Article en vietnamien:
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Le 25 Janvier 2014.
Contenu
1. Introduction
2. “Jour” et “nuit”
3. Une journée de mission
a) Jour et nuit dans la mission de Jésus
b) Les ténèbres ne peuvent pas
saisir la lumière
4. Conclusion
1. Introduction
En parallèle avec le contraste “lumière – ténèbres” (voir
article: “Lumière
et ténèbres dans l’Évangile de Jean”), l’auteur de l’Évangile de
Jean utilise le couple correspondant: “hêmera (jour) – “nux (nuit)” pour exprimer sa théologie.
Cet article abordera les termes “jour” et “nuit” dans l’Évangile de Jean et présentera
la mission publique de Jésus comme une journée de travail.
2. “Jour” et “nuit”
Dans l’Évangile
de Jean, il y a 31 occurrences du terme “hêmera” (jour) en 1,39; 2,1.12.19.20;
4,40.43; 5,9; 6,39.40.44.54; 7,37; 8,56; 9,4.14; 11,6.9a.9b.17.24.53; 12,1.7.48;
14,20; 16,23.26; 19,31; 20,19.26. Le terme “nux” apparaît en 6 occurrences: 3,2; 9,4; 11,10; 13,30; 19,39; 21,3.
Les couples “jour (hêmera) – nuit (nux)” et “lumière (phôs) – ténèbres
(skotia)” se trouvent en deux endroits: 9,4-5 et 11,9-10. Jésus dit à ses disciples en 9,4-5: “4 Tant qu’il fait jour (hêmera), il nous faut travailler
aux œuvres de celui qui m’a envoyé; la nuit (nux) vient,
où nul ne peut travailler. 5 Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière
(phôs) du monde.” En 11,9-10, Jésus déclare aux disciples: “N’y a-t-il pas
douze heures de jour (hêmera)? Si quelqu’un marche le jour (hêmera), il ne bute pas, parce qu’il voit la lumière (phôs) de ce monde; 10 mais
s’il marche la nuit (nux), il bute, parce que la lumière (phôs) n’est pas en
lui.”
Ces citations
montrent que le contraste “hêmera” (jour) et “nux” (nuit) est employé avec le “phôs”
(lumière) et “skotia” (ténèbres). Tant que Jésus est encore présent dans
le monde, il fait jour (hêmera), le monde a encore la lumière. Quand Jésus entre dans sa
Passion, il fait nuit (nux), c’est l’heure du pouvoir des ténèbres (skotia).
Ainsi, la fonction du couple “jour” (hêmera) et “nuit” (nux) dans l’Évangile de Jean exprime
à la fois le temps d’une journée (jour et nuit) au sens propre et traduit la
théologie par le sens symbolique des termes.
3. Une journée de la mission
Le sens symbolique de “lumière et
ténèbres”, “jour et nuit” pose une question: La lumière du jour a vaincu l’obscurité
de la nuit ou la lumière est-elle vaincue par les ténèbres? La réponse dépend
du point de vue du lecteur. L’Évangile de Jean présente deux lectures des
événements. Les points de vues différents conduisent aux résultats opposés: (1)
Les ténèbres de la nuit ont réussi à éliminer la lumière du jour (le point de
vue des adversaires de Jésus). (2) La lumière a vaincu les ténèbres de la nuit
de manière définitive (le point de vue de Jésus et de l’auteur de l’Évangile).
L’analyse de ces positions aide le lecteur à saisir la présentation paradoxale
de l’Évangile de Jean à propos du symbole de la lumière du jour et de l’obscurité
de la nuit.
a) Jour
et nuit dans la mission de Jésus
Dans la réalité
historique, l’affirmation que les ténèbres ont éliminé la lumière et que les
ténèbres de la nuit ont vaincu la lumière du jour ne souffre pas de
contestation, car l’évidence même est que Jésus–lumière est mort sur la croix. En respectant cette donnée
historique, l’auteur de l’Évangile présente la mission de Jésus comme une
journée de travail. Il commence sa mission à l’aube du jour et cette mission se
termine à la fin de la journée.
En effet,
l’auteur écrit dans le Prologue de l’Évangile de Jean que le Logos (le Verbe) est
la lumière venue dans le monde (1,9). Le Logos s’est fait chair et il a habité parmi l’humanité (1,14). Ainsi,
l’aube de la mission de Jésus s’amorce dès le début de l’Évangile, dans le
Prologue (1,1-18). Jésus apparaît la première fois dans l’Évangile en 1,29, il
choisit ses premiers disciples et commence sa mission.
