivie par le
monologue de Jean Baptiste sur l’origine de Jésus (3,31-36). À Sychar en Samarie
(4,4-5), Jésus dialogue avec la femme samaritaine (4,5-30) et avec les
disciples (4,31-38), puis il rencontre les Samaritains et séjourne avec eux
deux jours (4,39-42). La section « de Cana à Cana » (Jn 2–4) se
termine par le deuxième signe à Cana : « La guérison du fils d’un
fonctionnaire royal (4,46-54). Dans ces récits, la révélation concerne
l’origine et la mission de Jésus, la naissance d’en haut, l’eau vive, la
véritable adoration, la mission des disciples et la foi en Jésus. Certains
sujets sont repris et approfondis par la suite.
Les chap. 5–6 se construisent sur le même modèle : « signe
+ discours ». Un signe au chap. 5 (5,1-9) et deux signes au chap. 6
(6,1-21) sont suivis par un long discours de Jésus (5,19-47 et 6,22-59). Notons
qu’il n’y a pas de transition entre les chap. 4 et 5 et entre les chap. 5 et 6.
La fin du chap. 4 se déroule à Cana en Galilée, le chap. 5 se passe à Jérusalem.
Jn 5 commence par le signe de la guérison d’un paralytique un jour de sabbat
(5,1-9) suivi d’une controverse (5,10-18), puis d’un long discours de Jésus (5,19-47).
Le chap. 6 raconte l’activité de Jésus de l’autre côté de la mer de Tibériade
en Galilée. Jn 6 présente d’abord deux signes : « la multiplication
des pains » (6,1-15) et « la marche sur la mer » (6,16-21), ensuite
les échanges avec la foule et les Juifs dans le discours sur le pain de vie
(6,22-59), enfin les réactions opposées des disciples (6,60-71). Dans un sens,
« beaucoup de ses disciples [de Jésus] se retirèrent, et ils n’allaient
plus avec lui » (6,66), dans un autre sens, au nom des Douze, Simon-Pierre
confesse la foi en Jésus en 6,68b-69 : « 68b Tu as les paroles de la
vie éternelle. 69 Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint
de Dieu ». Par rapport aux chap. 2–4, les chap. 5–6 continuent la
révélation sur l’identité et l’origine de Jésus et dévoilent pour la première
fois, l’intention des autorités juives : « chercher à tuer Jésus »
(5,18).
La révélation de Jésus à travers le conflit et la
controverse se poursuit dans une longue section : « la fête des
Tentes » en 7,1–10,21 (trois chapitres et demi). La péricope de la femme
adultère (7,53–8,11) ne figure pas dans plusieurs anciens manuscrits du
quatrième Évangile, par exemple, elle est omise dans P66, P75.
Dans quelques manuscrits, la péricope 7,53–8,11 est placée après Lc 21,38. La
section 7,1–10,21 se structure en trois scènes. La première scène (7,1-52)
décrit la discussion et la révélation de Jésus liées à la fête des Tentes.
Trois moments de la fête sont signalés : la montée de Jésus à Jérusalem pour
la fête (7,1-13), au milieu de la fête (7,14-36) et au dernier jour de la fête
(7,37-52). Le conflit et la controverse dans le chap. 7 se poursuivent en
8,12-59 (la deuxième scène). Le débat entre Jésus et les Juifs dans cette scène
concerne plusieurs sujets : Jésus est la lumière du monde, le thème du
témoignage et l’origine de Jésus (8,12-31) ; le vrai disciple de Jésus, l’hostilité
des Juifs et la figure d’Abraham (8,31-59). Au cours de la controverse dans la
deuxième scène (8,12-59), Jésus accuse ses adversaires de ne pas connaître ni
lui ni son Père (8,19) et de ne pas faire les œuvres d’Abraham (8,39b) ; en
cherchant à tuer Jésus, les Juifs ont le diable pour père (8,44). La troisième
scène (9,1–10,21) relate d’abord le signe de la guérison d’un aveugle de
naissance (Jn 9), ensuite la métaphore de la porte des brebis et le bon pasteur
en relation avec ses brebis (10,1-21). La section de la fête des Tentes
(7,1–10,21) dévoile au lecteur l’identité de Jésus et indique les démarches à
faire pour devenir un vrai disciple de Jésus (cf. 8,31-32 ; 9,1-41 ;
10,1-21).
