14/09/2015

Jn 2,1-12 : Traduction et notes



Artilce sur Jn 2,1-12: Le signe de l’eau devenue bon vin à la noce de Cana



TRADUCTION


2,1-12 : Le signe de l’eau devenue bon vin à la noce de Cana


1 Et le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée, et la mère de Jésus était là. 2 Jésus aussi fut invité à la noce, ainsi que ses disciples. 3 Comme le vin manquait, [1] la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » 4 [Et] Jésus lui dit : « Qu’y a-t-il pour moi et pour toi, femme ? [2] Mon heure n’est pas encore venue. » 5 Sa mère dit aux serviteurs [3] : « Quoi qu’il vous dise, faites-le. » [4]

6 Or il y avait là six jarres [5] de pierre, destinées aux purifications des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures. [6] 7 Jésus leur dit : « Remplissez d’eau les jarres » ; et ils les remplirent jusqu’au bord. 8 Il leur dit : « Puisez maintenant et portez (-en) au maître du repas. [7] » Ils (lui en) portèrent.

9 Lorsque le maître du repas eut goûté l’eau devenue vin [8] et il ne savait pas d’où il venait, tandis que les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l’eau. Le maître du repas appelle le marié 10 et lui dit : « Tout homme sert d’abord le bon vin et, quand ils sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. » 11 Tel est le commencement des signes que fait Jésus à Cana de Galilée ; et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.

12 Après cela il descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa mère et [ses] frères et ses disciples, et là, ils ne demeurèrent pas beaucoup de jours.


NOTES

[1] « Comme le vin manquait ». Cette version courte attestée notamment par P66 P75 est sans doute originale par rapport à la version longue : « Et ils n’avaient pas de vin, car le vin des noces était épuisé » attestée dans א* a j syhmg (b ff2 r1). Boismard*, III, p. 101 opte pour la version longue.

[2] « Qu’y a-t-il pour moi et pour toi, femme ? » La phrase grecque : « ti emoi kai soi, gunai ? », littérale : « Quoi à moi et à toi, femme ? », est une translittération d’un idiotisme hébraïque : « ma li walak ». Dans la Bible, cette formule du langage diplomatique (cf. Ps 12 ; 31 ; Ne 9,16-37 ; Ba 3,1-8) met en question le lien qui existe entre deux partenaires, soit pour indiquer une rupture (Jos 22,25 ; 2 R 3,13), soit pour insister sur un point de divergence (Jg 11,21 ; 2 S 16,10…), (cf. Léon-Dufour*, I, 227). Il existe plusieurs propositions (au moins cinq) en français : « Qu’est-ce que c’est pour moi et pour toi, femme ? » (Delebecque) ; « Qu’est-ce de moi à toi, femme ? » (Jeanne d’Arc) ; « Que me veux-tu, femme ? » (TOB ; Osty ; Zumstein*, I, 93) ; « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? Femme,… » (Léon-Dufour*, I) ; « Ne t’en mêle pas, femme ! » (Marchadour*, 2011, 75).

[3] Nous traduisons le terme grec diakonos par « serviteur » et non pas par « servant » comme dans la traduction de Osty et BiJer. Ce terme n’apparaît qu’en 3 occurrences dans l’évangile de Jean (2,5.9 ; 12,26). En 12,26, ce terme désigne les disciples, Jésus leur dit : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur (diakonos). Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera ». Un autre terme grec doulos (11 fois dans l’évangile de Jean) signifie « serviteur » (4,51; 13,16) ou « esclave » (8,34.35). Jésus utilise ce terme pour parler aussi des disciples en 15,15 : « Je ne vous appelle plus serviteurs (doulous), car le serviteur (doulos) ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (BiJer).

[4] « Quoi qu’il vous dise, faites-le. » Dans le texte grec, le verbe « dire » est conjugué au subjonctif. Cette parole exprime donc une éventualité que seul Jésus détermine et non pas un ordre fondé sur une évidence comme la traduction : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Osty). Jn 2,5 // Gn 41,55 et Ex 19,8.

[5] « Jarre (hudria) ». Le mot grec hudria a la même racine que le terme hudôr (eau), hudria désigne donc une « jarre à eau », ou une « cuve d’eau ». En 4,28 le terme hudria est utilisé mais la matière n’est pas précisée, on traduit souvent par « une cruche » ou « une cruche d’eau ».

[6] « Contenant chacune deux ou trois mesures ». Une mesure est d’environ 40 litres. Le contenant de 6 jarres est entre 480 et 720 litres, symbolisant ainsi la surabondance de l’intervention de Jésus par la suite.

[7] « Le maître du repas (architriklinnos) ». Ce titre qui n’apparaît qu’en 3 occurrences en Jn 2,8.9a.9b est un Hapax du NT. Ce terme peut se traduire par « l’intendant » (Osty) ; « l’intendant du festin » (Léon-Dufour*, I) ; « le maître du festin » (Jeanne d’Arc) ; « le chef-de-repas » (Simoens*, I) ; « le maître d’hôtel » (Delebecque).

[8] « L’eau devenue vin » (to hudôs hoinon gegenèmenon). Le texte ne dit pas que l’eau a changé en vin comme dans la traduction de BiJer : « l’eau changée en vin » (2,9). Il s’agit du verbe grec ginomai (devenir) conjugué au participe parfait de la voix passive à l’accusatif : gegenèmenon.


Email: josleminhthong@gmail.com


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