La mission de Jésus
atteint son point culminant en Jn 8–9. Dans le contexte du débat entre Jésus et
les autorités juives, Jésus déclare en 8,12: “Je suis la lumière du monde. Qui
me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie.” Dans
le ch. 9, Jésus ne parle pas à ses adversaires mais à ses disciples ainsi: “Tant
qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé; la
nuit vient, où nul ne peut travailler” (9,4). En Jn 8–9, deux fois, Jésus
affirme qu’il est la lumière du monde (8,12; 9,5). Par conséquent, ces chaptires
(Jn 8–9) se rapportent au milieu du jour de la mission de Jésus; ils se situent
à peu près au milieu du livre des Signes (Jn 1–12).
La vie publique de Jésus
se dirige vers sa fin dans les chapitres 11 et 12. Quand la lumière du jour est
en train de décliner, Jésus dit à la foule en 12,36a: “Tant que vous avez
la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir des fils de lumière.” En
13,1-30, il fait nuit, quand Judas quitte le dernier repas de Jésus et ses
disciples pour livrer Jésus. Le narrateur raconte en 13,30: “Aussitôt la
bouchée prise, il [Judas] sortit; il faisait nuit.” “Il faisait nuit” dans le
sens propre, en même temps, cette obscurité fait allusion au sens symbolique.
La nuit en dehors symbolise l’obscurité dans le cœur de Judas, parce qu’il est en
train de travailler à l’œuvre du pouvoir des ténèbres. En 18,3: “Judas donc,
menant la cohorte et des gardes détachés par les grands prêtres et les
Pharisiens, vient là avec des lanternes, des torches et des armes” pour arrêter
Jésus. Les détails “des lanternes, des torches” indiquent qu’ils viennent de
nuit. Ainsi, les œuvres ténébreuses se font dans l’obscurité de la nuit. Selon
l’Évangile de Jean, l’obscurité de la nuit symbolise la Passion de Jésus. La
lumière s’éteint donc quand Jésus “inclinant la tête, il remit l’esprit”
(19,30). (Cf. M. GOURGUES, En Esprit et en Vérité, Piste
d’exploitation de l’évangile de Jean, (Sciences Bibliques 11), Montréal,
Médiaspaul, 2002, p. 29-43).
b)
Les ténèbres ne peuvent pas saisir la lumière
Le fait historique est que Jésus est mort, mais l’Évangile
de Jean ne s’arrête pas là. L’auteur de l’Évangile propose une manière de
comprendre l’événement selon le point de vue de Jésus: la lumière a vaincu les
ténèbres. Ce triomphe ne s’appuie pas que sur le fait historique, mais il se fonde
sur la révélation de Jésus et de l’auteur. Le Prologue de l’Évangile a signalé
le triomphe de la lumière en 1,5: “La lumière luit dans les ténèbres et les
ténèbres ne l’ont pas saisie.” Dans son monologue en 3,13-21, Jésus parle
d’abord de l’amour de Dieu pour l’homme (3,16-17), et en second, il signale le
mauvais choix de l’homme d’aimer les ténèbres et haïr la lumière (3,19-20).
Au cours de sa mission, Jésus annonce plusieurs fois la
victoire de la lumière du jour sur le pouvoir des ténèbres. Une fois que son heure
est venue, c’est aussi l’heure de sa Passion qui est aussi l’heure de passer de ce monde vers le Père (13,1),
Jésus dit à la foule en 12,31: “C’est maintenant le jugement de ce monde;
maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors.” En 14,30-31a, Jésus dit aux
disciples à propos du pouvoir des ténèbres sur lui: “30 Je ne m’entretiendrai plus beaucoup
avec vous, car il vient, le Prince de ce monde; sur moi il n’a aucun pouvoir, 31 mais il faut que le monde reconnaisse
que j’aime le Père et que je fais comme le Père m’a commandé” (14,30-31a). Dans
la mort de Jésus, le Prince de ce monde est jugé (16,11) et à la fin du ch. 16,
Jésus affirme aux disciples en 16,33: “Je vous ai dit ces choses, pour que vous
ayez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage! J’ai
vaincu le monde.” De cette manière, dans le procès entre la lumière et les
ténèbres, Jésus–lumière a pleinement triomphé. Cependant, cette victoire est
présentée de manière paradoxale. Jésus triomphe du pouvoir des ténèbres par sa
propre mort sur la croix.