Après la dernière controverse avec les Juifs au cours de la fête
de la Dédicace au Temple de Jérusalem (10,22-39), Jésus se retire au-delà du
Jourdain (10,40-42). À partir de 10,40, il n’y a plus de confrontation directe
entre Jésus et ses adversaires. Le signe de la résurrection de Lazare (11,1-44)
donne sens à la mort et à la résurrection de Jésus comme il le dit à Marthe en
11,25a : « Moi, je suis la résurrection. » Le signe de « donner
la vie à Lazare » conduit Jésus à la mort, puisque après ce signe, le
conseil des grands prêtres et des Pharisiens décident de tuer Jésus (11,53).
La section de la dernière semaine de la vie publique de
Jésus (11,55–12,36) débute par l’indication : « la Pâque des Juifs était
proche » (11,55). La péricope « l’onction à Béthanie »
(12,1-11), est datée « six jours avant la Pâque » (12,1). Après
l’entrée à Jérusalem (12,12-19), Jésus révèle (aux disciples, aux Grecs et à la
foule) que son heure est venue. C’est « l’heure où doit être glorifié le
Fils de l’homme », dit Jésus en 12,23. La vie publique de Jésus prend fin en
12,36b : « Ainsi parla Jésus, et s’en allant il se cacha loin
d’eux ». Le passage de 12,37-50 est la conclusion du ministère de
Jésus en deux péricopes : (1) le bilan du narrateur (12,37-43) concernant
l’incrédulité des adversaires de Jésus et (2) la conclusion de Jésus (12,44-50)
par une dernière invitation à croire en lui. Cet appel renvoie à la première
conclusion de l’Évangile : « Ceux-là [les signes] ont été mis par
écrit, pour que vous croyiez » (20,31a).
2.2. Le livre de l’Heure (Jn 13–21)
Le livre de l’Heure (13–21) relate l’événement de l’Heure de
Jésus en trois sections : (1) le repas d’adieu, les discours et la prière
d’intervention de Jésus (13–17), (2) le récit de la Passion (18–19) et (3) les
apparitions de Jésus ressuscité (20–21).
(1) La section « le repas d’adieu, les discours et la
prière » (13–17) est introduite par la venue de l’heure (13,1). La mort de
Jésus est son heure « de passer de ce monde vers le Père » (13,1a),
c’est le moment où Jésus manifeste son amour pour les siens « jusqu’à la
fin » (13,1b). Cette section commence par un récit :
« le lavement de pieds et celui qui livrera Jésus » (13,1-32), suivie
par deux longs discours d’adieu (13,33–14,31 et 15–16) et elle se termine
par l’intervention de Jésus auprès du Père (Jn 17). Dans ces cinq chapitres (13–17),
Jésus dévoile le sens de sa mort imminente et affirme sa présence et sa protection
auprès de la communauté des disciples qui subit la persécution. Jésus révèle
plusieurs aspects de la relation entre lui et son Père, le Paraclet, ses
disciples et le monde. Ces révélations sont adressées aux disciples pour qu’ils
puissent tenir ferme leur foi en Jésus face à la menace du monde hostile
(15,18) avec son chef, nommé « le prince de ce monde » (14,30), « le
diable » (13,2), « Satan » (13,27), « le Mauvais »
(17,15). Les chap. 13–17 montrent à la communauté des disciples et au lecteur les
démarches à faire pour surmonter les difficultés et vivre pleinement la paix et
la joie de Jésus. Il s’agit de connaître qui est Jésus, de communier avec lui, de
s’appuyer sur sa présence et de mettre en pratique sa parole, en particulier de
se laisser guider par le Paraclet.
(2) Le récit de la Passion (Jn 18–19) commence par Jésus se
livrant aux autorités juives (18,1-11). Dans la péricope 18,12-27 qui suit, Anne,
le beau-père de Caïphe, interroge Jésus sur ses disciples et sa doctrine
(18,19), l’interrogatoire est encadré par trois reniements de Pierre (18,17.25.27).
La péricope « Jésus devant Pilate » (18,28–19,16a) est construite
avec soin, rythmée par les allers-retours de Pilate entre l’intérieur et
l’extérieur du prétoire. Par le procédé littéraire de l’ironie, le récit révèle
la royauté de Jésus au lecteur, Jésus est bien le vrai roi et le vrai juge. Pilate
ne juge pas Jésus, il ne prononce pas le verdict, puisque le récit veut montrer
de « quelle mort il [Jésus]
devait mourir » (18,32) et non le jugement sur l’accusé. Le récit
met en relief l’irresponsabilité de Pilate et l’intention meurtrière des accusateurs.
La crucifixion, la mort et l’ensevelissement (19,16b-42) se déroulent en 7
unités : (1) le crucifiement (19,16b-22) ;
(2) le partage des vêtements (19,23-24) ; (3) Jésus, sa mère et le disciple (19,25-27) ; (4) la mort de Jésus (19,28-37) ; (5) le coup de lance et le témoignage (19,28-37) ;
(6) l’onction du corps (19,38-40) et (7) la
sépulture (19,41-42).
Selon la théologie du quatrième Évangile, la mort de Jésus
est la manifestation de son amour pour le Père (14,31) et l’amour du Père pour
lui (10,17), c’est le moment où Jésus exprime son amour le plus grand pour les
siens jusqu’au bout (13,1 ; 15,13). La Passion est l’heure où « le
Prince de ce monde va être jeté bas » (12,31) et où Jésus a vaincu
définitivement le monde (16,33). C’est à travers cette heure que Jésus va vers
le Père (13,1), attire tous à lui (12,32), est glorifié par le Père
(12,28 ; 13,31-32 ; 17,1.5) et glorifie le Père (13,31 ; 17,1.4).
Le départ de Jésus vers le Père est la condition de la venue du Paraclet sur
des disciples (16,7).
(3) Les apparitions de Jésus ressuscité (Jn 20–21) se passent
d’abord à Jérusalem (Jn 20), puis à la mer de Tibériade en Galilée (Jn 21). Le
récit de la Résurrection s’ouvre par la découverte du tombeau vide par Marie de
Magdala, puis se poursuit par la visite de Pierre et du disciple que Jésus
aimait au tombeau (20,1-10). Jésus apparaît d’abord à Marie de Magdala
(20,11-18) puis aux disciples sans Thomas (20,19-25). Huit jours après (20,26),
Jésus réapparaît aux disciples avec la présence de Thomas (20,26-29). La profession de Thomas
devant Jésus « Mon Seigneur et mon Dieu » (20,28) et la bénédiction
de Jésus aux croyants : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont
cru » sont suivies par la première conclusion de l’Évangile (20,30-31). Le
chap. 21 relate la troisième manifestation de Jésus ressuscité aux disciples,
elle a lieu au bord de la mer de Tibériade. D’abord, Jésus se fait connaître
aux disciples par le signe de la pêche abondante (21,1-14). Ensuite il confie à
Simon-Pierre sa tâche pastorale et annonce son destin (21,15-19). Enfin, Jésus
parle du destin du disciple que Jésus aimait (21,20-23). À la fin de ce
chapitre, le narrateur clôt son évangile par la deuxième conclusion (21,24-25).