Selon l’Évangile de Jean, les deux forces “la lumière du
jour” et “l’obscurité de la nuit” ne se placent pas sur le même plan. La
présence des ténèbres existe dans le fait qu’on refuse la lumière. G. Stemberger
écrit: “Les ténèbres représentent l’état que
fait naître la liberté donnée par Dieu à l’homme, lorsqu’elle dit non à la
lumière divine. Les ténèbres sont donc un néant que l’on préfère à l’être de
Dieu, non pas quelque chose qui aurait une consistance propre, mais elles sont
négation” (G. STEMBERGER, La symbolique du
bien et du mal selon saint Jean, (Parole de Dieu), Paris, Le
Seuil, 1970, p.
46). En réalité, il n’y a pas d’opposition d’équivalence entre la lumière du
jour et les ténèbres de la nuit. Les ténèbres renvoient aux adversaires de
Jésus, ils refusent d’accueillir la lumière. En racontant l’événement
historique de la Passion de Jésus, l’auteur de l’Évangile invite le lecteur à reconnaître
le sens théologique de cet événement. Par la croix, Jésus passe de ce monde vers le Père et il est
glorifié par le Père. Ces affirmations établissent la victoire de la lumière du
jour.
Cette victoire une
fois pour toute est décisive. Quand Jésus est glorifié sur la croix, la lumière
a définitivement vaincu les ténèbres. Le pouvoir des ténèbres qui est le
diable, Satan et les adversaires de Jésus est totalement anéanti. (Voir partie
“Le
triomphe de la lumière sur les ténèbres” dans l’article: “Dans
l’Évangile de Jean, à quoi sert le symbole de la lumière?”
4. Conclusion
L’auteur de l’Évangile de Jean présente la révélation
théologique en racontant les récits. À travers les détails dans la narration,
l’auteur communique au lecteur le sens théologique des événements. Donc, il vaut
mieux lire le récit sur ces deux niveaux: historique et théologique. Sur le
plan historique, le pouvoir des ténèbres a éliminé la lumière du monde en
condamnant Jésus à mort. Sur le plan théologique, l’heure de sa mort sur la
croix est l’heure de sa glorification; l’heure de son retour auprès du Père;
l’heure de sa victoire définitive sur le pouvoir des ténèbres. En réalité, ces
deux plans (historique et théologique) co-existent. C’est pour cela que le
procès entre “la lumière du jour” et “les ténèbres de la nuit”, présenté dans
l’Évangile de Jean, a perduré dans la communauté johannique du premier siècle
et ce procès se poursuit toujours dans l’histoire de l’humanité.
Jésus est la lumière du monde, sa venue place l’humanité
devant un grand procès entre “la lumière du jour” et “les ténèbres de la nuit”.
Chaque personne au cours de l’histoire et dans l’espace et le temps doit choisir
son camp dans ce procès. C’est le choix entre “venir à la lumière” (3,21) ou
“aimer les ténèbres” et “haïr la lumière”; entre appartenir à Dieu (8,47) ou
appartenir au diable (8,44). Dans cette perspective, la lumière et les ténèbres
sont deux piliers pour construire la théologie de l’Évangile de Jean. À travers
les thèmes: “lumière et ténèbres”, “jour et nuit”, l’amour et le dessein salvateur
de Dieu se manifestent. En même temps, dépendant de la réponse de chaque
personne (accueillir ou refuser la lumière) que l’homme est sauvé ou perdu.
Avec les images ordinaires: “la lumière du jour” et “l’obscurité de la nuit”, l’invitation de
l’Évangile de Jean concerne tout homme. L’objectif de cet Évangile est une
proposition à croire en Jésus. L’auteur conclut en 20,30-31: “30 Jésus a fait sous les yeux de ses
disciples encore beaucoup d’autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce
livre. 31 Ceux-là ont été mis par écrit, pour que vous
croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous
ayez la vie en son nom.”
Ainsi, l’Évangile tout entier est une invitation à “venir à la lumière” (3,21),
à “croire en la lumière” (12,36) et à “marcher dans la lumière” (8,12; 11,10) pour
“avoir la lumière de la vie” (8,12).
L’Évangile de
Jean invite le lecteur à respecter le fait historique: Celui qui donne la vie
est mort sur la croix. À travers cet événement, le lecteur peut saisir la
vérité de la révélation et confesser sa foi comme Thomas a fait devant Jésus
ressuscité: “Mon Seigneur et
mon Dieu!” (20,28). Selon la théologie johannique, le fait de reconnaître Jésus
qui est mort sur la croix, qui est ressuscité, qui est Seigneur (kurios), qui
est Dieu (theos), est
une preuve évidente de la victoire de la lumière du jour sur les ténèbres de la
nuit./.
Source: http://leminhthongtinmunggioan.blogspot.com/2014/01/jour-et-nuit-dans-levangile-de-jean.html
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