2.3. Le plan de l’Évangile
[1] Le Prologue,
1,1-18
[2] Le livre des
Signes (la vie publique), 1,19–12,50
1,19-51 : Le début de la vie
publique de Jésus
1,19-34 : Le témoignage de Jean
1,35-51 : Les premiers disciples
de Jésus
2–4 : De Cana
à Cana
2,1-12 : L’eau devenue vin aux noces
de Cana (1er signe)
(1ere
Pâque, 2,13)
2,13-22 : Jésus et le Temple de
Jérusalem
2,23–3,21 : Jésus et Nicodème
2,23-25 :
Le séjour à Jérusalem (bilan et transition)
3,1-12 :
Le récit et le dialogue, Jésus et Nicodème
3,13-21 :
Le monologue de Jésus
3,22-36 : L’ultime témoignage de
Jean
3,22-30 :
Le récit et le dialogue, Jean et ses disciples
3,31-36 :
Le monologue de Jean
4,1-42 : Jésus en Samarie
4,1-4 :
L’arrivée à Samarie
4,5-30 :
Jésus et la femme samaritaine
4,31-38 :
Jésus et les disciples
4,39-42 :
Jésus et les Samaritains
4,43-54 : Jésus en Galilée
4,43-45 :
L’accueil en Galilée (transition)
4,46-54 : La guérison du fils d’un
fonctionnaire (2e signe)
5–6 : Les
signes et les discours
5,1-47 : La guérison, le conflit et
le discours de Jésus
5,1-18 :
La guérison (3e signe) et le conflit
5,19-47 :
Le discours sur l’œuvre du Fils
(2e Pâque, 6,4)
6,1-15 :
La multiplication des pains (4e signe)
6,16-21 :
La marche sur la mer (5e signe)
6,22-59 :
Le discours sur le pain de vie
6,60-71 :
Les réactions des disciples
La section de la
fête des Tentes 7,1–10,21 en 3 scènes
7,1-52 : Scène 1. La fête des
Tentes
7,1-13 : L’introduction. Montée à
Jérusalem
7,14-36 : Au milieu de la fête
7,37-52 : Le dernier jour de la
fête
[7,53–8,11 : La femme adultère]
8,12-59 : Scène 2. La
discussion continue
8,12-20 : La lumière du monde
et le témoignage
8,21-30 : Le départ, l’origine
et l’identité de Jésus
8,31-59 : Jésus, Abraham et l’hostilité
des Juifs
9,1–10,21. Scène 3. L’aveugle-né et la
métaphore du pâturage
9,1-41 : Le parcours de l’aveugle
de naissance (6e signe)
10,1-21 : La porte des brebis et
le bon pasteur
10,22-42 : La
dernière controverse avec les Juifs
10,22-39 : La fête de la Dédicace à
Jérusalem
10,40-42 : Jésus se retire au-delà
du Jourdain
11,1-44 : La mort et la
résurrection de Lazare (7e signe)
11,45-54 : Les autorités juives
décident de tuer Jésus
(3e
Pâque, 11,55)
11,55–12,36 : La dernière semaine de la vie publique
11,55-57 : L’approche de la Pâque
12,1-11 : L’onction à Béthanie
12,12-19 : L’entrée à Jérusalem
12,20-36 : La glorification par la
mort
12,37-50 :
Conclusion
12,37-43 : Le bilan du
narrateur. Le refus de croire, la peur
12,44-50 : Le dernier appel de
Jésus. L’invitation à croire
[3] Le livre de
l’Heure (la mort et la résurrection), 13–21
13–17 : Le repas d’adieu, les
discours et la prière
13,1-32 : Le lavement de
pieds et celui qui livrera Jésus
13,33–14,31 : 1er discours
d’adieu
13,33-38 :
Le départ et le commandement de l’amour
14,1-14 :
Connaître, croire, faire et demander
14,15-26 :
Aimer et demeurer du Paraclet et de Jésus
14,27-31 :
La paix et la joie au cœur de la crise
15–16 : 2e discours
d’adieu
15,1-8 :
Le vigneron, la vigne et le sarment
15,9-17 :
L’amour et l’amitié
15,18–16,4a :
La haine et la persécution
16,4b-15 :
Le départ de Jésus et la venue du Paraclet
16,16-33 :
La joie et la tristesse, le départ et le retour
17 : La prière d’intervention de
Jésus
18–19 : La Passion
18,12-27 : Jésus devant Anne, les reniements
de Pierre
18,28–19,16a : Jésus devant Pilate
19,16b-42 : La crucifixion, la mort
et l’ensevelissement
19,16b-22 : Le crucifiement
19,23-24 : Le partage des
vêtements
19,25-27 : Jésus, sa mère et
le disciple
19,28-30 : La mort de Jésus
19,31-37 : Le coup de lance
et le témoignage
19,38-40 : L’onction du
corps
19,41-42 : La sépulture
20–21 : Les
apparitions du Ressuscité
20,1-29 : Les apparitions à
Jérusalem
20,1-10 :
Marie de Magdala, les disciples au tombeau
20,11-18 :
L’apparition à Marie de Magdala
20,19-25 :
L’apparition aux disciples sans Thomas
20,26-29 : L’apparition aux
disciples avec Thomas
[20,30-31 : La première conclusion]
21,1-25 : L’apparition en Galilée
21,1-14 :
L’apparition au bord du lac (8e signe)
21,15-19 :
L’amour, la charge et le destin de Pierre
21,20-23 :
Le destin du disciple que Jésus aimait
[21,24-25 :
La deuxième conclusion]
[4] Les deux
conclusions
20,30-31 : Ce
qui a été écrit (pas tout) est un appel à croire
21,24-25 : Ce
qui a été écrit (pas tout) est un vrai
témoignage
3. La structure de quelques péricopes
Une péricope peut se structurer en chiasme, en parallèle ou
en unité. À titre d’exemple, voici la structure de quelques passages : le
Prologue 1,1-18, la péricope 18,28–19,16a, l’unité 17,1-8 et le chap. 17.
3.1. Structure de 1,1-18 : Le
Prologue
Le Prologue (1,1-18) a un genre littéraire particulier et peut
se structurer en deux parties : 1,1-13 et 1,14-18, marqué par la reprise
du terme Logos (le Verbe). En effet,
le terme Logos, 3 fois en 1,1, ne revient
qu’au verset 14 : « Le Verbe (Logos)
s’est fait chair ». Cette reprise présente un nouveau développement. Dans
la première partie (1,1-13), il y a des indices sur la présence du Logos dans le monde, par exemple le
témoignage de Jean Baptiste en 1,6-8 ; le Logos qui illumine tout homme (1,9) ; l’expression « ceux
qui l’ont reçu » (1,12, TOB) renvoie à ceux qui ont cru en Jésus. Les
verbes : « ne pas accueillir (ou paralanbanô) »
(1,11), « recevoir » (lambanô), « croire en son nom »
(1,12) sont utilisés dans l’Évangile pour parler de la foi en Jésus. Cette
présence du Logos ne s’oppose pas à
l’incarnation du Logos en 1,14,
puisque chaque partie (1,1-13 et 1,14-18) présente des aspects différents de la
mission du Logos-Jésus.
La première partie (1,1-13) est une présentation de la foi
chrétienne dans l’histoire du salut, du commencement à la fin des temps. Elle
est une confession de la foi chrétienne en Jésus-Christ, le Logos préexistant, venu dans le monde.
Face à Jésus, l’humanité se divise selon deux attitudes : l’accueillir ou
le refuser (1,10-13). La deuxième partie (1,14-18) décrit le Logos dans l’histoire concrète qui se
déploie dans la suite de l’Évangile. La première partie (1,1-13) est en quelque
sorte une introduction générale. La deuxième (1,14-18) est une introduction
particulière au récit de l’Évangile. Le Logos
qui s’est fait chair (1,14) nous raconte Dieu (1,18). Le dernier verset du
Prologue (1,18) s’ouvre sur la mission de Jésus. Ces deux parties (1,1-13;
1,14-18) sont liées entre elles et forment une structure en chiasme :
Structure de 1,1-18 :
Le Prologue
a. 1,1-2 :
Le Logos dans l’éternité avec Dieu
b. 1,3 : La méditation cosmique
du Logos
c. 1,4-5 : Le bienfait procuré
par le Logos
d. 1,6-8 : Le témoignage de Jean
e. 1,9 : La venue du Logos
dans le monde
F. 1,10-11 :
Le refus du Logos
F’. 1,12-13 :
L’acceptation du Logos
E’. 1,14 :
L’incarnation
D’. 1,15 : Le témoignage de Jean
C’. 1,16 : Les
fruits du mystère de l’incarnation
B’. 1,17 : La
médiation sotériologique du Fils
A’. 1,18 : Le Fils nous raconte Dieu
Le centre de cette structure (F : 1,10-11, F’ : 1,12-13)
met en opposition « refuser le Logos » (F)
ou « l’accueillir » (F’) de la part des hommes. L’option de « croire »
ou de « non-croire », de « venir à la lumière » ou d’« aimer
les ténèbres » va être abordée dans l’Évangile.
3.2. Structure de 18,28–19,16a :
Jésus devant Pilate
La péricope 18,28–19,16a est soigneusement construite. On
reconnaît deux structures possibles pour cette péricope : chiasme (concentrique)
et parallèle. Cette péricope est composée de sept scènes qui sont rythmées par
les allers-retours de Pilate, marquées dans l’espace par l’intérieur et
l’extérieur du prétoire. La structure concentrique met au centre l’unité du
couronnement de Jésus comme roi (19,1-3). Elle révèle donc le noyau du récit
qui est la royauté de Jésus. En revanche, cette structure ne fait pas ressortir
d’éléments parallèles plus subtils. La structure parallèle de cette péricope
paraît plus féconde. L’expression « alors donc » (tote oun) en 19,1.16a indique deux
conclusions dans le texte. La première (19,1) est l’unité du couronnement de
Jésus comme roi (19,1-3). C’est l’insigne de sa royauté. La deuxième en 19,16a
termine la péricope. En même temps, dans l’ensemble de la péricope, il y a des
éléments importants de telle sorte que les uns appellent les autres. Par
exemple : « se faire Fils de Dieu » (19,7) et « se faire
roi » (19,12) d’une part, « voici l’homme » (19,5) et
« voici votre roi » (19,14) d’autre part. De plus, l’unité 19,1-3
n’est pas simplement une conclusion mais elle introduit les scènes suivantes.
Nous proposons donc une structure qui considère l’unité 19,1-3 comme une
transition. Cette structure a pour but de révéler des éléments textuels qui
sont mis en parallèle. Les éléments au centre (C // CC) sont deux dialogues
importants entre Jésus et Pilate. Les dernières paroles de Jésus éclairent la
péricope entière. La structure de 18,18–19,16a est la suivante :
Structure de
18,18–19,16a : Jésus devant Pilate
18,28 : Introduction, circonstance
A. 18,29-30 : Dehors. Jésus, un homme a fait le mal
B. 18,31-32 : Dehors. Demande
la peine de mort
C. 18,33-38a : Dedans. Jésus et
Pilate : la royauté de Jésus
B’. 18,38b : Dehors.
Jésus : innocent
A’. 18,39-40 : Dehors. Barabbas et Jésus
19,1-3 :
Transition. Des insignes royaux
AA. 19,4-6 : Dehors. «
Voici l’homme ! », la royauté
BB. 19,6-8 : Dehors. « Se faire Fils de Dieu »
CC.
19,9-11 : Dedans. Jésus et Pilate : le pouvoir et le péché
BB’. 19,12 : Dehors. « Se faire roi »
AA’. 19,13-15 : Dehors. « Voici votre roi »
19,16a : Conclusion, Pilate livre
Jésus pour être crucifié
3.3. Structure de 17,1-8 : La
mission et la glorification
La première unité (17,1-8) du chap. 17 se structure en
parallèle, elle commence par l’introduction à la prière d’intervention (17,1a).
La suite du texte (17,1b-8) contient deux sous-unités. Dans la première
(17,1b-2), Jésus parle de lui à la troisième personne en tant que « le
Fils du Père » (17,1b-2), cette sous-unité est suivie par la définition de
la vie éternelle en 17,3. Dans la deuxième sous-unité (17,4-8), Jésus s’adresse
à son Père en « Je » (1ère personne). Cette intercession
adressée directement au Père est maintenue jusqu’à la fin du ch. 17. L’unité
17,1-8 est construite en parallèle (A, B, C, A’, B’) avec l’élément
central « C » en 17,3.
Structure de 17,1-8 :
La mission et la glorification
17,1a : Introduction
A. 17,1b :
Demande de glorification réciproque
B.
17,2 : Le pouvoir de donner la vie éternelle aux siens
C.
17,3 : Condition pour avoir la vie éternelle
A’.
17,4-5 : Demande de glorification réciproque
B’. 17,6-8 : Mission accomplie et
réussie
Le parallèle entre A (v. 1b) et A’ (v. 4-5) est la demande
de glorification réciproque entre le Père et son Fils (A) et entre Jésus et son
Père (A’). « L’heure est venue » est mise en parallèle avec l’accomplissement
de la mission de Jésus qui est conçue comme la glorification du Père (v. 4a).
Les sous-unités B et B’ sont en parallèle et ont pour objet le pouvoir de
donner la vie éternelle (B) et la réalisation de cette mission (B’). Jésus a
réussi dans sa mission de donner la vie éternelle (B) parce les siens ont
reconnu qu’il est sorti d’auprès du Père et ils ont cru que le Père a envoyé
Jésus (B’). L’élément central (C) est une définition de la vie éternelle
adressée indirectement à la communauté et au lecteur. La vie éternelle est
définie ici par le verbe « connaître » (ginôskô) qui implique le verbe « croire » (pisteuô).
3.4. Structure de Jn 17 : La
prière de Jésus
La prière d’intervention de Jésus dans le chap. 17 peut se
structurer en plusieurs unités. Ce chapitre est caractérisé par l’opposition entre,
d’une part, Jésus et les siens et d’autre part, le monde hostile et le Mauvais.
L’expression « l’Heure est venue » renvoie à sa Passion, c’est un
événement qui révèle l’hostilité de ses adversaires. « Le monde » en
17,14 est celui qui hait les disciples de Jésus. C’est dans ce contexte que
Jésus intervient pour les siens et non pas pour ce monde hostile
(17,9). Le thème de la connaissance est, lui aussi, important ; il
résonne dès le début comme une définition de la vie éternelle (17,3).
Cette connaissance est transmise aux siens par Jésus parce qu’il a reçu « le
pouvoir sur toute chair » et « la gloire » donnée avant que
le monde fût (17,5). En fait, l’autorité de Jésus et sa mission s’enracinent
dans l’amour du Père dès avant la fondation du monde même (17,24). En portant l’attention
sur le déroulement du récit, nous proposons la structure du chap. 17 en 5 unités littéraires :
Structure de Jn 17 :
La prière de Jésus
[1] 17,1-8 :
Demande de glorification, mission accomplie
[2] 17,9-13 : Les siens dans le
monde
[3] 17,14-19 : Le monde
hostile, la sanctification et la mission
[4] 17,20-23 : Croire – l’unité
– connaître
[5] 17,24-26 : Conclusion. La
gloire, l’amour, la connaissance
En résumé, nous avons présenté quelques exemples de la
structure d’une péricope ou d’une unité littéraire. Pour les autres textes de
l’Évangile de Jean, une partie ou une péricope
peut être structurée en chiasme, en parallèle ou en unité. Dans certains
passages, il existe plusieurs propositions de structure, cela montre que chaque
proposition a sa limite. Le lecteur est libre de proposer une structure qui
respecte le plus les données du récit.
III. Conclusion
Nous avons présenté une des propositions de la structure du
quatrième Évangile. Pour repérer les indices de la structuration, nous avons abordé
d’abord quelques éléments structurants, à savoir certains indices
topographiques ou thématiques, et ensuite les critères de la structure. La
structure générale et détaillée ainsi que la structure de quelques péricopes
proposées ci-dessus ont valeur de guide. La recherche de la structure aide le
lecteur à saisir le mouvement littéraire dans l’ensemble de l’Évangile ainsi
que dans chacune des péricopes. En réalité, la richesse du texte déborde la
structure proposée, il vaut mieux utiliser la structure comme un moyen pour
cerner le sens du texte et non pour renfermer ou limiter le sens du texte dans une
structure. L’essentiel est le respect des données du texte. Tous les éléments
textuels doivent être pris en compte par le lecteur dans l’interprétation.
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J., L’Évangile selon saint Jean (CNT(N) 4a/4b), 2 vol., Genève, Labor et Fides, 2007 (Jn
13–21); 2014 (Jn 1–12).
Source: http://leminhthongtinmunggioan.blogspot.co.il/2016/06/structure-de-levangile-de-jean.html
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